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Tawaddud Abī Naẓẓāra: ǧarīda siyāsīya adabīya — Paris, 1901

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https://doi.org/10.11588/diglit.62016#0004
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Dixième année

FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANUA ABOÜ NADDARA
43, Rue Richer, PAMS

L’Attawadod d’Abou Naddara |
En Français, en Arabe, en Turc et en Persan.

N° 1. — Mars 1901

ABONNEMENTS :
Un Au. 15' »
Avec le Journal d’Abou
Naddara et L’Almonsef. 26 »

CONQUÊTE DU DARFOUR
Ces gentils incendiaires de fermes boers font démentir, à chaque ins-
tant, leur intention, pourtant bien arrêtée, d’occuper le Darfour. Chacun
sait çà, mais avec eux, il y a toujours anguille sous roche et le jour ne
tardera point à luire où les braves et bons enfants du pays nilotique se
mettront en marche pour la plus grande gloire de la plus grrrande des
Bretagnes.


Le rusé Statin Pacha vient d’arriver à Darfour, venant tout de go
d’Omdurman et il confère avec Aly Dinar qui n’en peut mais.
Donc bientôt Statin annoncera à la vieille Albion de nouveaux succès
remportés avec la fameuse cavalerie de St-Georges.
Cette victoire certaine reposera toujours un peu nos bons voisins de
leurs rossées au pays des mines où la fièvre les mine et les tue pres-
qu’aussi sûrement que les carabines des valeureux Boers.
De Saint-Bonnet.

DorÉnauant nous traduirons en anglais les articles pouvant faire connaître à S. M. Edouard VU et à ses sujets les souffrances
des peuples d’Orient soumis à la domination britannique. Abou Naddara.

Plutôt la mort que combattre pour les tyrans.
Et le Cheikh Abou Naddara parle ainsi à ses frères d’Orient et leur dit :
J’ai rêvé et voilà que j’étais devant Edouard VII, roi des envahisseurs
de ma patrie bien aimée.
Vénérable était sa figure et ses yeux avait des regards de bonté.
Il me fit un accueil bienveillant et me traita avec égards.
Il tenait le dernier numéro de mon humble journal dans sa noble main
et lisait à haute voix mon élégie sur sa défunte mère, la Reine Victoria.
Comme il écrit avec douceur ce vieux poète égyptien! j’ai entendu Sa
Majesté s’écrier,
Puis m’apercevant, Elle dit :
— Qui est-tu, ô homme de l’Orient? Ta figure ne m’est pas étrangère. Je
t’ai vu, il y a longtemps; mais où, je ne m’en souviens pas.
— Au Caire, dans ma ville natale, répondis-je, tu m’as vu en 1868.
— Oh ! me dit-il ; je m’en souviens. Ce fut le Khédive Ismaïl qui te présenta
à moi en disant : « Voici notre Molière égyptien ».
— J’étais alors auteur dramatique, dis-je; mais aujourd’hui.
— Qu’es-tu aujourd'hui, homme? Parle.
1 — Je suis le rédacteur de la feuille patriotique que tu honores en y jetant
1 tes regards royaux.
— Ah ! Est-ce possible ! Es-tu en vérité ce Cheikh Abou Naddara qui maudit
mon peuple et appelle la colère divine sur nous ?
— Je ne suis pas l’ennemi de la nation britannique ; mais du méchant Gou-
vernement de Ta Majesté qui envoie aux pays orientaux des ministres rusés
i et de cruels soldats pour envahir leurs demeures et remplir leurs terres de
ruine et de désolation.
— Que tu es ingrat, ô homme! Tes compariotes n’ont jamais été aussi
heureux et libres qu’ils le sont depuis notre occupation de la Vallée du Nil.
Ton Khédive Abbas a dit cela à moi et à tous mes ministres.
— Pauvre Khédive! Que Dieu ait pitié de lui! C’est Lord Cromer qui
i l’oblige de parler ainsi à Ta Majesté par des menaces de déposition.
— Mais j’ai eu beaucoup d’adresses de sincères remerciements signées par
tous les Pachas, les Beys, les Effendis, les Ulémas et les Cheikhs d’Egypte à
ma mère bien-aimée, dont tu célèbres les vertus dans ton journal. Tes frères
ne sont donc pas de ton opinion. Les Soudanais aussi sont reconnaissants à
nous qui les avons délivrés de la tyrannie des Mahdis et des Derviches.
— Les malheureux ! Eux aussi sont obligés de signer ces fausses adresses
de remerciements. OhJ si tu pouvais les entendre, ô noble Roi! ton cœur
royal serait touché de pitié et tu te joindrais à eux et à moi pour appeler
les malédictions du ciel sur les représentants civils et militaires du Gouver-
■ nement britannique à l’étranger. Oh ! les enfants de l’Egypte et du Soudan
f ne sont pas les seules créatures infortunées qui gémissent sous le joug
l| d’Albion, les Indiens aussi souffrent sous la domination de la Grande-Bre-
tagne.
— Je voudrais voir nos sujets égyptiens, soudanais et indiens et entendre
, leurs plaintes en présence de mes ministres.
— Dieu est tout-puissant. Il peut faire ce miracle pour Ta Majesté et tu
' connaîtras qui sont les coupables et les innocents.
Et j’ai dormi et rêvé la seconde fois, et voilà que j’étais de nouveau devant
le Pharaon de l’Angleterre.
A sa droite et à sa gauche, j’ai vu Lord Salisbury et M. Chamberlain, et voilà
I que derrière moi, debout, se tenaient l’Egyptien, le Soudanais et l’Indien.
■ J ai parlé alors au Roi et lui ai dit ceci :
Jette un regard bienveillant sur ces trois fidèles croyants qui sont devant
। toi, ô aimable»Roi, et vois comme ils sont tristes et maigres !
Et maintenant daigne prêter une oreille compatissante à leurs paroles
afin qu’ils puissent convaincre Ta Majesté de l’aflreuse misère à laquelle les
I réduisent ceux que tu envoies pour les civiliser et les guider dans le sentier
I de la prospérité et du bonheur.
Le Roi Anglais se tourna alors vers Salisbury et Chamberlain et leur
, parla ainsi :
— Vous voyez devant vous, le Cheikh Abou Naddara qui trouva grâce à
: mes yeux, il y a trente-deux ans en Egypte et qui touche mon cœur aujourd’hui
PARIS. IMP.G. LEFEBVRE, 5 i 7, RUE CLAUDE VELLEFAUX.

