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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0171
Àmurat IL Liure ieptiesmé. / 145
par Tes lettres, n'aduertit pas Ton Maistre cruëmcntde cette délibération, mais leur con-----"
seilla de ne rompre si toit auecques luy, que premièrement ils neusicnt vn peu mieux pen- 144 4*
sé au trait que cet affaire à laparfin pourroit prendre. Pendant ce temps Amurat ayant
eu nouuelles comme les Chrestiens estoknt désia bien auant en pais, se mit en chemin '
pour leur aller alencontre, recueillant de costé Se d'autre les forces qui estoient ça Se là
espanduës par l'Europe: Et tout aussi-tost qu'il les eustapprochez,iltrouua moyen de ga-
gner le territoire pour taseher à leur coupper les viures, les suiuant en queue de logis en
logis, Se se campant tousiours au mesme lieu oùilsauoient logéleiour précèdent : Que si Astuce d'A-
d'auenture les autres ne faisoient traite entiere,ils'arrestoitsemblablement àmy-chemin, muiar.
en quelque lieu propre Se aduantageux. Et ainsi continua durant quatre iours, tout exprés
pour reconnoistre quel nombre ils estoient:leur forme de marcher Se se mettre en bataille-
comme c'est qu'ils voudroient procéder en cette guerre : si se trouuans estonnez de sa sou-
daine suruenuëjils rebrouiseroient point tout court en artère, ou bien nefaisans cas de
luy ils voudroient passer outre : si les choses alloient en leur camp par bon ordre Se con- A qUOy rn
duite : qui estoient ceux quiy commandoient: s'ils s'accordoisntbien ensemble: Se s'ils ^cJdc8Rcr"
estoient en volonté devenirtost à la bataille, ou tirer la guerre er longueu» isalà aûoient are e
abondance ou difficulté de viures: Se toutes telles autres particulartcz d'importance, cst*r Pre*
dont on se peut instruire, si on tientson ennemy de prés. Amurât doneques temporisa my.°n
ainsi quatre iours. suiuant continuellement les ennemis à la trace. Mais au cinquiesme,
lean Huniade, quiauoitsoigneusement remarqué cette contenance Se façon de faire,
fit assembler le Conseil auPauillon du Roy de Hongrie, pour aduiser s'il raudroit tout
de ce pas tenter le hazard du combat,on se ietter plus auant dans le païs de l'ennemy.
L'opinion de tous fut de combattre sans disférer dauantagej &pour cette occasion s'ar-
resterent en ce mesme logis,afin de se préparer pour le lendemain. Amurat d'autre costé,
qui pour beaucoup déconsidérations nevouloitpas tirer les choses en longueur, mesme-
ment rrournesourîrir point gaster ainsi son paisdeuant (es yeux,s'en vint aiseoir son camp
asifez prés de celuy des Chrestiens, en la mesme plaine où ils s'estoient désia logez, Se se
fortifia là à la mode accoustumée, qui se fait en cette sorte: Les Ianissaires tout premie- Mode deca-
rement font vn parquet tout autour d'eux, fermé de gros paux fichez en terre , Se accou- ^\^^
plçz l'vn à l'autre auec des chaines de fer qui paisent autrauers: Et quelque part que le cation de sou
Turc marche, les chameaux portent cette cloison à sa suite, auec les armes d'iceux la- loSls*
nissaires, qu'on leur rebaille quand l'occasion s'en presente. Au milieu d'eux tous, sont
dressez les trefs, tentes Se pauillons pour sa personne ; ensemble des Bastas, Se autres
grands personnages de la Porte, Se de tous lesCourtisans. Apres les Ianissaires sont ar-
rangez grand nombre de pauois Se de targues, Se puis les chameaux au deuant; qui est à
peu prés l'ordre de la Porte quand le Seigneur est en son camp, Se en vsa ainsi à celle fois,
là où les armées de l'Europe estoient, à la main droite desquelles estoit Beo-lierbey ou
General, Carats homme de fort grande valeur Se estimé parmy les Turcs : Se à la gauche
celles deFAsie, départies par troupes Se esquadrons,peudistans les vns des autres, afin
de se pouuoir secourir si l'occasion s'en presentoit, autrement la caualerie Turquesque ne
pourroit pas combattre àsonaise, si ellen'est ordonnée de sorte, que les gens de pied
(tous harquebusiers Se hommes de traict ) se puisfent estendre en manches Se en poin-
tes. Mais cependant,les Chrestiens ne dormoientpas non plus; car ils se rangèrent en
bataille d'vnefort belle manière tout aussi-tost que le iour commença à poindre, estant Ordonnance
lean Huniade celuy qui conduisoit le tout,comme l'vn des meilleurs Se plus excellensCa- ^ ^q^I
pitaines de son temps. Apres doneques qu'il eut ordonné les Hongres à la pointe droite, stiens,
Se les Polonois &Valaques à la gauche :Se que luy auec le Phase (ce sont ceux qu'on ap-
pelle lesBitaxides ) fust prest d aller commencer la première charge, le Roy Vladissaiïs
par son conseil Se aduis s'estant allé mettre tout au beau milieu de son aimée, vsa d'vn tel
langage.Puisqu'il a pieu à Dieu,pour le seruice duquel nous sommes icy venus (tres-chers do Roy1®
Se loyaux compagnons) de nous auoir amenez sains Se sauues iusquesà laveuëdes enne- dissaiis.
mis de son sainct Nom, Se nous donner le moyen Se commodité de les combattre en lieu
si à propos, ilneresteplusque de vous exhorter, non point à monstrer cejourd'huy vo-
stre valeur &rproueiTe, carde cela ie n'en fais doute, mais d'vne chese seule, c'est daller
sagement en besongne,& ne vous perdre point par vne trop grande animosité quand vous
serez à l'ardeur du combat alencontre de ces gens-cy, qui sont beaucoup plus dangereux,
& à craindre rompus Se débandez à la fuite, que lors qu'ils sont encore sermes Se entiers,
Ayez doneques bien l'œil à cela, Se que tout l'effort que vous ferez soit tousiours 5estans