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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0051

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Amurat I. Liure premier. 25
sendus Tes tributaires, Se fi ne laissoient pas pour cela de l'accompagner à la guerre, quand —— t—
illeleur faisoit fçauoir. Au moyen dequoy toutes ces choses ainsi ordonnées pour le re- &s s^J.
garddes Grecs, Amurat mena Ion armée contre Dragas, fils de Zarque; Se conquit in-
continent tout le pays qui est es euuirons de la riuiere d'Axie, * où il imposa tribut tant en *£»W£*ir*
deniers, que gens de guerre qubn luy deuoic fournir en ses expéditions. Dragas mesme v*rÀ*rJ-
par l'appointement qui fut fait entr'eux fut obligé de le seruir en personne auee bon
nombre de gens de cheual. Le semblable fit-il encore du Bogdan, lequel il fie aussi venir
à la raison, & voulut quiî l'accompagnait auec ses forces. Ainsi s'alloit Amurat agrandis-
sant de tous collez sur les Seigneurs des Triballiens, &desMysiens, Se fur les Grecs mes-
mes; les traitant neantmoins tous d'vne fort grande honnesteté, douceur, modestie, Se
libéralité, à l'exemple de l'ancien Cirus, fils de Cambises, dont il tasehoit d'imiter les
actions en toutes choses. Mais après auoir allez longuement demeuré en Europe, il eut Amurâttàen
nouuelles comme ses Lieutenans généraux és Prouinces de l'Asie, auoient conspirc en- feLituS"
semble contre luy, &sollicitoientles peuples de se reuolter. Tellement qu'ils en auoient rebelles,
désia débauché la plus grand' parti &sitenoicnt de grosises forces en campagne, toutes
prestesà troubler Omettre en combustion les affaires de cecosté-là5 si promptement qu'il
n'y eut remédié. Car ils auoient désia pris tout plein de places Se en tenoient d'autres
afîiegces de fort court. Parquoy soudain qu'il fut aduerty auvray de toutes ces menées, il
s'apprestapourpasseren Asie; diseourant en soy mesme, les moyens qu'il y auroit de met-
tre bien-cost fin à cette guerre , laquelle ne luy pouuoit estre sinon tres-pernicieute Se
dommageable i si elle alloït en longueur. Car il n'y a point de meilleur expédient en tou-
tes les esmotions m sousseUemeUs des sujets contre leur Prince , que d'abbr.-ger , Se
donner ordre de les esteindre de bonne heure, sans leur laissèr tant soitpeu deloisir de
prendre pied pour se multiplier &: accroistre ; Autrement cela va tosteninfmy, nypîusny
moins qu'vnfeu bien allumé à trauers vngros tas de fagots, ou autre menu bois. Ayant
doneques eu nouuelles comme ses ennemis sestoient campez en la Mysie, il tira droit
celle part auec son armée. Etdautantquec'estoités plus chauds iours del'Esté; lorsque
les vents qu'on appelle Ercsies qui soufrlent des parties du Ponant ont accoustumé dere- ,5tratâgeme
gnerforts & impétueux celle-part, luy qui en eltoit pratique Se initruit, comme ruse au semblable à
fait de la guerre, autant que nul autre Prince de son temps, sçeut fort bien prendre l'ad- «ciuj d'Anal
tiantage, Se gagner ledessusdu vent pour mettre la poudre aux yeux de ses ennemis, Se taliudccàn-
leur troubler la veuë Se le jugement, alors qu'il les viendroit charger. Mais ainsique les ncs;
deux armées n'attendoient sinon que le signe du combat, il arresta tout court ses gens à
vnjet d'arc des autres, Se du haut dvne petite motte de terre, qui de fortune se rencon-
tra là tout à propos, leureseriaà haute voix en cette sorte. Haï tres-fideles compagnons, Sahara»gue
£ • .rt>' pour animer
voire mes tres-chers& bien aymezenrans, ne vous remettez-vous point maintenant en tes gens au
mémoire, les périls Se dangers, ausquels vous-vous estes si souucnt rencontrez en tant co™bat: con-
gé tant d'endroits de l'Europe, contre les plus belliqueuses Nations que le Soleil voye j^icsrcbcI*
point? Quels trauaux auez-vous iusques icy endurez pour esseuer la dignité des Otho-
mans, au poinct de la gloire Se honneur où leur nom eft j Se par mesme moyen vous ac-
quérir vnelouange Se renommée immortelle , auec vn commandement sur vn si grand
nombre de peuples Se Nations qui vous obeissent? Çhsattendcz-vous doneques, que de
pleine abordée vous n'allez palier sur le ventre à ces traistres Se desioyaux, qui sont bien
sieffrontezque d'oser comparoir tous souillez encore de leur mesehanceté abominable,
deuant des gens de bien, deuant la fidélité de vos entiers &inu incibles courages, veuque
vostre Empereur qui est icy present, sera le premier à vous y faire bresche Se ouuerture;
Et quant Se quant donnant des esperons à son cheual, s'en alla à bride abbatuë d'vne gran-
de furie Se impetuosité, ietter à trauers la plus grand' foule des ennemis j lesquels sestoient
jje leur costé aduancezaussi tant que lescheuauxpouuoient traire, pour commencer la
charge les premiers. Mais le vent qui leur donnoit au visage, Se la poussiere donc tout à
vn instant l'air fut couuert ainsique d'vne nuée, leur osterent le jugement Se ConnoiiTan-
cede ce qu'ils deuoient faire, & pourtant ne demeurèrent gueres à estre enfoncez &: rom- Deffaitcdee
pus, auec grand meurtres toutesfois Se occision d'vne part & d'autre. Car cncoresqu'A- Turcsrcbci-
muratdemeurast vi&orieux, si est-ce que beaucoup de ses gens y perdirent la vie, s'entre-
tuanseuX-mesmes lesvnsles autres, tant àeausede la grande confusion que l'obscurite
apportoit, que pour le peu de différence quiestoit entre les deux parties. Au moyen de-
quoy luy voyant ce desordre, fit sonner la retraite ; Se si pardonna encore depuis a ceux
qui s'estoient sauuez de la mésiée, lesquels luy enuoyerent incontinent requérir mercy.
 
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