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Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Editor]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Editor]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0165
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nos yeux sont déjà habitués. Nous passons près d'une grande citerne creusée dans le roc et nommée le
Puits du Sultan ou de Salomon, mais qui est, quel que soit son nom, un spécimen imposant des éta-
blissements d'utilité publique du peuple hébreu. Tout ce grand plateau, rocailleux jusqu'à Bethléem
et au delà, est creusé en plusieurs endroits de la même manière, car l'approvisionnement de l'eau était
de première nécessité à l'époque où la contrée nourrissait une population considérable. En allant à cette
citerne, on nous montre un rocher sur lequel le prophète Jérémie se reposait et qui a conservé l'em-
preinte profonde de son corps. Ces inventions perdent le caractère primitif et naïf des traditions po-
pulaires : elles sont insipides et elles inspirent le dégoût. Heureusement qu'en ce pays tout n'est pas
invention frauduleuse.

JÉRUSALEM (Planche LXXI, i58).

12 et 13. Tombeau de Rachel.

Ainsi, un peu plus loin, nous voyons un petit monument funéraire de construction arabe, qui est
charmant dans sa forme architectonique, et qui reste respectable dans sa tradition. Rachel mourut et
fut enterrée sur le chemin de Bethléem, dit la Genèse, et depuis des siècles le respect s'est fixé sur ce
lieu, quelle qu'ait été la forme du sépulcre. Celte forme, je le répète, est un modèle charmant de tombeau
isolé; il appartient à la bonne époque de l'architecture arabe, bien que des restaurations et des badi-
geonnages successifs l'aient plus déparé qu'embelli.

BETHLÉEM (Planche LXXÏ, i59)
Vue générale de ïéglise et de la ville.

Bethléem, la ville de la Genèse, est aujourd'hui un grand village. Ses industrieux habitants vivent du
travail des petits objets en nacre et en autres matières, que les pèlerins achètent pour les distribuer
à leur retour dans leurs foyers. On y compte sept à huit cenls Turcs et quinze cents catholiques; le reste
de la population, presque aussi nombreuse, se compose de Grecs et d'Arméniens schismatiques. La race
y est remarquablement belle; les hommes, vigoureux, alertes, à la physionomie éveillée; les femmes,
d'une beauté solennelle; les filles, de vrais types de madones. On y rencontre aussi (c'est moins beau et
infiniment moins respectable), un résidu d'Italiens qui se prétend la descendance directe des croisés
et qui, pour preuve de cette brillante origine, parle un mauvais patois, dit langue franque. Ces gens
vivent du passage des étrangers , faisant le métier de cicérone et autres métiers.

BETHLÉEM (Planche LXXV, 160).

Vue intérieure de l'église de Sainte - Hélène.

La basilique de Sainte-Marie ou de la Nativité a été bâtie par l'impératrice Hélène, au commence-
ment du quatrième siècle, au-dessus de la grotte où l'on dit que naquit Jésus-Christ. Est-ce dans une
grotte, où les bestiaux pouvaient difficilement être gardés? est-ce dans l'étable, contiguë à l'auberge, que
ce grand fait eut lieu? je ne m'en inquiète guère, du moment où le doute n'est pas permis sur l'empla-
cement que l'église occupe, et j'accepte, dans cette sécurité, toutes les légendes que les moines ont
réunies et accumulées pour leur plus grande commodité.

Cette magnifique église, dans la forme antique des basiliques, est soutenue par quatre rangées de
colonnes monolithes qui laissent entre elles cinq longues nefs, celle du milieu aussi large que les deux
nefs latérales réunies. Les deux bras de la croix se terminent en absides demi-circulaires qui marquent
leurs formes à l'extérieur. Cette église, disposée en forme de croix et terminée en rond-point sur ses
trois branches supérieures, a une double rangée de douze colonnes de chaque coté de la grande nef.
Au-dessus des colonnes est un entablement en bois qui, dans la nef centrale, est surmonté d'une
muraille percée de fenêtres. Les surfaces planes étaient couvertes de mosaïques, œuvre d'un artiste
byzantin qui, dans une inscription dont il reste une partie en place et qui a été copiée en totalité par
Quaresmius, nous apprend qu'il se nomme Ephrem, et qu'il a exécuté en 1169 ce grand travail, sous

le règne de Manuel Porphyrogenète à Constantinople, et d'Amaury à Jérusalem. Composition, style,

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