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pareille méthode : ainsi que je l'ai dit pins haut, cette méthode a
été employée pour la vie de Schnoudi par son disciple Visa, et je
l'ai démontré ailleurs;1 je démontrerai de même qu'elle fut encore
employée pour la vie de Pachôme. Je crois que la plupart de ces
traductions abrégées furent faites à Nitrie, et cela pour deux rai-
sons. Les couvents de Nitrie renfermaient, en effet, un grand
nombre de frères qui ne comprenaient la langue copte que dans
le dialecte memphitique, on ne pouvait raisonnablement pas les
priver de l'édification qu'ils auraient goûtée à lire les actions mer-
veilleuses des saints de la Haute-Egypte parce qu'ils ne compre-
naient pas le dialecte en usage dans le Sahid. D'un autre côté la
lecture de ces actions telles que les avaient racontées les auteurs
sahidiques présentait des inconvénients. Les esprits étaient bien
plus échauffés dans le Sahid que clans la vallée des Natrons : la
Basse-Égypte a toujours montré dans les œuvres coptes un tem-
pérament plus sobre d'exagération que la Haute-Egypte, sa sœur.
La conduite des moines à Scété et à Nitrie semble avoir été plus
humaine soit dans les actions qu'on ne peut approuver, soit dans
celles qui ne suscitent aucun blâme et méritent même un étonne-
ment respectueux : les mœurs paraissent y avoir été meilleures.
Dans la Thébaïde au contraire, soit par l'effet du climat, soit par
suite des mortifications plus rigoureuses des moines, les esprits
étaient faibles et les cerveaux approchaient bien près du vide dans
la plupart des ascètes fameux. En outre les règles de la vie mo-
nastique n'étaient pas les mêmes : peu à peu le cénobitisme était
devenu la forme préférée de la vie religieuse dans la Haute-
Egypte, tandis que la règle de Macaire était toujours en vigueur
dans la vallée des Natrons. Les moines de Scété avaient regardé
1. J'ai fait cette démonstration dans la préface des Monuments pour servir à l'his-
toire de VEgypte chrétienne au IV' et V" siècle, publiés dans les Mémoires de la Mis-
sion française du Caire.
pareille méthode : ainsi que je l'ai dit pins haut, cette méthode a
été employée pour la vie de Schnoudi par son disciple Visa, et je
l'ai démontré ailleurs;1 je démontrerai de même qu'elle fut encore
employée pour la vie de Pachôme. Je crois que la plupart de ces
traductions abrégées furent faites à Nitrie, et cela pour deux rai-
sons. Les couvents de Nitrie renfermaient, en effet, un grand
nombre de frères qui ne comprenaient la langue copte que dans
le dialecte memphitique, on ne pouvait raisonnablement pas les
priver de l'édification qu'ils auraient goûtée à lire les actions mer-
veilleuses des saints de la Haute-Egypte parce qu'ils ne compre-
naient pas le dialecte en usage dans le Sahid. D'un autre côté la
lecture de ces actions telles que les avaient racontées les auteurs
sahidiques présentait des inconvénients. Les esprits étaient bien
plus échauffés dans le Sahid que clans la vallée des Natrons : la
Basse-Égypte a toujours montré dans les œuvres coptes un tem-
pérament plus sobre d'exagération que la Haute-Egypte, sa sœur.
La conduite des moines à Scété et à Nitrie semble avoir été plus
humaine soit dans les actions qu'on ne peut approuver, soit dans
celles qui ne suscitent aucun blâme et méritent même un étonne-
ment respectueux : les mœurs paraissent y avoir été meilleures.
Dans la Thébaïde au contraire, soit par l'effet du climat, soit par
suite des mortifications plus rigoureuses des moines, les esprits
étaient faibles et les cerveaux approchaient bien près du vide dans
la plupart des ascètes fameux. En outre les règles de la vie mo-
nastique n'étaient pas les mêmes : peu à peu le cénobitisme était
devenu la forme préférée de la vie religieuse dans la Haute-
Egypte, tandis que la règle de Macaire était toujours en vigueur
dans la vallée des Natrons. Les moines de Scété avaient regardé
1. J'ai fait cette démonstration dans la préface des Monuments pour servir à l'his-
toire de VEgypte chrétienne au IV' et V" siècle, publiés dans les Mémoires de la Mis-
sion française du Caire.