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La Lune — 1.1865

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https://doi.org/10.11588/diglit.6766#0014
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2

LA LUNE

LE DERNIER QUARTIER

[1 ne s'agit pas de celui de M. Pailleron — qu'on se ras-
sure;

Mais bien de celui de la Lune, qui contemple avec mélan-
colie les balivernes qui ne feront pas aller à la postérité l'an
de grâce 1865. •

C'est notre ami Lix, le dessinateur humoristique, qui vous
fait passer, chers lecteurs, la grande revue.

Nous nous mettons bien. Nous avons enlevé au Monde il-
lustré, à Y Univers illustré, au Musée 'les Familles leur collabo-
rateur assidu et favori.

Ce n'est pas de lui qu'on dira (un peu de latin à la clef) :
Et adhw: 'sub judke Lix est.

Il y a longtemps qu'il est jugé comme dessinateur et com-
me peintre.

La Foire de Strasbourg, la Récolte du houblon, YIdylle, du
dernier Salon, ont fait connaître son pinceau.

On y retrouve la teinte douce du germanisme, le soin,
l'amour du détail, panachés d'une forte dose d'esprit fran-
çais.

Total : un artiste usque ad unguem.

En algèbre Vx est l'inconnu. Il n'en est pas de même dans
l'art.

* *

La Lune ne se refuse rien. Girard, le graveur habile, l'in-
terprète de Gavarni, a mis son talent à notre disposition.
Il le fallait!

Le graveur des Français peints par eux-mêmes, du Diable à
Paris, des Contes <T Hoffmann et de vingt autres œuvres po-
pulaires nous a traduit cette page vivante.

On a bien raison de dire qu'il n'y a rien de nouveau sous
le Soleil.

Mais il y a du nouveau sous la Lune.
Nous gâtons nos lecteurs, c'est un tort; mais c'est plus fort
que nous.

Que voulez-vous? on ne se refait pas.

*

El maintenant, marionnettes,
Devant le public ébahi,
Déliiez promptement et laites
Vos saluts et vos pirouettes.
Passez, votre rôle est fini.
Cancans usés, vieilles idoles,
(iuîtés tristes, tristesses folles,
Héros taillés dans le carton,
Drames fourbus et comédies
Par l'art et le bon sens honnies,
Musique, honneur du mirliton,
Allez en tas, ô friperies!
Impuissants, sots et charlatans,
.Moisir, amas méconnaissable,
Dans le mannequin insondable
De ce grand chiffonnier : le Temps !

l'anneau (de saturne).

LE RIVAROL DE LA LUNE

Dieu n'a pas uniquement créé la lune et les étoiles pour
suppléer à l'insuffisance du gaz et éclairer les ténèbres dans
lesquelles semblent plongés et se complaire nos aimables
contemporains.

S'il s'était borné à cette œuvre ridicule, on l'eût assimilé à
un lampiste soumissionnant au rabais l'entreprise de l'éclai-
rage, à l'huile ou au gaz, d'une fête nationale.

Si Dieu a fait la lune, si Dieu a fait les étoiles, c'est qu'il
avait probablement ses raisons pour en agir de la sorte.

L'homme ne meurt pas, il se transforme. Les portiers de
la rue Coquenard et les membres du corps diplomatique re-
naissent de leurs cendres.

Et c'est en cela qu'il leur est donné d'offrir quelque poin

de ressemblance avec le phénix — un oiseau qu'une Compa-
gnie d'assurances contre l'incendie a mis en cage.

Suivant nous, l'homme est appelé à parcourir une série
de planètes ; il passe de Saturne en Vénus, et lorsqu'il est
arrivé en Vénus, il envoie toute sorte de malédictions aux
Velpeau de Saturne qui ont tenté de le retenir bien malgré
lui sur cette planète de misères.

De Vénus, il couve de l'œil le mausolée qu'on lui a élevé
dans les bas-fonds de cette planète, et il se tord les côtes et
les entre-côtes à l'aspect des gens qui répandent des torrents
de larmes sur la croix de bois qui recouvre ses mânes.

