EîfGuÈCEETENÀSIE. 201
la réponse que Pisistrate fit à sa famille qui
l'exhortoit à la vengeance contre un jeune
homme transporté d'amour, qui, dans une
cérémonie religieuse , avoit embrassé sa fille. .
«Sinous haïssons ou punissons ceux qui nous
aiment, que ferons-nous à ceux qui nousihaïs-
sent ». Et aussi - tôt il le nomma son gendre.
—Sans doute vous imitez Pisistrate ? — « Oui,
puisque Phanor plaît à ma fille ; j'aurois pré-
féré que le jugement, la réflexion, autant que
l'amour, eussent décidé son choix. Les passions
ardentes s'allument indépendamment de tout
mérite ; ce sont des éruptions de volcans qui
s'éteignent bientôt, ne laissant autour d'eux que
des traces de leur fureur et de leurs ravages ;
mais en hymen comme à la guerre il faut don-
ner quelque chose à la fortune. Je ne mets
qu'une condition à ce mariage, c'est qu'il ne se
fera que dans six mois ; que Phanor retournera
à Thèbes ; qu'il cherchera à se rendre utile à la
chose publique. A son âge le repos est un tort,
l'oisiveté un vice. On doit à sa patrie un tribut
de soins et de travaux; on lui doit son temps,.
ses talens , sa jeunesse. Un égoïste est aussi
mauvais époux que mauvais citoyen, c'est le
frelon de la république des abeilles. Déplus,
pendant son absence, j'éprouverai sa constance
et celle d'Athénaïs ; si elle résiste à cette
la réponse que Pisistrate fit à sa famille qui
l'exhortoit à la vengeance contre un jeune
homme transporté d'amour, qui, dans une
cérémonie religieuse , avoit embrassé sa fille. .
«Sinous haïssons ou punissons ceux qui nous
aiment, que ferons-nous à ceux qui nousihaïs-
sent ». Et aussi - tôt il le nomma son gendre.
—Sans doute vous imitez Pisistrate ? — « Oui,
puisque Phanor plaît à ma fille ; j'aurois pré-
féré que le jugement, la réflexion, autant que
l'amour, eussent décidé son choix. Les passions
ardentes s'allument indépendamment de tout
mérite ; ce sont des éruptions de volcans qui
s'éteignent bientôt, ne laissant autour d'eux que
des traces de leur fureur et de leurs ravages ;
mais en hymen comme à la guerre il faut don-
ner quelque chose à la fortune. Je ne mets
qu'une condition à ce mariage, c'est qu'il ne se
fera que dans six mois ; que Phanor retournera
à Thèbes ; qu'il cherchera à se rendre utile à la
chose publique. A son âge le repos est un tort,
l'oisiveté un vice. On doit à sa patrie un tribut
de soins et de travaux; on lui doit son temps,.
ses talens , sa jeunesse. Un égoïste est aussi
mauvais époux que mauvais citoyen, c'est le
frelon de la république des abeilles. Déplus,
pendant son absence, j'éprouverai sa constance
et celle d'Athénaïs ; si elle résiste à cette