SCULPTURES
47
La figure funéraire de femme (cat. 5) contamination de la Petite Herculannaise et de Pudicitia
proche des nombreuses statues qui décoraient les tombes dans toutes les provinces de l’Empire
Romain, confirme nos suppositions concernant l’atelier et son maître11. La mise en place de
cette statue dans le tombeau de 'Alainê permettrait de tirer des conclusions générales sur l’usage
des statues dans l’agencement des chambres et des exèdres funéraires, mais ce problème est trop
éloigné de notre étude pour qu’on s’en occupe ici.
MOTIFS ET SUJETS
Dans le paragraphe ci-dessus consacré aux rinceaux animés — signe de l’orientation occidentale
de l’atelier et de son client, nous avons aussi mentionné leur sens symbolique, emprunté aux
légendes et mythes grecs (mythe d’Eros et Psyché, cycle bacchique) et adapté aux besoins de
l’art funéraire, soumis dans toute la Méditerranée aux croyances sur la vie d’outre-tombe.
Mais le répertoire des motifs figurés qui ornent nos sculptures ne se borne pas aux Amours
et aux oiseaux qui animent les rinceaux de vigne. Nous voudrions mettre en relief l’usage d’autres
motifs, cette fois par excellence palmyréniens. Il s’agit des zébus couchés (fig. 49) qui ornent
les cadres des lits sculptés sur les sarcophages (cat. 6-9). Ce zébu, dont les cornes forment un
croissant était l’animal sacré de 'Aglibôl (Taureau de Bêl), dieu de la Lune dans la triade de
Baalshamin mais aussi frère-dieu de Malakbêl, dieu du Soleil12. Nous croyons qu’il existe une
certaine concordance entre l’image de cet animal sur le sarcophage et l’inscription sur certaines
lampes palmyréniennes en l’honneur de Malakbêl et 'Aglibôl (deux lampes pareilles ont été
trouvées dans le tombeau — cf. cat. 1. 1, 2). Il se peut que ces lampes étaient par excellence funé-
raires, puisque l’inscription évoquait les deux divinités de la lumière, solaire et lunaire, du jour
et de la nuit, symbolisant souvent dans les croyances et mythes antiques la vie et la mort. Il
nous reste à trouver dans le décor de nos sarcophages le symbole de Malakbêl-Soleil pour con-
firmer ces suppositions. Or, toujours sur le cadre du lit, les boeufs couchés voisinent avec les
rosaces (cf. fig. 48, cat. 6, p. 109) et celles-là symbolisent probablement le Soleil, juxtaposé au
croissant lunaire 13.
Les figures de garçons en pied dans le banquet, cat. 1, nous permettent deux autres con-
clusions. La première, c’est la confirmation de nos remarques sur l’orientation gréco-romaine,
peut-être romaine tout court, des fondateurs des sculptures du penteklinium. Elle est justifiée
cette fois par les bullae au cou des deux petits prêtres en pied, au centre du banquet. A part
deux bustes et un fragment (cf. p. 89, note 21), cet usage n’est pas testifié à Palmyre. Ce cas
singulier témoigne ou bien des droits de citoyen acquis par les garçons et par conséquent par
leur père, probablement en 212 ou bien il possède un sens moins précis, celui que nous avons
supposé plus haut (fig. 18).
11 Cf. M. Collignon, Les statues funéraires dans l’art grec, Paris 1911, pp. 290-293 ; M. Bieber,
The Copies of the Herculaneum Women, Proceedings of the American Philosophical Society 106, 1962, pp. 128-
134.
12 Cf. récemment : H. Seyrig, Bêl de Palmyre, Syria XLVIII, 1971, pp. 92, 94-104 ; Ingholt 1970, p. 188
note 2 ; Gawlikowski, Temple, pp. 49-50, 110-111.
13 Cf. p.ex. les rosaces sur le bas-relief archaïque de Malakbêl du temple de Bel, dont la taille correspond
aux phases du Soleil (nadir, levée, zénith, coucher). Sur ce bas-relief—-dernièrement : J. Wais, Problemy iko-
nografii Malakbela (en polonais avec un résumé français), Studia Palmyrenskie IV, 1970, fig. 1.
