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Forster: Du Phénix
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.5548#0483
434 DU PHENIX.
& à la chair boucannée, nous pussions inventer de nouvelles My-
thologies, nous n'en sommes pas plus avancés dans l'explication
de la queltion que j'ai proposée. On auroit beau admettre, que
la fable nacquit de l'oisiveté des premiers sauvages, qui peuplèrent
le monde, on n'en comprendroit pas mieux, comment une poile-
rité plus éclairée, au lieu derepousser avec dédain les solies de ses
pères, se soit obstinée à les embellir de tous les sleurons de l'ima-
gination, & aies perpétuer même aux dépens de son propre bien
être?
Posons, par exemple', que Phistoire du jeune Atys, qui se
priva de sa virilité, dans un accès de sureur, sut de l'invention de
quelque Phrygien barbare, est-il bien vraisemblable que les prêtres
de Cybêle se soient prêtés à une opération très-réelle, pour conser-
ver la mémoire d'une chanson? Ceux qui attribuent toutes les cé-
rémonies du culte payen à la malheureuse ambition de vouloir rég-
ner, à l'envie de sasciner le peuple par la sraude religieuse, nous
persuaderont dissicilement, qu'on ait jamais acheté cette jouissance
au prix d'un sacrifice, qui dépouilloit l'homme de tous les rapports
qu'il pouvoit avoir avec la Nature? Oseroit-on soutenir de bonne-
soi, que pour être ambitieux, il faut cesser d'être homme, &ne
seroit-ce pas là comme dit le satyrique Iuvenal : projeter vitam, vi*
vendijoerdere causass
Je tombe d'accord, que le sanatisme qui a causé tant d'énormi-
tés, pouvoit produire entr'autre un phénomène plus innocent, c'eft
à dire qu'il pouvoit armer la main de ces prêtres contre eux mêmes,
pour consoler leurDéesse éperdue; mais il s'agit de trouver un mo-
tis alsez puhTant pour exciter ce sanatisme, & pour le déterminer
en aétions qui répugnent à la Nature. Car dire que les hommes
& à la chair boucannée, nous pussions inventer de nouvelles My-
thologies, nous n'en sommes pas plus avancés dans l'explication
de la queltion que j'ai proposée. On auroit beau admettre, que
la fable nacquit de l'oisiveté des premiers sauvages, qui peuplèrent
le monde, on n'en comprendroit pas mieux, comment une poile-
rité plus éclairée, au lieu derepousser avec dédain les solies de ses
pères, se soit obstinée à les embellir de tous les sleurons de l'ima-
gination, & aies perpétuer même aux dépens de son propre bien
être?
Posons, par exemple', que Phistoire du jeune Atys, qui se
priva de sa virilité, dans un accès de sureur, sut de l'invention de
quelque Phrygien barbare, est-il bien vraisemblable que les prêtres
de Cybêle se soient prêtés à une opération très-réelle, pour conser-
ver la mémoire d'une chanson? Ceux qui attribuent toutes les cé-
rémonies du culte payen à la malheureuse ambition de vouloir rég-
ner, à l'envie de sasciner le peuple par la sraude religieuse, nous
persuaderont dissicilement, qu'on ait jamais acheté cette jouissance
au prix d'un sacrifice, qui dépouilloit l'homme de tous les rapports
qu'il pouvoit avoir avec la Nature? Oseroit-on soutenir de bonne-
soi, que pour être ambitieux, il faut cesser d'être homme, &ne
seroit-ce pas là comme dit le satyrique Iuvenal : projeter vitam, vi*
vendijoerdere causass
Je tombe d'accord, que le sanatisme qui a causé tant d'énormi-
tés, pouvoit produire entr'autre un phénomène plus innocent, c'eft
à dire qu'il pouvoit armer la main de ces prêtres contre eux mêmes,
pour consoler leurDéesse éperdue; mais il s'agit de trouver un mo-
tis alsez puhTant pour exciter ce sanatisme, & pour le déterminer
en aétions qui répugnent à la Nature. Car dire que les hommes