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aux Mufes.
L A P O R T E
CAPENE, APPIE, CAMOENE, FONTINALE, MADIDE,
aujourd'hui de S. SEBASTIEN.
A Porte C a p en e suit la Latine. Solin nous aprend d'où elle avoit tiré ce Nom : Le
Roi Italiens, dit-il, s'étant rendu de Sicile auprès de garnis, avec le Peuple de Saragoffe,
bâtît, par [on con/eil, une Ville dam le voifinage d'Aile , & il l'apella Capene , d'où la
Porte Capene prit enfuite [on Nom. Le Grammairien Servius en donne la même Ety-
mologie sur ces deux mots de Virgile, Luco[que Capenos,{Lib.V\\. JEn. s. 682.) Asco-
nius Pedianus ajoute, qu'il y avoit hors de cette Porte un Bocage & un Temple confieré
Quoi qu'il en soit, l'origine de ce Nom est allez incertaine, puis qu'il y en a d'autres
qui le font venir des Capenates, Peuple du Pais Latin, ou du Fleuve Capenas.
Les Poètes Romains parlent souvent de cette Porte: Properce (Lib. IV. Eleg. 3. f.penult.)
Armaque cum tulero Portae votiva Capenae.
C'est-à-dire, Lors que je confiererai mes Trophées a la Porte Capene.
Juvenal(&tf.IÏI.u n.)
Subfinit ad voter es Arcus, madidamque Capenam.
C'est-à-dire, Il s'arrêta tout auprès de l'ancien Aqueduc , & de l'humide Capene. Sur quoi l'ancien
Scholiaste remarque, Que cette Porte étoit apellée humide, par ce, dit-il, qu'ily avoit au defus un Jque-
duc , qu'on apelle aujourd'hui l'Arc dégoûtant.
Martial (Lib. IV. Epigr. 47.)
Capena grandi Torta quapluit gutta.
C'est- à-dire, La grande Torte Capene, d'où il tombe des goûtes d'eau.
Elle s'apelloit A p p 1 e de la Voie de ce Nom, qui la traversoit. Frontin la place dans cette même
Voie, lors qu'il dit, {De Aquaduâibus Lib. I.) Le Cenfeur Appius sit paver la Voie Appie depuis la Por-
te Capene jufiues a Capoue.
Quelques uns Papelloient aussi la Porte Camoene, parce qu'il y avoit hors de cette Porte un
Temple consacré aux Muses, (en Latin Camœnœ ;) à ce que témoignent Asconius Pedianus, Servius,
Viaor, ôcSext. Rufus.
Elle tiroit le Nom de FoNTiNALE,àce que prétendent quelques uns, de la quantité des Fon-
taines qu'il y avoit.
Juvenal lui donne le titre de M a d i d e , ou à'humide, ou parce qu'elle étoit située dans un terrain
bas & humide, ou à cause de l'Aqueduc qui panoit au-dessùs. Il semble que Ciceron adopte la pre-
mière origine, lors qu'il écrit à son Frère Quintus [Lib. III. Epifl. 7.) Il y a une fileté prodigieufe à Ro-
me, jur tout vers la Porte Appie, du cêté du Champ de éAïars ; il n'y a plus de promenade pour les Goû-
teux , on ne voit que Jardins, ou Cabarets, & une grande quantité d'eau ju[ques à la Toiffomierie.
Onl'apelle aujourd'hui la Porte de S. Sebastien, parce qu'il faut la traverser, pour se rendre à
l'Eglise conlàcrée à ce Saint.
D'ailleurs, la parde intérieure de cette Porte, qu'on voit ici representée dans l'Estampe, & qui sub-
liste encore aujourd'hui, est d'une û belle stru&ure, qu'on croit que c'est un reste d'un Arc de Trajan.
Du moins, Donat (Lib. III. cap. 13.) remarque, dans là Rome , après Vidor, qu'il y avoit dans ce
Quartier de la Ville, un Arc de Trajan, différent de celui qu'on voit dans la Place de cet Empereur.
Ajoutez à ceci que le Canal de l'Aqueduc paûe au destus de cette Porte, & conduit sts eaux jusqu'aux
Bains d'Antonin, & au Mont Aventin : quoi que les Romains n'eustènt pas accoutumé de placer des Por-
tes au denous des Aqueducs, comme nous l'avons déjà remarqué dans la Description de la Porte Majeure.
