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Mallet: Reflexions sur la guerre, que Jules César fit aux anciens Suisses ou Helvétiens
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DE *sULES CESAR CONTRE LES SUISSES. 65
délits publics, & assèz puisTanfc, pour ne pas craindre de les pu-
nir, le jugement de cet ambitieux eut-il jette sa République dans
la confusion, & eut-il été néeesiaire de recourir à la violence,
pour faire un acte de juftiee?
Comment une Nation pouvoit-elle profpérer & se multiplier
lorsque l'administration de la justice, cette bafe de toute la tran-
quillité intérieure des États étoit entre les mains de la multitude.
Car cetoit le peuple, qui jugeoit par lui même chez nos ancê-
tres, c'est à dire, que toutes les caufes d'une certaine importan-
ce étoient portées devant les grandes afîembiées annuelles. Là
c'étoient les cabales, la corruption, la violence même, qui di-
stoient les arrêts. Les soibles seuls les recevoient avec docili-
té: les pumans en appelloient souvent à leur épée. Il n'y avoit
gueres de loix sixes & durables. La volonté de la multitude
saifoit la loi pour le moment. Une autre volonté la renverfoit.
Des Magistrats élus pour un an dévoient nécessàirement fe sou-
mettre à tous ses caprices, s'ils vouloient lui redemander l'an-
née suivante une nouvelle saveur. Ceux qui difposoient de cette
saveur fi changeante, fi incertaine, étoient donc les vrais arbitres,
les maîtres de la Nation. Ainfi il n'y avoit que bien peu d'hom-
mes libres fous ce Regime prétendu si libre. Le peuple, c'est-à-
dire, les trois quarts de la Nation étoit toujours efclave, & les
chefs des ûiéHons opposées ne jouinoient pas longtems d'un em-
pire toujours envié, toujours dilputô, 6k qu'il falloit môme ache-
ter par mille complaifances pénibles, pendant le peu de tems
qu'il duroit.
Il n'y avoit d'ailleurs aucun lien folide entre les membres de
cette confédération Helvétique, qui doit aujourd'hui tant de pro-
fpérité à fon union. Chacun des quatre Cantons, dont elle
étoit alors compofée, pouvoit feul & féparément s'engager dans
I
délits publics, & assèz puisTanfc, pour ne pas craindre de les pu-
nir, le jugement de cet ambitieux eut-il jette sa République dans
la confusion, & eut-il été néeesiaire de recourir à la violence,
pour faire un acte de juftiee?
Comment une Nation pouvoit-elle profpérer & se multiplier
lorsque l'administration de la justice, cette bafe de toute la tran-
quillité intérieure des États étoit entre les mains de la multitude.
Car cetoit le peuple, qui jugeoit par lui même chez nos ancê-
tres, c'est à dire, que toutes les caufes d'une certaine importan-
ce étoient portées devant les grandes afîembiées annuelles. Là
c'étoient les cabales, la corruption, la violence même, qui di-
stoient les arrêts. Les soibles seuls les recevoient avec docili-
té: les pumans en appelloient souvent à leur épée. Il n'y avoit
gueres de loix sixes & durables. La volonté de la multitude
saifoit la loi pour le moment. Une autre volonté la renverfoit.
Des Magistrats élus pour un an dévoient nécessàirement fe sou-
mettre à tous ses caprices, s'ils vouloient lui redemander l'an-
née suivante une nouvelle saveur. Ceux qui difposoient de cette
saveur fi changeante, fi incertaine, étoient donc les vrais arbitres,
les maîtres de la Nation. Ainfi il n'y avoit que bien peu d'hom-
mes libres fous ce Regime prétendu si libre. Le peuple, c'est-à-
dire, les trois quarts de la Nation étoit toujours efclave, & les
chefs des ûiéHons opposées ne jouinoient pas longtems d'un em-
pire toujours envié, toujours dilputô, 6k qu'il falloit môme ache-
ter par mille complaifances pénibles, pendant le peu de tems
qu'il duroit.
Il n'y avoit d'ailleurs aucun lien folide entre les membres de
cette confédération Helvétique, qui doit aujourd'hui tant de pro-
fpérité à fon union. Chacun des quatre Cantons, dont elle
étoit alors compofée, pouvoit feul & féparément s'engager dans
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