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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0043
Soliman L Linre premier. 15
SON ELOGE OV SOMMAIRE
DE SA VIE.
gÉjJjj OLIM AN Prince tres-belliqueux , nourry dès fa plus tendre enfance an
milieu des armées de fon pere , ér plus abreuué de fin g que de laiffîi ayant
défait Vnglefes ejr Crates, Princes des Bulgares : Prend sar furprife ( félon
noflre Autheur) la ville d'Orefiiade ou Andrinople y& celle de Philippoli par
compofition: Conque fie vne partie de la Thrace ,auec les villes de Pergame,
Edrenute, Zemenique, cjrplufieurs autres, tant deçà que delà l' H elle font,
acquérant vne telle réputation, qu'il luy venoit tous les tours nouueaux foldats de tous les
endroits de l'A fie, attirez, en partie aufi de la firiandife & douceur du pillage: Contracte fo-
cicté auec l'Empereur Grec, pour faire la guerre aux Triballiens ,ou Bulgares: Mais comme
chargé de butins & défi oui lies ,ilfe hafioitde repajfcr en A fie 7 vne maladie le preuenant, luy
fît saire vn autre pafsage de la vie à la mort. Il ne régna que deux ans ,0" fut inhumé au
goulet du cherfonefe auprès de fon sils ( dit noftre Autheur,fiparauanture Une veut point dire
fon père.) Ceux qui ne luy do?inent point de rang entre les Empereurs Turcs, difent quil
mourut du viuant d Or cartes, se fiant rompu le col en tombant de fon cheual, comme il cour oit
vn lièvre ; Les autres difent fusant voler fon oifeaufurvne oye : Car il prenait vn fin gu lier
plaifir à la chasife 7y employant volontiers le temps qui luy refioitaprès auoir mis ordre à fis
plus importantes asfaires.
R C H A N régna en tout vingt-deux ans, Se laissa deux fils, Soliman y\\i
Se Amurat. Soliman comme l'aimé ayant pris possession de l'Empi- Soliman :
re , meut tout incontinent la guerre aux Grecs habitans en l'Asie, Empereur
dont vne courte qu'il fit sur eux, il enleua grand nombre de prison- dcsTurcs-
niers:Se de là pasia en Europe à l'instigation des Turcs, qui aupara-
uanty estoient venus sous la conduite de Cathites; car ils luy en ap- -Î^L'ies
prirent le chemin, adjoustant que c'estoit le plus beau, le meilleur, Turcs en
Se le plus fertile pays qui fut au demeurant du monde, Se quant &: quant fort aisé à 1EuroPc«
conquérir. Parquoy estant pasïe auec partie de sesgens au Chersonese, il le pilla d'vn —----—
bout à autre : prit encore quelques villes Se chasteaux; mettant en route les garnisons 13 y z>
qui estoient là, Se àMadyte. Cela fait, il se ietta sur laThrace, Se donna iusques à la
riuieredeTcnare, ramenant en Asie force butin &:esclaues qui furent pris en ce voyage.
Les autres qui estoient cependant demeurez en leurs maisons, en eurent tel goust, que
toutsoudain ilspasferent en Europe deuers Soliman: en sorte que de tous les endroits de
l'A sie, iour par iour luy venoient gens frais Se nouueaux, attirez de la douceur Se friandi-
se du pillage: les laboureurs mesmc abandonnoient leurs posTesîions, domiciles Se héri-
tages pour se venir habituer au Chersonese : mais quelque temps après, l'Empereur des
Grecs enuoya deuers Soliman pour accorder auecluy, pource qu'il voyoit d'heure à au-
tre prosperer ses affaires de bien en mieux. Et ainsi, ces deux Princes ayans ioint leurs
forces ensembîe, s'en allèrent à communs frais faire la guerre auxTriballiens: combien
qu'aucuns veulent dire que du viuant encore d'Orchan, son fils Soliman estoit passé en
Europe contre eux,àla requeste de l'Empereur; dautant qu'ils estoient désia paruenus&:
montez à vne puissance trop redoutable pour leurs voisins; Se ce de la sorte Se manière
que nous allons dire presentement.
Estienne leur Prince errant quelquefois sorty de cet endroit de pays qui s'estend l'origine des
le long du Golphe Adriatique , entra au territoire d'Epidamne , brussant Se gastant ^|aj^.s
tout, Se si prit la ville : Puis mena son armée en Macédoine, où il establk son siege Royal 0
en la ville des Scopiens. On estimeque cesgens-cy estoient deseendus des Illynens, qui
dominèrent vne bonne partie de FEurope, lesquels ayans abandonné les régions Occi-
dentales, s'en vindrenten ladite ville des Scopiens, dont le parler n'estoit pas beaucoup
disférent du leur : Se de là eftendirent si auant leurs limites tout le long de ces mers-là, qu'ils
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