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https://doi.org/10.11588/diglit.1641#0105
de l'Architecture civile. , y
d'après les monuments antiques de l'Italie, & les écrits de Vitruve; enfin ceux que l'on pourrait
tirer des seules mesures des Edifices qui subsutent encore dans la Grèce.
Les principes que Vitruve nous donne siir les Ordres, ne doivent pas noussiiffire, parce
que quand on iùpposeroit qu'il eût eu un jugement exquis, & capable de taire le meilleur choix
entre les différentes proportions d'Ordres ou de parties d'Ordre qu'il eût été possible de connoître
de son temps, il n'auroit pu le faire, parce qu'il ne les a pas connus parfaitement. Il nous dit bien,
dans la Préface de son septieme Livre, qu'il avoit tiré la plupart de ses principes des Auteurs Grecs
qui avoient écrit sur l'Architecture ; mais il auroit fallu qu'il eût eu une parfaite connoissance des
. Edifices mêmes, & qu'il les eût désîmes & mesùrés avec la plus grande attention, ce qu'il n'a point fait.
On peut ajouter que les Desseins qui accompagnoient son Livre ayant été perdus, & ayant manques
à ses Commentateurs pour les éclairer sur le texte de son Ouvrage, ils l'ont traduit différemment.
Nous conclurons donc de-là, que les Ordres donnés par Vitruve ne doivent pas être imités généra-
lement , parce qu'il n'a pas eu tous les matériaux nécessaires pour se déterminer sur le meilleur
choix, & parce que nous ne connoissons pas même bien sà véritable doctrine.
Si NOUS ne pouvons nous ssatter d'être entièrement sàtîsraits sur les proportions des Ordres,
par les principes que Vitruve nous donne, devons-nous nous slatter de les trouver dans les Ruines
des Monuments Romains ? j'ose encore regarder cette voie comme fort imparfaite ; car quoique
les Romains ayent pris leur Architecture des Grecs, ils n'ont peut-être pas transporté dans leurs
Monuments toutes les perfections que l'on trouvoit dans ceux des Grecs ; & quand nous serions
assurés qu'ils l'eussent fait, il relie en Italie une si petite quantité de ces Monuments, par rapport à
ceux qui l'ornoient, que les plus précieux nous sont peut-être échappés. Que l'on examine sans
prévention ce qui nous relie dans les Monuments Romains sur l'Ordre Dorique, on n'y trouvera
qu'un exemple, encore cet exemple que l'on voit au Théâtre de Marcellus esl-il condamné par
Vitruve, à cause des denticules qui sont dans Ja corniche ; & les chapiteaux Ioniques que l'on
voit à Rome, paroissent pauvres & défectueux.
L'impersection de ces deux moyens de se déterminer sur le meilleur choix dans les Or-
dres , a été reconnue par les Architectes qui ont contribué au renouvellement des Arts en Italie :
comme ils n'étoient entièrement satisfaits ni par les Ordres qui décorent les Monuments antiques
de Rome, ni par les préceptes de Vitruve, ils tâchèrent de s'aider des uns & des autres, en les
reâifiant, & en y ajoutant même quelque chose de leur invention.
Quelques-uns de ces syflêmes d'Ordres, formés par les plus célèbres Architectes, ont eu
beaucoup de succès ; plusieurs Nations les ont adoptés préférablement aux exemples purs de
l'Antique, ou aux préceptes de Vitruve. Cependant la variété que l'on remarque entre les différentes
proportions d'Ordres qui résultent de cette même manière de former des principes dans l'Archi-
tecture , montre assez qu'il est disficile de se déterminer entièrement pour un Auteur à l'exclusion
de tous les autres: les uns paroissent avoir réussi dans le meilleur choix sur le Dorique , d'autres
siir le Ionique , ou sur le Corinthien.
La connoissance des Monuments Grecs que ces Auteurs n'avoient pas, nous offre une
nouvelle manière de nous déterminer : devons nous les imiter servilement? Il y auroit de la par-
tialité à le prétendre. Les Monuments des Grecs sont dans le même cas que ceux des Romains ;
la plus grande partie ont été détruits, & on ne sait plus seulement le lieu où ils étoient sinies ;
mais il en subsiste cependant plusieurs très-magnisiques, de tous les Ordres, dont quelques-uns ont
été élevés du temps de Périclès. Il paroît que ce que l'on peut faire de mieux sur cette matière,
//, Partie, c
d'après les monuments antiques de l'Italie, & les écrits de Vitruve; enfin ceux que l'on pourrait
tirer des seules mesures des Edifices qui subsutent encore dans la Grèce.
