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talent, tout entre exactement dans le moule byzantin, ni meilleur ni plus mauvais. Des dorures et des
peintures sur les poutres saillantes du plafond, des restes de marbres incrustés dans les murs, des
fragments du riche pavé, tout un soin précieux dans l'exécution et une rare magnificence dans le choix
des matériaux, laissent une impression de respect, même au milieu du délabrement et des dévastations
journalières d'un scandaleux abandon. Le maître-autel était à l'intersection de deux branches de la
croix; de chaque côté il y avait des escaliers pour descendre dans la grotte. Là, il y a un autel sur
la place de la naissance, un autre sur la crèche et un troisième sur la place de l'adoration des mages.
BETHLÉEM (Planche LXXV, 161).
Peintures a fresque dans l'église de Sainte - Hélène.
Les quarante-six colonnes de style corinthien qui soutiennent le plafond de celte église sont mono-
lithes, d'un calcaire veiné qui prend le poli du marbre, et sur cette douce matière un artiste grec,
encore imbu des belles traditions antiques, comme celui qui peignit les murs intérieurs du Parthénon,
traça de grandes figures au type sévère, au costume admirablement drapé, et qui encore aujourd'hui,
lavées avec une éponge, paraissent aussi fraîches que si elles venaient d'être peintes.
L'église de Bethléem appartenait autrefois exclusivement aux Latins, mais aujourd'hui ils en sont
presque entièrement chassés. Les Grecs ont pris toute l'église supérieure; ils ont fermé par un mur la
grande nef, à la naissance de la branche transversale de la croix, de manière que toute la partie
inférieure et les doubles colonnades deviennent inutiles et sont séparées du reste de l'église. Le
maître-autel des Grecs occupe tout le rond-point de la nef centrale, et il est très-richement orné. Dans
sa partie inférieure sont six tableaux parfaitement bien encadrés (je ne parle pas du mérite des pein-
tures); dans la partie supérieure s'étendent des boiseries sculptées d'un travail considérable (je ne
parle pas de leur style), et tout en haut une autre série de quatorze tableaux.
BETHLÉEM (Planche LXX1V, 162).
Vue prise dans la chapelle de la Nativité.
Dans le rond-point de la nef latérale de gauche est l'église des Arméniens. C'est l'endroit où les Mages ,
dit-on, laissèrent leurs chameaux. I/autel érigé sur le lieu de la naissance appartient aux Grecs; ils y
entretiennent des lampes constamment allumées. Les Latins possèdent les autels de la croix et de l'ado-
ration, qui occupent toute la grotte. Chaque communion entretient des lampes dans ses sanctuaires, et les
Latins avaient tapissé les parois du rocher avec de riches étoffes de soie brodée. Aujourd'hui, faute d'ar-
gent pour les renouveler, elles tombent en lambeaux; mais ils préfèrent ces loques dégoûtantes aux bril-
lantes peintures grecques qui couvriraient aussitôt ces parois s'ils abandonnaient ce sanctuaire à leurs
rivaux.
Comme les Latins n'ont plus l'église supérieure, ils pénètrent dans la grotte par une galerie taillée dans
le roc où l'on montre les tombeaux des Innocents, de sainte Paule, de sainte Eustochie, et la retraite
de saint Jérôme. Ici, comme à Jérusalem, comme partout où l'oisiveté des moines devient inventive,
mille traditions puériles; je remarque sur l'une des colonnes de l'église cinq petits trous en forme de
croix: on me dit que c'est l'empreinte des doigts delà Vierge!
De Bethléem on va voir, à une lieue de distance, les piscines de Salomon ou de David. Je ne sais trop
quel nom leur assigner, et la tradition n'est pas ferme sur ce point. Un canal part de ces piscines, et les
gens disent qu'il portait l'eau au temple de Salomon: je ne ferai pas à ce conte l'honneur de l'appeler une
tradition. Ces piscines, creusées dans le roc, au fond d'un ravin, au nombre de trois, s'échelonnent
les unes au-dessus des autres et communiquent entre elles. Près de la plus élevée est la fontaine, source
abondante qui les alimente; à côté se dresse un vieux château fort.