Tome I. L LA
aux Mufes.
L A P O R T E
CAPENE, APPIE, CAMOENE, FONTINALE, MADIDE,
aujourd'hui de S. SEBASTIEN.
A Porte C a p en e suit la Latine. Solin nous aprend d'où elle avoit tiré ce Nom : Le
Roi Italiens, dit-il, s'étant rendu de Sicile auprès de garnis, avec le Peuple de Saragoffe,
bâtît, par [on con/eil, une Ville dam le voifinage d'Aile , & il l'apella Capene , d'où la
Porte Capene prit enfuite [on Nom. Le Grammairien Servius en donne la même Ety-
mologie sur ces deux mots de Virgile, Luco[que Capenos,{Lib.V\\. JEn. s. 682.) Asco-
nius Pedianus ajoute, qu'il y avoit hors de cette Porte un Bocage & un Temple confieré
Quoi qu'il en soit, l'origine de ce Nom est allez incertaine, puis qu'il y en a d'autres
qui le font venir des Capenates, Peuple du Pais Latin, ou du Fleuve Capenas.
Les Poètes Romains parlent souvent de cette Porte: Properce (Lib. IV. Eleg. 3. f.penult.)
Armaque cum tulero Portae votiva Capenae.
C'est-à-dire, Lors que je confiererai mes Trophées a la Porte Capene.
Juvenal(&tf.IÏI.u n.)
Subfinit ad voter es Arcus, madidamque Capenam.
C'est-à-dire, Il s'arrêta tout auprès de l'ancien Aqueduc , & de l'humide Capene. Sur quoi l'ancien
Scholiaste remarque, Que cette Porte étoit apellée humide, par ce, dit-il, qu'ily avoit au defus un Jque-
duc , qu'on apelle aujourd'hui l'Arc dégoûtant.
Martial (Lib. IV. Epigr. 47.)
Capena grandi Torta quapluit gutta.
C'est- à-dire, La grande Torte Capene, d'où il tombe des goûtes d'eau.
Elle s'apelloit A p p 1 e de la Voie de ce Nom, qui la traversoit. Frontin la place dans cette même
Voie, lors qu'il dit, {De Aquaduâibus Lib. I.) Le Cenfeur Appius sit paver la Voie Appie depuis la Por-
te Capene jufiues a Capoue.
Quelques uns Papelloient aussi la Porte Camoene, parce qu'il y avoit hors de cette Porte un
Temple consacré aux Muses, (en Latin Camœnœ ;) à ce que témoignent Asconius Pedianus, Servius,
Viaor, ôcSext. Rufus.
Elle tiroit le Nom de FoNTiNALE,àce que prétendent quelques uns, de la quantité des Fon-
taines qu'il y avoit.
Juvenal lui donne le titre de M a d i d e , ou à'humide, ou parce qu'elle étoit située dans un terrain
bas & humide, ou à cause de l'Aqueduc qui panoit au-dessùs. Il semble que Ciceron adopte la pre-
mière origine, lors qu'il écrit à son Frère Quintus [Lib. III. Epifl. 7.) Il y a une fileté prodigieufe à Ro-
me, jur tout vers la Porte Appie, du cêté du Champ de éAïars ; il n'y a plus de promenade pour les Goû-
teux , on ne voit que Jardins, ou Cabarets, & une grande quantité d'eau ju[ques à la Toiffomierie.
Onl'apelle aujourd'hui la Porte de S. Sebastien, parce qu'il faut la traverser, pour se rendre à
l'Eglise conlàcrée à ce Saint.
D'ailleurs, la parde intérieure de cette Porte, qu'on voit ici representée dans l'Estampe, & qui sub-
liste encore aujourd'hui, est d'une û belle stru&ure, qu'on croit que c'est un reste d'un Arc de Trajan.
Du moins, Donat (Lib. III. cap. 13.) remarque, dans là Rome , après Vidor, qu'il y avoit dans ce
Quartier de la Ville, un Arc de Trajan, différent de celui qu'on voit dans la Place de cet Empereur.
Ajoutez à ceci que le Canal de l'Aqueduc paûe au destus de cette Porte, & conduit sts eaux jusqu'aux
Bains d'Antonin, & au Mont Aventin : quoi que les Romains n'eustènt pas accoutumé de placer des Por-
tes au denous des Aqueducs, comme nous l'avons déjà remarqué dans la Description de la Porte Majeure.
Tome I. L LA