Les principes que Vitruve nous donne siir les Ordres, ne doivent pas noussiiffire, parce
que quand on iùpposeroit qu'il eût eu un jugement exquis, & capable de taire le meilleur choix
entre les différentes proportions d'Ordres ou de parties d'Ordre qu'il eût été possible de connoître
de son temps, il n'auroit pu le faire, parce qu'il ne les a pas connus parfaitement. Il nous dit bien,
dans la Préface de son septieme Livre, qu'il avoit tiré la plupart de ses principes des Auteurs Grecs
qui avoient écrit sur l'Architecture ; mais il auroit fallu qu'il eût eu une parfaite connoissance des
. Edifices mêmes, & qu'il les eût désîmes & mesùrés avec la plus grande attention, ce qu'il n'a point fait.
On peut ajouter que les Desseins qui accompagnoient son Livre ayant été perdus, & ayant manques
à ses Commentateurs pour les éclairer sur le texte de son Ouvrage, ils l'ont traduit différemment.
Nous conclurons donc de-là, que les Ordres donnés par Vitruve ne doivent pas être imités généra-
lement , parce qu'il n'a pas eu tous les matériaux nécessaires pour se déterminer sur le meilleur
choix, & parce que nous ne connoissons pas même bien sà véritable doctrine.
Si NOUS ne pouvons nous ssatter d'être entièrement sàtîsraits sur les proportions des Ordres,
par les principes que Vitruve nous donne, devons-nous nous slatter de les trouver dans les Ruines
des Monuments Romains ? j'ose encore regarder cette voie comme fort imparfaite ; car quoique
les Romains ayent pris leur Architecture des Grecs, ils n'ont peut-être pas transporté dans leurs
Monuments toutes les perfections que l'on trouvoit dans ceux des Grecs ; & quand nous serions
assurés qu'ils l'eussent fait, il relie en Italie une si petite quantité de ces Monuments, par rapport à
ceux qui l'ornoient, que les plus précieux nous sont peut-être échappés. Que l'on examine sans
prévention ce qui nous relie dans les Monuments Romains sur l'Ordre Dorique, on n'y trouvera
qu'un exemple, encore cet exemple que l'on voit au Théâtre de Marcellus esl-il condamné par
Vitruve, à cause des denticules qui sont dans Ja corniche ; & les chapiteaux Ioniques que l'on
voit à Rome, paroissent pauvres & défectueux.
L'impersection de ces deux moyens de se déterminer sur le meilleur choix dans les Or-
dres , a été reconnue par les Architectes qui ont contribué au renouvellement des Arts en Italie :
comme ils n'étoient entièrement satisfaits ni par les Ordres qui décorent les Monuments antiques
de Rome, ni par les préceptes de Vitruve, ils tâchèrent de s'aider des uns & des autres, en les
reâifiant, & en y ajoutant même quelque chose de leur invention.
Quelques-uns de ces syflêmes d'Ordres, formés par les plus célèbres Architectes, ont eu
beaucoup de succès ; plusieurs Nations les ont adoptés préférablement aux exemples purs de
l'Antique, ou aux préceptes de Vitruve. Cependant la variété que l'on remarque entre les différentes
proportions d'Ordres qui résultent de cette même manière de former des principes dans l'Archi-
tecture , montre assez qu'il est disficile de se déterminer entièrement pour un Auteur à l'exclusion
de tous les autres: les uns paroissent avoir réussi dans le meilleur choix sur le Dorique , d'autres
siir le Ionique , ou sur le Corinthien.
La connoissance des Monuments Grecs que ces Auteurs n'avoient pas, nous offre une
nouvelle manière de nous déterminer : devons nous les imiter servilement? Il y auroit de la par-
tialité à le prétendre. Les Monuments des Grecs sont dans le même cas que ceux des Romains ;
la plus grande partie ont été détruits, & on ne sait plus seulement le lieu où ils étoient sinies ;
mais il en subsiste cependant plusieurs très-magnisiques, de tous les Ordres, dont quelques-uns ont
été élevés du temps de Périclès. Il paroît que ce que l'on peut faire de mieux sur cette matière,
//, Partie, c