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la foi qu'elle recevait, l'Egypte embrassa le christianisme dans
une sorte d'accès de ferveur enthousiaste, sans prédications, sans
instruction, ne connaissant guère de la religion nouvelle qu'une
seule chose, le nom du Seigneur Jésus le Messie qui donnait une
vie éternellement heureuse à ceux qui le confessaient. Sans doute,
la ville d'Alexandrie possédait dès lors une église puissamment
organisée, avec un évêque riche, jouissant d'un certain pouvoir;
mais Alexandrie était une exception, on n'aimait pas cette ville
nouvelle dont on ne prononçait jamais que l'ancien nom, et sans
aucun doute il y eut dans la multiplicité des martyrs une sorte
de résistance nationale contre les gouverneurs étrangers. On com-
prend dès lors que l'Egypte, tout en devenant chrétienne, n'ait pas
changé de croyances. Etant donnée la vitalité extraordinaire des
idées et des institutions de l'Egypte, l'immobilité exclusive dans
laquelle est resté ce pays et la vitesse avec laquelle s'opéra sa
conversion, il en devait être ainsi, et il en fut ainsi. Ce change-
ment étant une œuvre populaire, il devait en porter la marque et
il la porte.
Les prêtres égyptiens des temps pharaoniques avaient certaine-
ment, à mon avis, sur les grandes questions religieuses et philoso-
phiques auxquelles l'esprit humain se sent attiré et dont il cher-
chera toujours la solution, des idées vraiment grandes. Ils s'étaient
en particulier élevés sur la nature divine à des conceptions que les
philosophes grecs devaient à peine atteindre plus tard et aux-
quelles nous n'avons rien ajouté. Mais ces grandes et nobles con-
ceptions étaient soigneusement gardées dans le secret des temples
et des écoles de théologie, elles n'étaient jamais tombées dans le
domaine du vulgaire. Le peuple ne dissertait pas sur la nature de
Dieu, il connaissait les différents noms donnés au Dieu myrionyme,
comme disent les textes, Ra, Amen, Ptah, Osiris, Horus, Mentu,
Bes, Khem, Hapi, Isis, Hathor, Sekhet, Neit, et les autres; dans
la foi qu'elle recevait, l'Egypte embrassa le christianisme dans
une sorte d'accès de ferveur enthousiaste, sans prédications, sans
instruction, ne connaissant guère de la religion nouvelle qu'une
seule chose, le nom du Seigneur Jésus le Messie qui donnait une
vie éternellement heureuse à ceux qui le confessaient. Sans doute,
la ville d'Alexandrie possédait dès lors une église puissamment
organisée, avec un évêque riche, jouissant d'un certain pouvoir;
mais Alexandrie était une exception, on n'aimait pas cette ville
nouvelle dont on ne prononçait jamais que l'ancien nom, et sans
aucun doute il y eut dans la multiplicité des martyrs une sorte
de résistance nationale contre les gouverneurs étrangers. On com-
prend dès lors que l'Egypte, tout en devenant chrétienne, n'ait pas
changé de croyances. Etant donnée la vitalité extraordinaire des
idées et des institutions de l'Egypte, l'immobilité exclusive dans
laquelle est resté ce pays et la vitesse avec laquelle s'opéra sa
conversion, il en devait être ainsi, et il en fut ainsi. Ce change-
ment étant une œuvre populaire, il devait en porter la marque et
il la porte.
Les prêtres égyptiens des temps pharaoniques avaient certaine-
ment, à mon avis, sur les grandes questions religieuses et philoso-
phiques auxquelles l'esprit humain se sent attiré et dont il cher-
chera toujours la solution, des idées vraiment grandes. Ils s'étaient
en particulier élevés sur la nature divine à des conceptions que les
philosophes grecs devaient à peine atteindre plus tard et aux-
quelles nous n'avons rien ajouté. Mais ces grandes et nobles con-
ceptions étaient soigneusement gardées dans le secret des temples
et des écoles de théologie, elles n'étaient jamais tombées dans le
domaine du vulgaire. Le peuple ne dissertait pas sur la nature de
Dieu, il connaissait les différents noms donnés au Dieu myrionyme,
comme disent les textes, Ra, Amen, Ptah, Osiris, Horus, Mentu,
Bes, Khem, Hapi, Isis, Hathor, Sekhet, Neit, et les autres; dans