Le marbrier — qui avait encore au fond du cœur de la
poésie et un ciseau — lui a fait dire, après sa mort, je l'at-
tends! Dégagé des liens indissolubles forgés par M. le maire,
il fait des vœux pour .que sa femme ait manqué le train — et
lui revienne le plus tard possible embaumée par le procédé
Gannal.

* *

Si nous en croyons les astronomes dont nous recevons les
confidences à nos moments perdus, notre globe ne marche
dans l'ordre planétaire qu'après la lune, et nous n'aurions
ici-bas que les détritus de ses grands hommes.

Rivarol, un bel esprit qui avait habité la lune et qui dai-
gna — bien malgré lui — descendre sur terre , nous fournit
ces précieux documents d'un autre monde.

COURTES BIOGRAPHIES.

Janin (Jules). — Critique sans haine et sans amour,
aussi fluet que rubicond ; nommé membre de l'Académie de
la lune à sa première visite. Malgré tous ses efforts et ses
citations latines, il n'est pas encore parvenu à se faire rece-
voir membre du Caveau.

*

* *

Karr (Alphonse). — Honnête épicier; il a longtemps
pourchassé les gens de lettres qui introduisent de la chicorée
dans leurs œuvres. C'est un original à bon marché, qui cul-
tive les fleurs de rhétorique dans les terrains marécageux où
fleurit le chou de Bruxelles.

* *

Chaulée (Philarète).— Associé de la maison Biétry pour
la fabrication des cachemires littéraires allemands. Il étudie
Goethe dans Lope de Véga, et Lope de Véga dans Goethe.
C'est un polyglotte qui doit une fière chandelle aux Alsaciens.

*

* *

Scholl (Aurélien). — Presbyte à monocle continu. Dé-
teste les cocottes, et pour s'entretenir dans cette haine, il
laisse rarement échapper l'occasion de brûler un grain d'en-
cens épicé sous leur nerf olfactif.

* *

Kock (Paul de). — Le ministre de l'instruction publi-
que de la lune vient de décider que le dernier roman de ce
moraliste, la Pucelle de Belleville, sera donné en prix dans
les pensionnats de demoiselles.

* *

Cloir-ville. — Vaudevilliste sur le retour. Quand on le
joue, les nombreux spectateurs qui se parlent à l'audition de
ses pièces témoignent qu'il y a du monde — dans la salle. En
ce moment, il brigue la collaboration d'un parfumeur.

*

* *

Augier {Emile). — Petit inventeur de comédies qu'on
joue cent fois, et dont la postérité n'entendra plus parler;
grand poëte comique; petit-fils de Pigaull-Lebrun. Marie les
notaires et procure des études — d'après la bosse.

* *

Goncourt (les frères de). — Ces messieurs n'ayant pas
trouvé à glaner dans le champ du réalisme ont suivi tout
bêtement la voie tracée par Molière et par Marivaux.

Des gens sans goût les sifflent de deux jours l'un, sous le
prétexte qu'ils ont introduit dans leur pièce des locutions que
Marivaux tenait en réserve pour une génération plus avancée.

*

* *

Oautier (Théophile). — Se charge du placement des
garçons marchands de vin et des frères de Goncourt.

*

* *

Cousin. — Philosophe—sans le savoir. Sun plus grand
titre de gloire dans la lune, c'est d'avoir traduit Platon... en
police correctionnelle.

Viennet. — Fabuliste; il a pris la suite des affaires de
la Fontaine ; expédie en province et à l'étranger. M. Viennet
fait parler les bêtes. Naguère encore, mieux inspiré, il atten-
dait que les bêtes parlassent.

* *

V îll<-m:iî n. L'un des hommes les plus laids de la lune.
I] cherche en ce moment le moyen d'embellir ses œuvres.

* *

^lill:m<l.— Publie, dans la Lune, te journal le mieux fait
et le mieux imprimé.

Un des Gémeaux.

