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Mallet: Reflexions sur la guerre, que Jules César fit aux anciens Suisses ou Helvétiens
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.5548#0123
64 ' • REFLEXIONS SUR LÄ GUERRE
blable. L'âge , où l'on peut porter les armes étoît celui, où l'on
pouvoit déjà délibérer, avec un droit égal à celui des vieillards,
sur les intérêts les plus saerés de l'Etat. Les Chefs n'étoient élus,
que pour un an seulement. S'ils n'étoient pas confirmés l'année
suivante, il en falloit élire d'autres, & ainli chaque année les fa-
ctions se rallumoient avec une nouvelle fureur, pour faire nom-
mer des chefs, qui fusfent à leur gré, & pour élever ou appaiser
quelques familles puisiantes.
L'asTemblée souveraine se tenoit tous les Printems , & après
que les élections étoient faites, on y traitoit avec aurïi peu de.tran-
quilité des matières les plus importantes de la paix, de la guerre,
des alliances , des loix, des jugements. Chacun avoit droit, de
proposer son avis. Chacun s'agitoit pour le faire prévaloir. Les
brigues, les promesses, les menaces, souvent les violences mê-
mes étoient employées tour à tour par les differens partis , d'où
il resultoit, que la multitude toujours en fermentation, quand
elle est réunie, étoit pousTée tantôt dans un sens, tantôt dans un
autre, par ceux, qui savoient l'art trop facile de l'aveugler sur
les vrais intérêts, & de la faire servir aux leurs.
Tel étoit sans doute cet Orgctorix, qui, dirigé par des vues
ambitieuses, sut saire goûter à sa nation le projet, qui fut la cause
de sa perte. S'il y avoit eu chez elle, comme il y a de nos jours
chez les Républiques les plus sages de la Suisse, un Sénat per-
manent révêtu d'un pouvoir sussisant, pour resister aux volon-
tés d'un citoyen accrédité, pour arrêter la sougue passagère d'une
multitude échausfée, croit-on, (\\x Orgctorix eut réusïïà entraîner
ses compatriotes dans le précipice, qui les atteudoit, & que le
plus téméraire des projets n'eut pas été accueilli avec le mépris
ou l'indignation, qu'il méritoit? S'il y eut eu, comme aujour-
d'hui, un Sénat respccté, chargé de pourrai vre les auteurs des
blable. L'âge , où l'on peut porter les armes étoît celui, où l'on
pouvoit déjà délibérer, avec un droit égal à celui des vieillards,
sur les intérêts les plus saerés de l'Etat. Les Chefs n'étoient élus,
que pour un an seulement. S'ils n'étoient pas confirmés l'année
suivante, il en falloit élire d'autres, & ainli chaque année les fa-
ctions se rallumoient avec une nouvelle fureur, pour faire nom-
mer des chefs, qui fusfent à leur gré, & pour élever ou appaiser
quelques familles puisiantes.
L'asTemblée souveraine se tenoit tous les Printems , & après
que les élections étoient faites, on y traitoit avec aurïi peu de.tran-
quilité des matières les plus importantes de la paix, de la guerre,
des alliances , des loix, des jugements. Chacun avoit droit, de
proposer son avis. Chacun s'agitoit pour le faire prévaloir. Les
brigues, les promesses, les menaces, souvent les violences mê-
mes étoient employées tour à tour par les differens partis , d'où
il resultoit, que la multitude toujours en fermentation, quand
elle est réunie, étoit pousTée tantôt dans un sens, tantôt dans un
autre, par ceux, qui savoient l'art trop facile de l'aveugler sur
les vrais intérêts, & de la faire servir aux leurs.
Tel étoit sans doute cet Orgctorix, qui, dirigé par des vues
ambitieuses, sut saire goûter à sa nation le projet, qui fut la cause
de sa perte. S'il y avoit eu chez elle, comme il y a de nos jours
chez les Républiques les plus sages de la Suisse, un Sénat per-
manent révêtu d'un pouvoir sussisant, pour resister aux volon-
tés d'un citoyen accrédité, pour arrêter la sougue passagère d'une
multitude échausfée, croit-on, (\\x Orgctorix eut réusïïà entraîner
ses compatriotes dans le précipice, qui les atteudoit, & que le
plus téméraire des projets n'eut pas été accueilli avec le mépris
ou l'indignation, qu'il méritoit? S'il y eut eu, comme aujour-
d'hui, un Sénat respccté, chargé de pourrai vre les auteurs des