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https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/monatshefte_kunstwissenschaft1909/0251
P. Lafond. Alonso Cano
243
sujet de Benvenuto Cellini avec lequel il a plus d'un point de contact: «Les hommes
uniques dans leur profession ne doivent pas etre soumis aux lois.»
Neanmoins, ce violent est un contemplatif; ce tapageur, un silencieux. Dans
ces Castilles retardees dans leur evolution par les guerres contre leurs conquerants de
jadis, seul peut-etre de sa race, il est pitoyable. Sa charite est sans bornes.
Apres avoir vide son escar-
celle entre les mains des pauvres,
il leur donne encore une ceuvre
de son intelligence, une ebauche,
un dessin crayonne ä la häte dont
ils trouveront facilement la vente.
Quoi de plus noble, de plus pro-
fondement chretien!
Un autre temoignage de sa
bonte, c'est l'interet et l'affection
qu'il porta constamment ä ses ap-
prentis, ä ses aides, ä ses eleves,
venant ä leur secours dans les
difficultes de l'existence, les recom-
mandant chaudement aux per-
sonnes capables de leur fournir
des travaux, inspirant leurs ou-
vrages, leur en procurant le modele,
les retouchant et les achevant
meme.
Au point de vue technique
Alonso Cano est un des meilleurs
peintres qu'ait produit l'Andalousie.
Nul n'a plus fidelement dessine, ni
pousse plus loin l'execution des
extremites; les pieds et les mains
de ses personnages sont impec-
cables. Ses nus sont d'un modele
des mieux ressentis, sans exage-
rations ni soulignements intempes-
A. CANO: La Vierge adorant son divin fils
Madrid, Musee du Prado
tifs; ses draperies temoignent d'une liberte et d'une elegance encore inconnues aux ecoles
espagnoles. Son coloris manque peut-etre parfois de puissance, quand il s'abandonne,
car il est journalier; mais il demeure toujours riche, chaud et lumineux. Pas un
maitre de son pays n'a autant simplifie ses compositions, souvent meme, elles se
reduisent ä une seule figure; le decor y tient toujours fort peu de place, le pittoresque
de l'instant en est soigneusement banni ou reduit ä sa plus simple expression. Il a
l'horreur de la violence du geste, c'est un artiste en dedans, ä l'inverse d'autres que
l'on peut qualifier d'artistes en dehors.
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sujet de Benvenuto Cellini avec lequel il a plus d'un point de contact: «Les hommes
uniques dans leur profession ne doivent pas etre soumis aux lois.»
Neanmoins, ce violent est un contemplatif; ce tapageur, un silencieux. Dans
ces Castilles retardees dans leur evolution par les guerres contre leurs conquerants de
jadis, seul peut-etre de sa race, il est pitoyable. Sa charite est sans bornes.
Apres avoir vide son escar-
celle entre les mains des pauvres,
il leur donne encore une ceuvre
de son intelligence, une ebauche,
un dessin crayonne ä la häte dont
ils trouveront facilement la vente.
Quoi de plus noble, de plus pro-
fondement chretien!
Un autre temoignage de sa
bonte, c'est l'interet et l'affection
qu'il porta constamment ä ses ap-
prentis, ä ses aides, ä ses eleves,
venant ä leur secours dans les
difficultes de l'existence, les recom-
mandant chaudement aux per-
sonnes capables de leur fournir
des travaux, inspirant leurs ou-
vrages, leur en procurant le modele,
les retouchant et les achevant
meme.
Au point de vue technique
Alonso Cano est un des meilleurs
peintres qu'ait produit l'Andalousie.
Nul n'a plus fidelement dessine, ni
pousse plus loin l'execution des
extremites; les pieds et les mains
de ses personnages sont impec-
cables. Ses nus sont d'un modele
des mieux ressentis, sans exage-
rations ni soulignements intempes-
A. CANO: La Vierge adorant son divin fils
Madrid, Musee du Prado
tifs; ses draperies temoignent d'une liberte et d'une elegance encore inconnues aux ecoles
espagnoles. Son coloris manque peut-etre parfois de puissance, quand il s'abandonne,
car il est journalier; mais il demeure toujours riche, chaud et lumineux. Pas un
maitre de son pays n'a autant simplifie ses compositions, souvent meme, elles se
reduisent ä une seule figure; le decor y tient toujours fort peu de place, le pittoresque
de l'instant en est soigneusement banni ou reduit ä sa plus simple expression. Il a
l'horreur de la violence du geste, c'est un artiste en dedans, ä l'inverse d'autres que
l'on peut qualifier d'artistes en dehors.