Û,f2 VûïiGES n'A KTESOn
revoit profondément. « Que faites-vous ici, lui
dis-je , rêveuse et solitaire»? «Je lisois l'immor-
tel dialogue de Platon , ce Phédon si fameux,
qui contient le récit des derniers entretiens de
Socrate et sa mort. Cette lecture m'affermit
dans l'idée de l'immortalité de l'ame ; sa mort
sublime me familiarise avec ce terrible passage.
Je suis avec lui dans la prison, je^vois arriver
la coupe fatale ; Socrate adresse sa prière au
ciel, reçoit la coupe et boit la ciguë. J'en-
tends les cris , les pleurs de ses amis ; d'un
visage tranquille il leur reproche cette foi-
blessc. Il se promène en attendant la mort ; il
se couche sur son lit dés qu'd sent ses jambes
s'appesantir ; la mort s'étend, le glace par de-
grés : un esclave lui touche les pieds, il ne les
sent plus ; il dit enfin son dernier adieu à ses
amis, qu'il laisse seuls sur la terre. J'espère
que ma mort sera aussi paisible ». Elle ajouta :
«Jemesuis amusée à composer mon épitapbe ;
bientôt vous la graverez sur cette urne : c'est
vous que je charge de ce soin. La voici :
« Ici tjit Lasthênie , ou plutôt ri-git rien ;
Ce rien aima l'honnête et fit un peu de bien ».
— Quoi ! lui dis-je, toujours des idées lugu-
bres ! Comment avec tant de force d'esprit,
tant de crédulité?— « Mon ami,la nature me
revoit profondément. « Que faites-vous ici, lui
dis-je , rêveuse et solitaire»? «Je lisois l'immor-
tel dialogue de Platon , ce Phédon si fameux,
qui contient le récit des derniers entretiens de
Socrate et sa mort. Cette lecture m'affermit
dans l'idée de l'immortalité de l'ame ; sa mort
sublime me familiarise avec ce terrible passage.
Je suis avec lui dans la prison, je^vois arriver
la coupe fatale ; Socrate adresse sa prière au
ciel, reçoit la coupe et boit la ciguë. J'en-
tends les cris , les pleurs de ses amis ; d'un
visage tranquille il leur reproche cette foi-
blessc. Il se promène en attendant la mort ; il
se couche sur son lit dés qu'd sent ses jambes
s'appesantir ; la mort s'étend, le glace par de-
grés : un esclave lui touche les pieds, il ne les
sent plus ; il dit enfin son dernier adieu à ses
amis, qu'il laisse seuls sur la terre. J'espère
que ma mort sera aussi paisible ». Elle ajouta :
«Jemesuis amusée à composer mon épitapbe ;
bientôt vous la graverez sur cette urne : c'est
vous que je charge de ce soin. La voici :
« Ici tjit Lasthênie , ou plutôt ri-git rien ;
Ce rien aima l'honnête et fit un peu de bien ».
— Quoi ! lui dis-je, toujours des idées lugu-
bres ! Comment avec tant de force d'esprit,
tant de crédulité?— « Mon ami,la nature me