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La figure funéraire de femme (cat. 5) contamination de la Petite Herculannaise et de Pudicitia
proche des nombreuses statues qui décoraient les tombes dans toutes les provinces de l’Empire
Romain, confirme nos suppositions concernant l’atelier et son maître11. La mise en place de
cette statue dans le tombeau de 'Alainê permettrait de tirer des conclusions générales sur l’usage
des statues dans l’agencement des chambres et des exèdres funéraires, mais ce problème est trop
éloigné de notre étude pour qu’on s’en occupe ici.
MOTIFS ET SUJETS
Dans le paragraphe ci-dessus consacré aux rinceaux animés — signe de l’orientation occidentale
de l’atelier et de son client, nous avons aussi mentionné leur sens symbolique, emprunté aux
légendes et mythes grecs (mythe d’Eros et Psyché, cycle bacchique) et adapté aux besoins de
l’art funéraire, soumis dans toute la Méditerranée aux croyances sur la vie d’outre-tombe.
Mais le répertoire des motifs figurés qui ornent nos sculptures ne se borne pas aux Amours
et aux oiseaux qui animent les rinceaux de vigne. Nous voudrions mettre en relief l’usage d’autres
motifs, cette fois par excellence palmyréniens. Il s’agit des zébus couchés (fig. 49) qui ornent
les cadres des lits sculptés sur les sarcophages (cat. 6-9). Ce zébu, dont les cornes forment un
croissant était l’animal sacré de 'Aglibôl (Taureau de Bêl), dieu de la Lune dans la triade de
Baalshamin mais aussi frère-dieu de Malakbêl, dieu du Soleil12. Nous croyons qu’il existe une
certaine concordance entre l’image de cet animal sur le sarcophage et l’inscription sur certaines
lampes palmyréniennes en l’honneur de Malakbêl et 'Aglibôl (deux lampes pareilles ont été
trouvées dans le tombeau — cf. cat. 1. 1, 2). Il se peut que ces lampes étaient par excellence funé-
raires, puisque l’inscription évoquait les deux divinités de la lumière, solaire et lunaire, du jour
et de la nuit, symbolisant souvent dans les croyances et mythes antiques la vie et la mort. Il
nous reste à trouver dans le décor de nos sarcophages le symbole de Malakbêl-Soleil pour con-
firmer ces suppositions. Or, toujours sur le cadre du lit, les boeufs couchés voisinent avec les
rosaces (cf. fig. 48, cat. 6, p. 109) et celles-là symbolisent probablement le Soleil, juxtaposé au
croissant lunaire 13.
Les figures de garçons en pied dans le banquet, cat. 1, nous permettent deux autres con-
clusions. La première, c’est la confirmation de nos remarques sur l’orientation gréco-romaine,
peut-être romaine tout court, des fondateurs des sculptures du penteklinium. Elle est justifiée
cette fois par les bullae au cou des deux petits prêtres en pied, au centre du banquet. A part
deux bustes et un fragment (cf. p. 89, note 21), cet usage n’est pas testifié à Palmyre. Ce cas
singulier témoigne ou bien des droits de citoyen acquis par les garçons et par conséquent par
leur père, probablement en 212 ou bien il possède un sens moins précis, celui que nous avons
supposé plus haut (fig. 18).
11 Cf. M. Collignon, Les statues funéraires dans l’art grec, Paris 1911, pp. 290-293 ; M. Bieber,
The Copies of the Herculaneum Women, Proceedings of the American Philosophical Society 106, 1962, pp. 128-
134.
12 Cf. récemment : H. Seyrig, Bêl de Palmyre, Syria XLVIII, 1971, pp. 92, 94-104 ; Ingholt 1970, p. 188
note 2 ; Gawlikowski, Temple, pp. 49-50, 110-111.
13 Cf. p.ex. les rosaces sur le bas-relief archaïque de Malakbêl du temple de Bel, dont la taille correspond
aux phases du Soleil (nadir, levée, zénith, coucher). Sur ce bas-relief—-dernièrement : J. Wais, Problemy iko-
nografii Malakbela (en polonais avec un résumé français), Studia Palmyrenskie IV, 1970, fig. 1.