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Le Roy, David
Les ruines des plus beaux monuments de la Grèce — Paris, 1758 [Cicognara, 2705]

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https://doi.org/10.11588/diglit.1641#0077
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DELA GRECE. 39
ajoufe-t-il, qu'ils viennent de l'Euripe de Chalcis, qu'ils sont consacrés à Cérès Se à Proserpine,
.& il n'est permis d'y pêcher qu'aux Minières de ces Divinités. Au-delà de ces étangs nous
passâmes le sseuve Cephisus, nommé aujourd'hui » Nero is to palœo milo , l'eau du vieux
moulin. On voyoit sor ses bords, dit Pausanias, la slatue de Mnésymaque , & celle de son
fils qui consiera là chevelure à ce sseuve. De-là jusqu'à Lessine, on voit les débris de plusieurs
Temples , & un chemin pavé allez long fort ancien, qui sàisoit partie de la voie sacrée qui
conduisoit à Eleusis.
La ville d'E l e u s i s, aujourd'hui Lefsine , a été une des. plus célèbres de la Grèce ; lès
ruines l'annoncent. On y voit encore les débris de plusieurs beaux Temples de marbre , de grands
Aqueducs, & d'autres vertiges de son ancienne splendeur. J'examinai d'abord les relies du Temple
de Diane Propyléa & ceux de plusieurs autres ; mais je donnai toute mon attention à ce qui sobsilte
encore de celui de Cérès.
Ce monument û fameux, si révéré de toutes les nations, qu'il fot épargné par Xerxès même,
J'ennemi déclaré des Dieux de la Grèce, &. le destruâeur de leurs Temples, ne présente plus aucune
forme, non plus que celuid'ApoIlonàDélos; & il est tellement miné, qu'il m'a été impossïble d'en
dessîner une Vue. Il est cependant facile de le reconnoître à l'étendue & à la beauté de ses débris ,
dans lesquels on trouve encore de très-beaux chapiteaux Doriques & Ioniques. Vitruve le met au
nombre des quatre Temples de la Grèce dont la disposition fot imitée dans la suite parles plus célè-
bres Architeâes, comme nous l'avons déjà dit. Iâinus le fit d'ordre Dorique, d'une grandeur ex-
traordinaire , sans colonnes au-dehors, pour laitier plus d'espace à l'usage des sacrisices. Dans la suite,
Démétrius de Phalere, qui commandoit à Athènes, le fit proslyle, mettant des colonnes au devant,
afin de rendre cet édifice plus majestueux par la décoration de son frontispice, &'de donner auslî
plus de place à ceux qui n'étoient pas encore admis aux mysteres de cette Divinité.
Dans le sanctuaire du Temple étoit une belle statue de Cérès en marbre blanc : elle
étoit colossale ; on juge encore parla grandeur de son buste , qu'on trouve dans les ruines du
Temple, qu'elle avoit plus de quinze pieds de haut : cette Déesse portoit sor sa tête un panier, autour
duquel on voit gravés des épis de bled que l'on sait être ses attributs ; elle a sur la poitrine deux
especes de rubans en sautoir, & une tête de Méduse à l'endroit où ils se croisent: la draperie dont
elle étoit vêtue m'a paru d'un très-bon goût, & dans le genre de celle des Caryatides du Temple
d'Ereâhée que l'on voit à Athènes, ou de celle de la Flore du palais Farnesè à Rome. La face de'
la statue est entièrement désigurée ; mais sa chevelure nouée avec un ruban, & qui lui deseend sur
l'épaule gauche, est encore allez bien conservée, & fort belle.
Le Temple de Cérès étoit un desplus anciens de la Grèce , &le culte de cette Divinité a
soivi de près celui de Minerve dans l'Attique. Ereéthée , sélon Diodore de Sicile , l'enseigna le
premier aux Athéniens. Il délivra ces peuples d'une famine cruelle, en leur apportant du bled de
l'Egypte ; & après en avoir fait semer dans les plaines d'Eleusis, qu'il avoit conquises, il établit
dans l'Attique des Loix qui avoient rapport à l'Agriculture, & apprit aux Athéniens le culte d'Isis ,
sous le nom de Cérès. On reconnoît même dans la fable de Cérès & de Proserpine, que racontoient
les Athéniens, tous les traits de celle d'Isis & d'Osiris; mais comme ces peuples s'estimoient les plus
anciens du Monde, ils ont tâché de couvrir d'un voile épais l'origine de leurs connoissances; &non-
seulement ils publioient que Cérès honora l'Attique de sa présence, leur enseigna l'Agriculture &
leur donna des loix, mais encore'ils firent graver cet événement, dont ils sé glorifioient, sor diflfe-"
rents monuments. On en voit encore un à Paris : c'est un tombeau tiré des ruines 4 Athènes, & sur
lequel M. de Boze a fait une sàvante dissertation *.
Il seroit inutile de répéter ici ce que tous les Savants nous apprennent sor cette Déeûe,
& ce qu'ils ont pu ajouter à M.eursius qui a recueilli avec grand soin tout ce qui concerne ces
mysteres : il sofKt de dire que ces mysteres, auxquels on n'admettoit d'abord que les seuls Athéniens ,
devinrent si célèbres avec le temps, que les étrangers desirérent d'y participer. Hercule fot le pre-
mier qui y fot initié ; on croit même que les petits mysteres forent insirmés en sa faveur. Les Athéniens
en communiquèrent ensoite la connoissanceà Castor& à Pollux, à Esculape & à Hippocrate. Les
Romains, qui subjuguérent les Grecs, y forent admis, Ss bientôt après le Temple de Cérès s'ouvrit
à tous les peuples delà terre, soivant le témoignage de Ciceron. sçmfarli point (dit cet Auteur)
S Mémoires de l'Académie des Irjsçriptions> Tome IV. page 648. & fuiv.
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