ELLE ET MOI

Adorable maîtresse! Nous allions ensemble par les rues et los
boulevards comme deux vagabonds..... il taisait nuit. Les réver-
bères et les illuminations des magasins avaient une teinte jaune
et blafarde à faire pitié. Autant de vers luisants alors que les
premiers rayons de l'aurore commencent à dorer les pointes aiguës
et les dômes de nos monuments. Nous cheminions côte à côte,
elle ne disant rien, moi lui récitant du cœur et des lèvres les pro-
testations les plus chaleureuses, les déclarations les plus insensées.

Quelques passants souriaient et haussaient les épaules... Qu'im-
porte '? Elle était rayonnante, et le feu qui jaillissait de ses re-
gards éclairait mes pas et m'inondait de voluptés inconnues.
Elle était si belle et si douce, elle me souriait si tendrement !

Blonde... elle l'est comme la moisson ; de sa tète nue s'échap-
pent en gerbes merveilleuses de longs cheveux lins et soyeux qui
l'encadrent comme dans une auréole de rayons. Le soleil aime à
promener dans cette transparente forêt son regard et sa plus
douce lumière ; moi, j'aimerais à y plonger mes mains, à y en-
fouir ma tête, à y laisser dans un dernier soupir d'amour mon
âme et ma vie.

Combien de fois ne Pavez-vous point vue, la rieuse et folâtre en-
fant, passer, à travers la porte entre-baillée, un petit coin de son
museau doré? Elle nous regardait de son œil curieux, puis de
deux ; peu à peu ses joues veloutées, son petit nez pointu et son
menton à fossette complétaient cette ravissante physionomie. Vous
la regardiez avec admiration; la coquette vous souriait... mais si
pudiquement que les mauvais instincts et les appétits carnassiers
disparaissaient aussitôt... L'esprit tuait la bête : le cœur gonflé,
l'œil humide, vous rêviez longtemps. La folle du logis chevau-
chait sur des étoiles à travers des mondes inconnus. Touchiez-
vous encore à la terre du bout de votre pied? Oui, car je voyais
vos lèvres s'entr'ouvrir, et je vous entendais murmurer quelques
mots: Gloire... bonheur... amour!

Et elle vous souriait encore plus tendrement, et son visage ra-
dieux s'inclinait sur votre front. Que de longues nuits vous avez
passées ainsi... les plus belles, les plus enivrantes, n'est-ce pas?

C'est ma maîtresse!... Oh! mais je ne suis pas jaloux, moi !

* *

C'est ma maîtresse!... Ce soir-là je marchais lentement, lui
parlant toujours.

Elle avait une longue robe bleue, pailletée d'étoiles d'argent eu
fantasques arabesques, en dessins capricieux. Jamais reine ni
souveraine n'eut démarche aussi majestueuse, aussi coquette,
aussi gracieuse. Souple, vive, élancée, elle animait tqut sur son
passage: chacun lui jetait un regard, un sourire.

Cependant envieux et méchants la maudissaient; elle n'enten-
dait seulement pas.

Nous marchions toujours et toujours je lui disais les folies de
mon cœur. J'étais ardent, plein de feu et d'amour; je la voulais à
moi... rien qu'à moi... elle ne disait pas non.

— Pourquoi, cruelle, tant de coquetterie ! pourquoi prodiguer
aux autres ces sourires voluptueux, ces regards enivrants que je
voudrais pour moi seul? Es-tu perfide ou seulement volage, ca-
pricieuse, oublieuse, dévergondée? Qui te force à errer ainsi la
nuit ?

* *

Ah! la nuit, c'est l'heure de tes triomphes, de tes folies et de
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Le rivarol de la lune Elle et moi
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Signatur: "G." und "Carlo Gripp"

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Tronsens, Charles
Entstehungsdatum
um 1865
Entstehungsdatum (normiert)
1860 - 1870
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Angel
Mann <Motiv>
Mond <Motiv>
Frankreich
Karikatur
Frau <Motiv>
Kleidung <Motiv>
Schleppe <Kleidung>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 1.1865, Nr. 3, S. 3_2
 
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