54o Voyages d'A n t e w o h
qu'à Athènes , les sages y consultaient,,
et les fous délibéroient. Le meilleur gouver-
nement , à mon avis, est celui ou les moyens
sont les plus simples, et les rouages moins
compliqués. Lorsque le peuple choisit ses ma-
gistrats , ces choix sont presque toujours mau-
vais , à moins d'un danger imminent ; les dé-
magogues , les ambitieux se présentent, s'em-
parent de lui; et l'honnête homme, le sage,
dédaignent de mendier le suffrage d'une mul-
titude légère et grossière. Le peuple a une tèle
trop vide, un estomac trop délaie pour digérer
un aliment tel que la liberté. Mais je vous ren-
voie à ce mémoire. Tout le reste de mes papiers
est condamné au feu, et va périr aujourd'hui.
— Pourquoi vous presser de leur faire subir
cet arrêt ? Attendez.....— Mon ami, ma
dernière heure s'approche , la mort est der-
rière moi : dans trois jours , votre amie aura
rejoint ses aïeux. Soit pressentiment , soit que
notre ame retienne de la divinité, dont elle est
émanée , quelque notion de l'avenir, je crois
ma mort certaine : c'est un secret que je ne
confie qu'à vous, écoutez. Cette nuit je lisois ,
je méditois ; tout-a-coup mon génie m'est ap-
paru , triste, sans couronnes de fleurs, la tête
couverte d'un voile. Je l'ai vu, j'ai frissonné ;
je me suis levée, et il a disparu.
qu'à Athènes , les sages y consultaient,,
et les fous délibéroient. Le meilleur gouver-
nement , à mon avis, est celui ou les moyens
sont les plus simples, et les rouages moins
compliqués. Lorsque le peuple choisit ses ma-
gistrats , ces choix sont presque toujours mau-
vais , à moins d'un danger imminent ; les dé-
magogues , les ambitieux se présentent, s'em-
parent de lui; et l'honnête homme, le sage,
dédaignent de mendier le suffrage d'une mul-
titude légère et grossière. Le peuple a une tèle
trop vide, un estomac trop délaie pour digérer
un aliment tel que la liberté. Mais je vous ren-
voie à ce mémoire. Tout le reste de mes papiers
est condamné au feu, et va périr aujourd'hui.
— Pourquoi vous presser de leur faire subir
cet arrêt ? Attendez.....— Mon ami, ma
dernière heure s'approche , la mort est der-
rière moi : dans trois jours , votre amie aura
rejoint ses aïeux. Soit pressentiment , soit que
notre ame retienne de la divinité, dont elle est
émanée , quelque notion de l'avenir, je crois
ma mort certaine : c'est un secret que je ne
confie qu'à vous, écoutez. Cette nuit je lisois ,
je méditois ; tout-a-coup mon génie m'est ap-
paru , triste, sans couronnes de fleurs, la tête
couverte d'un voile. Je l'ai vu, j'ai frissonné ;
je me suis levée, et il a disparu.