Que je sache et mon geste est d'un parfait «nature»,
Triste ou gai: je concede assez vif, d'aventure,
Quand il sied, assez lent par hasard, s'il le faut.
Donc, ö mes amis chers, prisez pour ce qu'il vaut
Mon caractere tel qu'il est; tout d'une piece?
Non — et je ne crois pas qu'il importe en l'espece,
Mais fort peu complique; de bonne foi toujours?
Non, car je suis un homme ei je ne suis pas l'ours
Des solitudes, brave bete un peu farouche
Mais si franche! — et je mens parfois, plutöt de bo'uche
Qu'autrement, mais enfin je mens ... au fond si peu!
Et oui, j'ai mes defauts, qui n'en a devant Dieu?
J'ai mes vices aussi parbleu? qui n'en a guere
Ou beaucoup? mais ä la guerre comme ä la guerre.
II faut me supporter ainsi, m'aimer ainsi
Plutöt — car j'ai besoin qu'on m'aime.
Et puis ceci:
Dieu m'a beni qui m'a puni de main de maitre,
Terriblement, et j'ai reconquis tout mon etre
Dans le malheur tant merite, tant medite,
Et c'est ce qui m'a fait meilleur en verite
Que beaucoup d'entre ceux dont si stricte est l'enquete.
— Mais, Seigneur, gardez-moi de l'orgueil toujours bete.
Paul Verlaine
C 14 D
Triste ou gai: je concede assez vif, d'aventure,
Quand il sied, assez lent par hasard, s'il le faut.
Donc, ö mes amis chers, prisez pour ce qu'il vaut
Mon caractere tel qu'il est; tout d'une piece?
Non — et je ne crois pas qu'il importe en l'espece,
Mais fort peu complique; de bonne foi toujours?
Non, car je suis un homme ei je ne suis pas l'ours
Des solitudes, brave bete un peu farouche
Mais si franche! — et je mens parfois, plutöt de bo'uche
Qu'autrement, mais enfin je mens ... au fond si peu!
Et oui, j'ai mes defauts, qui n'en a devant Dieu?
J'ai mes vices aussi parbleu? qui n'en a guere
Ou beaucoup? mais ä la guerre comme ä la guerre.
II faut me supporter ainsi, m'aimer ainsi
Plutöt — car j'ai besoin qu'on m'aime.
Et puis ceci:
Dieu m'a beni qui m'a puni de main de maitre,
Terriblement, et j'ai reconquis tout mon etre
Dans le malheur tant merite, tant medite,
Et c'est ce qui m'a fait meilleur en verite
Que beaucoup d'entre ceux dont si stricte est l'enquete.
— Mais, Seigneur, gardez-moi de l'orgueil toujours bete.
Paul Verlaine
C 14 D