We prefer death to fighting for tyrants.
And Cheikh Abou Naddara, the Egyptian exile, spake to his Eastern
brethren and said unto them :
I dreamed ; and behold, I stood before Edward the seventh, king of the
invaders of my beloved fatherland.
Venerable was his face and his eyes had looks of bounty.
I found favour in his sight and he dealt kindly unto me.
He held the last number of my humble paper in his noble hand and read
loudly my elegy upon his late mother, Queen Victoria.
« How sweetly doth he write,thatjoldEgyptian poet !» I heard His Majesty
exclaim.
Good Edward ! then percieving me, said :
« Who art thou, o man of the East? Thy face is not strange unto me. I
daw thee long ago, but where, I wot not.
— In Cairo, my native city, answered I, thou hast seen me, in i869.
« Oh! said he unto me ; I remember. It was Khedive Ismaïl who intro-
duced thee to me saying : «This is our Egyptian Molière. »
I was then a dramatic author, said I, but today, lam...
— What art thou today, man ? Speak.
— 1 am the writer of that patriotic paper thou hast honoured by casting
thy royal looks upon.
— Ah ! Is that possible ? Art thou indeed that Cheikh Abou Naddara who
curseth my people calling God’s wrath down upon us ?
— I am not an enemy to the British nation, but to the wicked Govern-
ment of thy Majesty who sendeth forth to the Eastern countries ministers
of cunning mind and cruel soldiers to invade their homes and fill the land
with black ruin and desolation.
— How ungrateful thou art, O man ! Thy countrymen were never so
free and happy as they are today since we have occupied the Valley of
the Nile. Tny Khedive Abbas said this unto me and unto all my ministers.
— Poor Khedive ! May God have mercy upon him ! Itis Lord Cromer who
obligeth him to speak thus unto thy Majesty by threats of deposition.
— But I saw many an adress of sincere thanks, undersigned by all the
Pashas, Beys, Effendies, Ulemas and Cheikhs of Egypt, to my beloved
Mother, whose vertues thou extollest in thy paper. Thy brethren are not of
thine opinion. The Soudanians too are grateful to us who have delievered
them from the tyranny of the Mahdis and Dervises.
— Poor and unhappy people ! They too are bound to sign those false
addresses of thankfulness. Oh ! couldestthou but hearthem, noble King ! thy
royal heart would be touched with pity and thou would’st join them and
me and call God’s curses upon the civil and military representants of the
British government abroad, Oh ! The sons of Egypt and of the Soudan
are not'the only miserable creatures who moan unier the yoke of Albion ;
the Indians too suffer under the rule of Great Britain.
— I should like to see our Egyptian, Soudanian and Indian subjects and
hear their complaints in the presence of my ministers.
— God is Almighty. He can do this miracle for thy Majesty, and thou shalt
know who the guilty are and who are the innocent.
And I slept and dreamed the second time, and, behold, I stood again before
the Pharoah .... of England.
On his right and on his left I saw Lord Salisbury and Mr Chamberlain, and
behold, near me stood the Egyptian, the Soudanian and the Indian.
I then spake to the King and thus said unto him :
Cast a benevolent look on these, three faithful believers who stand before
thee, o kind hearted King and see how ill favoured and leanfleshed they are.
And now I pray thee to lend a compassionate ear unto their words,
that they might convince thy Majesty of the awful misery to which reduce
them those whom thou sendest to civilise them and lead them in the path
of prosperity and bliss.
The English King then turned to Salisbury and Chamberlain and spake
thus unto them :
« Ye see before you Cheikh Abou Naddara who found grace in my sight
thirty two years ago in Egypt and touched my heart today by the
Le Gérant ; G. Lbfzbvrb
 
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