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Kabbadias, Panagiōtēs
Fouilles d'Epidaure (Band 1) — Athen, 1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.4728#0004
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,; Ι Ν Τ R Ο D U C Τ Ι Ο Ν

trine avec un couteau, en retirait les sangsues, les lui remettait entre les mains et lui recousait la poi-
trine. Quand le jour parut, il sortir, les sangsues dans les mains, et fui depuis ce moment guéri». -Une fem
me souffrait d'un ver intestinal : connue les médecins désespéraient de la guérir, elle alla s'endor-
mir dans Γ Asclépieion de Trézène : il lui sembla que les iils du dieu lui coupaient la tète, et, plongeant
ensuite la main dans le corps, en retiraient le ténia. Mais cela l'ait, ils ne purent parvenir à rajuster la,
tète sur le buste de la femme. 11 fallut en toute hâte dépêcher à Épidaure et prier Esculape de venir
réparer la maladresse de ses fils. Le dieu accourt, gronde ses enfants imprudents, qui ont, voulu faire plus
queue comportait leur science ; puis il remet en place la tête décapitée, après quoi la, femme se trouva
guérie. Ces incriptions nous racontent aussi comment Esculape guérit les aveugles et, les boiteux ; quels
sont les remèdes qu'il emploie contre la goutte ou la migraine ; comment il rend la voix aux muets, la
saute a ceux qui sont atteints de blessures incurables; comment il guérit ceux ipii sont tourmentés de la
lèpre ou de la vermine ; comment enfin il exauce les vœux des femmes stériles et délivre celles qui souf-
frent <Γ une grossesse trop prolongée.

Il ne faut donc pas attribuer la réputation de ce sanctuaire d' Esculape à la, médecine pratique
qu'exerçaient les prêtres de ce dieu, ni même à Γ influence climatérique ύα lieu. Le climat d'Épidaure, en
effet, est assurément bon et salubre, mais à ce point de vue il d' offre rien d'extraordinaire relativement
aux autres endroits de la, Grèce. La réputation de ce sanctuaire vient donc de la crédulité des hommes
au miracle. La cause de Γ origine et de la réputation de ce sanctuaire est donc absolument la même (pie
celle, par exemple, de la réputation du monastère de Tinos. En effet, quant on lit ces inscriptions, on croit
entendre les légendes (pii circulent aujourd' Lui encore parmi les pèlerins de Tinos; on croit lire quelque
récit des miracles delà Madonne ou de la Vie des Saints ; on pourrait même dire que beaucoup de lé-
gendes du christianisme ont leur prototype dans les guérisons miraculeuses d' Esculape, conservées pât-
ées inscriptions d' Épidaure, quej' ai eu le bonheur de découvrir. La crédulité des hommes n' a guère dimi-
nué depuis tant de siècles !

On conçoit aisément que ces μ-uèrisons miraculeuses, si renommées dans toute la Grèce, aient attiré
au sanctuaire d' Ksculape une nombreuse clientèle. 1)' autre part nous savons qu' Esculape ne rendait point
gratuitement ses services; il tenait à ses honoraires et quelquefois il en demandait d' assez considérables.
On cite une cure merveilleuse qu'il fit payer environ 60,000 franCs ! Lue telle affluence d' étrangers à
Épidaure (''tait alors un revenu important pour la caisse du temple; c' est ainsi que les administrateurs de
la caisse du dieu ont pu faire bâtir des monuments splendides et somptueux destinés à embellir le sanctu-
aire et par suite à augmenter le nombre des clients de cette divinité,en leur rendant plus agréable le séjour
dans le sanctuaire.

Vers la fin du Y1' siècle, 1•' sanctuaire d' Épidaure paraît avoir commencé à atteindre à sa prospérité.
C est à cette époque ou, pour mieux dire, de la fin du V au commencement du IV* siècle, que fut con-
struit le temple d' Esculape, magnifique édifice qui (''tait orné de superbes sculptures et qui contenait la
statue chryséléphantine du dieu. Ce temple achevé, on construisit un grand théâtre, le plus beau de la
Grèce, et la Tholos, magnifique édifice circulaire. L' Abaton paraît remonter à la même époque, C est
probablement vers la fin du IVe siècle que fut élevé un autre temple consacré à Artemis. Mais, pour se
faire une idée complète de la splendeur du sanctuaire, il faut aussi se rappeler que, outre ces édifices prin-
cipaux, il y avait aussi des édicules construits en Γ honneur de Vénus, de Thémis et d'Apollon Maléatas,
un stade, une fontaine, dont on admirait la toiture et les autres ornements, enfin un grand nombre d' é-
difices, surtout des maisons pour les prêtres et pour les hôtes du dieu ; il faut aussi songer A une pro-
fusion d' ex-voto qui décoraient le sanctuaire, c' est à dire à, un grand nombre de statues, d' inscriptions,
d'autel, d' exèdres etc. Ces œuvres (Γ art abondaient partout dans le sanctuaire et principalement tout
autour des temples et des édifices sacrés.

/ Telle était, la splendeur et la richesse du sanctuaire d' Épidaure au IVe siècle et aux siècles suivants ;
mais, avec le temps, quant la foi diminua et que laclientèle du sanctuaire commença à douter du pou-
voir merveilleux d' Esculape, les prêtres, ne pouvant plus se borner à des guérisons complètement miracu-
leuses, obtenues par des visions et pa,r des songes, se virent obligés, pour sauvegarder la réputation du
temple, d' appliquer aux malades les ressources de la médecine proprement dite, qu'ils avaient apprise par
la tradition et Γ expérience. C est ce que prouve une curieuse inscription d'époque romaine, que j'ai
trouvée dans les fouilles du sanctuaire. 11 y est question d' un Julius Apelles qui, étant affligé de dyspe-
psie, fut soumis à un traitement, dont voici les prescriptions principales: Ne jamais se mettre en colère;
se soumettre à un régime spécial composé de fromage, de pain, de persil, de laitue, de morceaux de citron
bouillis dans de Γ eau, de lait mélangé avec du miel ; il lui était aussi ordonné de courir dans le gymnase,
de se balancer, de se frotter le corps de poussière, de se promener nu-pieds, de prendre un bain chaud après
avoir versé du vin sur le corps, de se laver et se frictionner soi-même sans oublier de donner
pour la peine une drachme au baigneur, de se frotter de sel et de moutarde, et enfin, ce qui est capital,
 
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