244 Monatshefte für Kunstwissenschaft
II s'est cree une sorte de type de beaute feminine qui donne ä ses Vierges et
ä ses Saintes, un air de famille. Toutes montrent un large front, des yeux volles et
quelque peu vagues, un nez droit, des joues pleines, la bouche petite et le menton
rond. Son procede, emprunte jusqu'ä un certain point ä Venise, comme d'ailleurs celui
de la plupart des maitres andalous, est des plus simples, des moins secrets. Il fait
d'ordinaire surgir ses figures en clair sur des valeurs brunes, avivant les lumieres
d'une sorte de blanc crayeux ä l'instar de Zurbaran, usant pour les ombres des etoffes,
d'un bleu assombri et pour les fonds, d'une sorte d'ocre rougeätre tirant sur le brun.
Quelque etrange que la constatation en puisse paraitre, Alonso Cano est sans
contredit, le moins naturaliste des maitres espagnols de son temps, celui dont les
tendances se rapprochent le plus du style florentin de la grande epoque et meme
du caractere antique.
Chez Alonso Cano, le sculpteur est encore au-dessus du peintre; ses statues
et ses bas-reliefs sont d'une forme et d'une correction irreprochables.
L'antiquite, qu'il ne connaissait cependant que fort imparfaitement, l'a garde de
1'exageration de mouvements habituelle ä la sculpture iberique. Dans ses figures,
la recherche des formes pures et nobles, la simplicite des attitudes, la sobriete des
gestes, le naturel de l'aspect, l'elegance des ajustements, ont ete une nouveaute ignoree
de l'ecole espagnole. Tont cela joint au sentiment de la vie, ä l'expression religieuse que
le maitre possedait au supreme degre, lui a fait produire des ceuvres dignes de la
plus profonde admiration.
Nous ne pouvons, ä notre grand regret, adresser ä l'architecte, les memes eloges
qu'au peintre et au sculpteur. Ses fastueux retables, malgre un certain sens de-
coratif, restent lourds, communs et hors de proportion. Ils se ressentent de ce
deplorable baroquisme qui devait bientöt regner en maitre inconteste dans la
peninsule et c'est cependant par eux que l'artiste etablit sa reputation. Il s'exer^a
aussi dans la gravure, mais on ne connait de lui qu'une seule estampe, excellente ä
la verite, laissant regretter qu'il n'ait pas plus frequemment manie le cuivre. C'est un
Saint Francois d'Assise de dimensions des plus reduites.
Alonso Cano naquit ä Grenade le 19 mars 1601, ainsi qu'il appert des registres
de la paroisse de San Ildefonso oh il fut baptise. Il etait donc le cadet d'un an de
Velazquez, celui de trois ans de Zurbaran. Son pere, Miguel Cano, constructeur de
retables, etait originaire du bourg d'Almodovar del Campo, dans la Manche; sa mere,
Maria de Almansa avait vu le jour dans le village voisin de Villarobledo, de la
meme province.
Manuel Cano enseigna ä son fils son metier touchant ä l'art par bien des cotes,
puisqu'il consistait ä elever ces autels ä plusieurs corps, en bois assembles, peints et
dores que l'on rencontre dans la plupart des eglises d'Espagne, veritables monuments
d'architecture, montant bien souvent jusqu'ä leurs voütes. L'artisan, des plus experts,
ne tarda pas ä se rendre compte des grandes dispositions de son fils pour le dessin
et c'est probablement pour lui en faciliter l'etude qu'il quitta Grenade et vint avec les
siens se fixer ä Seville oü le peintre Juan de Castillo lui avait assure qu'il trouverait
ä s'occuper avantageusement. Alonso Cano entra alors dans l'atelier du celebre
II s'est cree une sorte de type de beaute feminine qui donne ä ses Vierges et
ä ses Saintes, un air de famille. Toutes montrent un large front, des yeux volles et
quelque peu vagues, un nez droit, des joues pleines, la bouche petite et le menton
rond. Son procede, emprunte jusqu'ä un certain point ä Venise, comme d'ailleurs celui
de la plupart des maitres andalous, est des plus simples, des moins secrets. Il fait
d'ordinaire surgir ses figures en clair sur des valeurs brunes, avivant les lumieres
d'une sorte de blanc crayeux ä l'instar de Zurbaran, usant pour les ombres des etoffes,
d'un bleu assombri et pour les fonds, d'une sorte d'ocre rougeätre tirant sur le brun.
Quelque etrange que la constatation en puisse paraitre, Alonso Cano est sans
contredit, le moins naturaliste des maitres espagnols de son temps, celui dont les
tendances se rapprochent le plus du style florentin de la grande epoque et meme
du caractere antique.
Chez Alonso Cano, le sculpteur est encore au-dessus du peintre; ses statues
et ses bas-reliefs sont d'une forme et d'une correction irreprochables.
L'antiquite, qu'il ne connaissait cependant que fort imparfaitement, l'a garde de
1'exageration de mouvements habituelle ä la sculpture iberique. Dans ses figures,
la recherche des formes pures et nobles, la simplicite des attitudes, la sobriete des
gestes, le naturel de l'aspect, l'elegance des ajustements, ont ete une nouveaute ignoree
de l'ecole espagnole. Tont cela joint au sentiment de la vie, ä l'expression religieuse que
le maitre possedait au supreme degre, lui a fait produire des ceuvres dignes de la
plus profonde admiration.
Nous ne pouvons, ä notre grand regret, adresser ä l'architecte, les memes eloges
qu'au peintre et au sculpteur. Ses fastueux retables, malgre un certain sens de-
coratif, restent lourds, communs et hors de proportion. Ils se ressentent de ce
deplorable baroquisme qui devait bientöt regner en maitre inconteste dans la
peninsule et c'est cependant par eux que l'artiste etablit sa reputation. Il s'exer^a
aussi dans la gravure, mais on ne connait de lui qu'une seule estampe, excellente ä
la verite, laissant regretter qu'il n'ait pas plus frequemment manie le cuivre. C'est un
Saint Francois d'Assise de dimensions des plus reduites.
Alonso Cano naquit ä Grenade le 19 mars 1601, ainsi qu'il appert des registres
de la paroisse de San Ildefonso oh il fut baptise. Il etait donc le cadet d'un an de
Velazquez, celui de trois ans de Zurbaran. Son pere, Miguel Cano, constructeur de
retables, etait originaire du bourg d'Almodovar del Campo, dans la Manche; sa mere,
Maria de Almansa avait vu le jour dans le village voisin de Villarobledo, de la
meme province.
Manuel Cano enseigna ä son fils son metier touchant ä l'art par bien des cotes,
puisqu'il consistait ä elever ces autels ä plusieurs corps, en bois assembles, peints et
dores que l'on rencontre dans la plupart des eglises d'Espagne, veritables monuments
d'architecture, montant bien souvent jusqu'ä leurs voütes. L'artisan, des plus experts,
ne tarda pas ä se rendre compte des grandes dispositions de son fils pour le dessin
et c'est probablement pour lui en faciliter l'etude qu'il quitta Grenade et vint avec les
siens se fixer ä Seville oü le peintre Juan de Castillo lui avait assure qu'il trouverait
ä s'occuper avantageusement. Alonso Cano entra alors dans l'atelier du celebre