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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0698

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é?o Histoire des'Turcs

pence : ioint qu'il y est venu à plusieurs reprises: car les Hongrois,comme vous auez peu
voir en la vie de Selim, estoient allez aduertis des entreprises que les Seigneurs Otho-
mans auoient contre eux, ôc toutes fois ils donnèrent vn si mauuais ordre à toutes choses,
qu'ils ne fortisièrent la ville de Belgrade ,ny de munitions,ny d'hommes necessairespour
ladesFence d'vnc place si importante : & ce qui est de pis,c'est qu'après la prise de Cette
ville,ils ne firent aucuns préparatifs pour repousTer les esforts d'vn £ puissantaduersaire3
maisdemeurânsen vn letargique assoupissèmentde voluptez 5 ils laisserent non seule-
ment retourner Solyman paisible en sa maison,mais encore après auoirveu prendre Rho*
des,cela ne les émeut pas dauantage,& ne laisserent pas de viure en leurs delices,&: d'a-
dorer les vaches de Bethauen, c'est à dire de la maison de vanité : mais proprement des
V«s i10' vacnes &non ^es veaux,commeiadis fit Ieroboam.-car leurs peehez s'estoient tellement
C1 I;' grossis par vne continuelle habitude , qu'ils tenoient pour vertu ce qui estoit vn grand
crime.
Et defait5l'histoireenseigne assez quelabataiiledeMohacsne futperduë quepar leur
presomption, & les Turcs ayans entré vn peu auant dans le pays, n'ont-ils pas fait voir à
tout le monde le peu depreuoyance de tous ces peuples,qui s'amusoientà faire leurs fu-
nérailles en dançant& faisantgrande chere,n'ayans aucun resTentiment delà misere qui
]esaccabloit,&: qui désia se versoit sur leur teste ? Car d'aller reietter la cause de la ruine
de la Hongrie sur le Transsiluain, ce seroit vouloir faire accroire que celuy qui viendroit
recueillir les cendres d'vne ville ruinée, seroit celuy qui y auroit mis le feu: car qui a pu
empeseher tant les Hongrois que leurs alliez de se desfendre dés le comencement î Fer-
dinand qui y pretendoit droit, n'a-iî pas eu depuis tant de fortes places en sa main, voire
le droit cédé de l'autre,sans auoiriamais peu garder vne bonne piace?La Transsiiuanie a
esté en son pouuoir, le Turc n'y ayant pas vnpoulce de terre, comment ne l'a il pu def-
fendre, y ayanttant de sortes places?quellespuilTantes armées n a-il point eu par tant de
fois, plus grande sans comparaison que celles des Turcs , qui ont eslé si long-temps em-
peschez en la guerre de Perse,n'y ayas des leurs par tout ce grad Royaume,que leurs gar-
nisos,sans que ces grads préparatifs ay ent peu faire reùssir aucun notable esfet,bien qu'ils
fusTcnt secourus de la meilleure partie des Princes Chrestiens ? Ils ont veu vne poignée
de gens , qui n'estoient bien souuent que simples habitans des villes,resister à vne armée
Impériale des Turcs:& eux quand ils estoient les plus puissans, &: qu'ils estoient maistres
de la campagne,c'estoit lors qu'ils succomboient sous leurs ennemis: d'où venoit cela, si-
non que leur vie débordée destournoit d'eux iadiuine assistance,qui les permettoit périr
par eux-mesmcs,sans que leur ennemy y mit la main: corne il a esté remarqué par toute
cet&e histoire-leur donnant quelque exeple demisericorde,par les villes qu'il preseruoit,
voire les moins fortifiées, asin qu'ils vissent qu'ils ne pourraient estre défendus parleur
puissance propre, ains par sa singulicre faueur ? Or commeilsn'auoientmis leur cœur
qu'aux voluptez,ausli n'esperoient-ils qu'en leurs propres forces^ mais elles estoient trop
eneruées pour vn si puisfant aduersaire,estans en elles-mesmes toutes pleines de diuision,
non encore pour lesdiuers partis qui estoient au Royaume, mais pour leur ambition,
Osce>. chacun voulant estremaistre de son compagnon. Quitrouuera doneques estrange si se
yets. 6, precipitans dans la ruine &c le degast de leur pays au îour de leur visitation , ils ont trouuc
pour recompence des ronces ÔZ des horties au lieu de l'argent qu'ils auoient tant desiré,
leurs maisons déserres & pleines de glouterons, & qu'ensin l'Egypte les a assemblez,
Memphis les a enseuelis ? C'est ce qui regarde le particulier de la Hongrie.
Mais pour le General delà Chrestienté,îes choses n'estoient pas en meilleur ordre:car
depuis le Sanduaire iusques au plus petit pays, tout estoit en guerre & en combustion,
tant en la Religion qu'en l'Estat, chacun toutesfois se disoit fort zélé au bien public , &:
c'estoitle prétexte de quelques-vn s. Mais celuy quipenetrcles choses plus cachées, & qui
tout clair-voyant considere le sonds des intentions des hommes, a fait voir au iour leur
* hypocrisie & leur malice : caries reformateurs estoient sans comparaison plus débordez
que ceux qu'ils vouloient reformer,&: ceux qui vouloient qu'on les creust pour les fermes
colomnes de la Chrestienté,ont calé le voile &t abandoné les autres au besoimeome il ar~
riua en Hôgrie,enrcxpediti5 queSolymay sit lors dusiege de Guints,remarquable pour
n'estre qu'vne mesehante bicoque,&: quineantmoins tint teste a cette multitude innom-
brable de Turcs.Toutesfois cette grande armée des Impériaux ne sitiamais aucun esfetl,
bien que l'occasion y fut très-belle: les Vénitiens encore s'en resfen tirent, qui surent
abandonnez par ceux qui leur auoient tant promis d'ajGQstâce au siege de Corsou, &: resu-
serenc
 
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