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Luynes, Honoré Théodore Paul Joseph d'Albert de: Amphore du couvent de Saint-Philippe de Neri: les amazones dans l'̂île de Leucé et les gaulois à Delphes
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.9422#0014
4 I. AMPHORE DU COUVENT
Il nous semble que les deux compositions de la face prin-
cipale sont en rapport par l'analogie de leurs sujets religieux.
Dans la scène supérieure, nous reconnaissons les Amazones
qui, ayant envahi l'ile de Leucé, attaquèrent la chapelle sa-
crée d'Achille. Mais l'ombre du héros leur apparut terrible
comme sur les bords du Scamandre. Son aspect inspira une
telle frayeur aux coursiers des Amazones que ces femmes
guerrières furent renversées, foulées aux pieds et déchirées,
sans avoir pu accomplir leur audacieux projet (1).
Dans le grand tableau, nous voyons les Gaulois repoussés
de Delphes par les ombres des héros Hyperochus, Laodocus,
Pyrrhus et Phylacus. Pan intervient pour jeter l'effroi dans
l'âme des agresseurs sacrilèges, comme on le vit paraître
avant la bataille de Marathon (2). Minerve et Diane assistent
au combat, et veillent à la conservation du sanctuaire.
La principale objection qui nous sera faite reposera, sans
doute, sur le peu de différence qu'on remarque entre le cos-
tume des Gaulois et celui d'un héros grec -, mais si l'on observe
que ce vase a été peint dans les montagnes du Bruttium , par
un artiste médiocre, qui ne devait pas connaître les Gaulois
autrement que de nom, on s'étonnera peu de le voir n'intro-
- duire aucun costume exact dans l'image de ces peuples éloi-
gnés, dont, sur les monuments, la nudité est souvent le
caractère distinclif.
On ajoutera peut-être que les déesses, assises près du
faite du temple, n'ont aucun attribut qui caractérise Diane et
Minerve. Je reviendrai sur cette difficulté, qui me semble
tranchée par Diodore. Je demande à fixer d'abord l'atten-
tion des archéologues sur les autres personnages, et sur quel-
ques faits particuliers remarquables dans l'image qui nous
occupe.
Si, dans la frise, le héros combattant l'Amazone est Achille,
(1) Philostrat., Heroic, p. 262, éd. Boissonnade.
(2) Herodot, lib. VI, c. 105. — Pausan., lib. X, c. 23, 5. Cf. Eckhell,
Monnaies d'Antigone-Gonalas. (Docl, JYum. Fet., t. II, p. 123, 125.)
Il nous semble que les deux compositions de la face prin-
cipale sont en rapport par l'analogie de leurs sujets religieux.
Dans la scène supérieure, nous reconnaissons les Amazones
qui, ayant envahi l'ile de Leucé, attaquèrent la chapelle sa-
crée d'Achille. Mais l'ombre du héros leur apparut terrible
comme sur les bords du Scamandre. Son aspect inspira une
telle frayeur aux coursiers des Amazones que ces femmes
guerrières furent renversées, foulées aux pieds et déchirées,
sans avoir pu accomplir leur audacieux projet (1).
Dans le grand tableau, nous voyons les Gaulois repoussés
de Delphes par les ombres des héros Hyperochus, Laodocus,
Pyrrhus et Phylacus. Pan intervient pour jeter l'effroi dans
l'âme des agresseurs sacrilèges, comme on le vit paraître
avant la bataille de Marathon (2). Minerve et Diane assistent
au combat, et veillent à la conservation du sanctuaire.
La principale objection qui nous sera faite reposera, sans
doute, sur le peu de différence qu'on remarque entre le cos-
tume des Gaulois et celui d'un héros grec -, mais si l'on observe
que ce vase a été peint dans les montagnes du Bruttium , par
un artiste médiocre, qui ne devait pas connaître les Gaulois
autrement que de nom, on s'étonnera peu de le voir n'intro-
- duire aucun costume exact dans l'image de ces peuples éloi-
gnés, dont, sur les monuments, la nudité est souvent le
caractère distinclif.
On ajoutera peut-être que les déesses, assises près du
faite du temple, n'ont aucun attribut qui caractérise Diane et
Minerve. Je reviendrai sur cette difficulté, qui me semble
tranchée par Diodore. Je demande à fixer d'abord l'atten-
tion des archéologues sur les autres personnages, et sur quel-
ques faits particuliers remarquables dans l'image qui nous
occupe.
Si, dans la frise, le héros combattant l'Amazone est Achille,
(1) Philostrat., Heroic, p. 262, éd. Boissonnade.
(2) Herodot, lib. VI, c. 105. — Pausan., lib. X, c. 23, 5. Cf. Eckhell,
Monnaies d'Antigone-Gonalas. (Docl, JYum. Fet., t. II, p. 123, 125.)