Deux couvents, dans les environs de Bethléem, méritent d'être visités. Nous allons d'abord à Saint-Jean,
situé au nord-ouest, à trois lieues de distance. On passe près d'un gros arbre, espèce de frêne, sous le-
quel, dit-on, Marie se reposait en allant à Jérusalem. 11 croît au milieu d'une vallée charmante, qui
montre trois petits villages groupés sur les hauteurs et partout des champs plantés de rosiers. Le village
de Saint-Jean est dans une agréable situation. Son église est bâtie sur le lieu où naquit saint Jean; elle est
talent, tout entre exactement dans le moule byzantin, ni meilleur ni plus mauvais. Des dorures et des
peintures sur les poutres saillantes du plafond, des restes de marbres incrustés dans les murs, des
fragments du riche pavé, tout un soin précieux dans l'exécution et une rare magnificence dans le choix
des matériaux, laissent une impression de respect, même au milieu du délabrement et des dévastations
journalières d'un scandaleux abandon. Le maître-autel était à l'intersection de deux branches de la
croix; de chaque côté il y avait des escaliers pour descendre dans la grotte. Là, il y a un autel sur
la place de la naissance, un autre sur la crèche et un troisième sur la place de l'adoration des mages.
BETHLÉEM (Planche LXXV, 161).
Peintures a fresque dans l'église de Sainte - Hélène.
Les quarante-six colonnes de style corinthien qui soutiennent le plafond de celte église sont mono-
lithes, d'un calcaire veiné qui prend le poli du marbre, et sur cette douce matière un artiste grec,
encore imbu des belles traditions antiques, comme celui qui peignit les murs intérieurs du Parthénon,
traça de grandes figures au type sévère, au costume admirablement drapé, et qui encore aujourd'hui,
lavées avec une éponge, paraissent aussi fraîches que si elles venaient d'être peintes.
L'église de Bethléem appartenait autrefois exclusivement aux Latins, mais aujourd'hui ils en sont
presque entièrement chassés. Les Grecs ont pris toute l'église supérieure; ils ont fermé par un mur la
grande nef, à la naissance de la branche transversale de la croix, de manière que toute la partie
inférieure et les doubles colonnades deviennent inutiles et sont séparées du reste de l'église. Le
maître-autel des Grecs occupe tout le rond-point de la nef centrale, et il est très-richement orné. Dans
sa partie inférieure sont six tableaux parfaitement bien encadrés (je ne parle pas du mérite des pein-
tures); dans la partie supérieure s'étendent des boiseries sculptées d'un travail considérable (je ne
parle pas de leur style), et tout en haut une autre série de quatorze tableaux.
BETHLÉEM (Planche LXX1V, 162).
Vue prise dans la chapelle de la Nativité.
Dans le rond-point de la nef latérale de gauche est l'église des Arméniens. C'est l'endroit où les Mages ,
dit-on, laissèrent leurs chameaux. I/autel érigé sur le lieu de la naissance appartient aux Grecs; ils y
entretiennent des lampes constamment allumées. Les Latins possèdent les autels de la croix et de l'ado-
ration, qui occupent toute la grotte. Chaque communion entretient des lampes dans ses sanctuaires, et les
Latins avaient tapissé les parois du rocher avec de riches étoffes de soie brodée. Aujourd'hui, faute d'ar-
gent pour les renouveler, elles tombent en lambeaux; mais ils préfèrent ces loques dégoûtantes aux bril-
lantes peintures grecques qui couvriraient aussitôt ces parois s'ils abandonnaient ce sanctuaire à leurs
rivaux.
Comme les Latins n'ont plus l'église supérieure, ils pénètrent dans la grotte par une galerie taillée dans
le roc où l'on montre les tombeaux des Innocents, de sainte Paule, de sainte Eustochie, et la retraite
de saint Jérôme. Ici, comme à Jérusalem, comme partout où l'oisiveté des moines devient inventive,
mille traditions puériles; je remarque sur l'une des colonnes de l'église cinq petits trous en forme de
croix: on me dit que c'est l'empreinte des doigts delà Vierge!
De Bethléem on va voir, à une lieue de distance, les piscines de Salomon ou de David. Je ne sais trop
quel nom leur assigner, et la tradition n'est pas ferme sur ce point. Un canal part de ces piscines, et les
gens disent qu'il portait l'eau au temple de Salomon: je ne ferai pas à ce conte l'honneur de l'appeler une
tradition. Ces piscines, creusées dans le roc, au fond d'un ravin, au nombre de trois, s'échelonnent
les unes au-dessus des autres et communiquent entre elles. Près de la plus élevée est la fontaine, source
abondante qui les alimente; à côté se dresse un vieux château fort.
Deux couvents, dans les environs de Bethléem, méritent d'être visités. Nous allons d'abord à Saint-Jean,
situé au nord-ouest, à trois lieues de distance. On passe près d'un gros arbre, espèce de frêne, sous le-
quel, dit-on, Marie se reposait en allant à Jérusalem. 11 croît au milieu d'une vallée charmante, qui
montre trois petits villages groupés sur les hauteurs et partout des champs plantés de rosiers. Le village
de Saint-Jean est dans une agréable situation. Son église est bâtie sur le lieu où naquit saint Jean; elle est