et? Grèce et es Asie. 53g
ment singulier de sa destruction prochaine.
L'incrédulité se moque de ces avertissements ;
le sage s'en étonne et doute : il pénètre si peu
dans le mystère des causes , qu'il est obligé de
soumettre sa raison. Trois jours avant sa mort,
elle me fît appeler. Sa santé n'avoit reçu au-
cune secousse violente ; elle déclinoit comme
un beau soleil descend du méridien. Elle me
dit, d'un air calme et serein : « J'ai travaillé
toute la matinée à débrouiller ce fatras d'écri-
tures inutiles à la postérité , mais qui , en
m'occupant et m'instruisant, ont émoussé les
épines de ma vie. Voici seulement trois ma-
nuscrits que je vous confie, auxquels vous
donnerez le jour, s'ils méritent de le voir. L'un
est une tragédie ; l'autre un traité du bonheur ;
le troisième , un sujet politique que j'ai médité
pendant quarante ans ; savoir quel est le gou-
vernement le plus convenable à l'espèce hu-
maine : l'art de procurer aux sociétés la plus
grande somme de bonheur possible, est une
des branches de la philosophie la plus intéres-
sante. Vous verrez que je ne penche pas pour la
démocratie ou l'ochlocratie, qui ne sont qu'une
anarchie décorée du beau nom de liberté. Ces
sortes de républiques vont se perdre bientôt
dans les vastes empires du despotisme. J'ai ouï
dire, il y a bien des années, au sage Anacharsis,
ment singulier de sa destruction prochaine.
L'incrédulité se moque de ces avertissements ;
le sage s'en étonne et doute : il pénètre si peu
dans le mystère des causes , qu'il est obligé de
soumettre sa raison. Trois jours avant sa mort,
elle me fît appeler. Sa santé n'avoit reçu au-
cune secousse violente ; elle déclinoit comme
un beau soleil descend du méridien. Elle me
dit, d'un air calme et serein : « J'ai travaillé
toute la matinée à débrouiller ce fatras d'écri-
tures inutiles à la postérité , mais qui , en
m'occupant et m'instruisant, ont émoussé les
épines de ma vie. Voici seulement trois ma-
nuscrits que je vous confie, auxquels vous
donnerez le jour, s'ils méritent de le voir. L'un
est une tragédie ; l'autre un traité du bonheur ;
le troisième , un sujet politique que j'ai médité
pendant quarante ans ; savoir quel est le gou-
vernement le plus convenable à l'espèce hu-
maine : l'art de procurer aux sociétés la plus
grande somme de bonheur possible, est une
des branches de la philosophie la plus intéres-
sante. Vous verrez que je ne penche pas pour la
démocratie ou l'ochlocratie, qui ne sont qu'une
anarchie décorée du beau nom de liberté. Ces
sortes de républiques vont se perdre bientôt
dans les vastes empires du despotisme. J'ai ouï
dire, il y a bien des années, au sage Anacharsis,