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Picart, Bernard
Impostures innocentes, ou Recueil d'estampes d'après divers peintres illustres: tels que Rafael, le guide, Carlo Maratti ... — Amsterdam, 1734

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https://doi.org/10.11588/diglit.8001#0026
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4 ELOGE HISTORI QJJ E
ne lui alléguant néanmoins les raisons des Réformez qu'en tierce personne , Us disent ce~
ci , Ils répondent cela. Ces entretiens , ausïï bien que ceux qu'il eut avec diversès autres
personnes , ne firent que le confirmer dans la pensèe où il étoit que les Réformez étoient
mieux fondez dans leurs opinions, cjue les Catholiques-Romains. D'ailleurs , ayant fait
connoissance avec un Libraire, qui etoit à peu près dans les mêmes sèntimens , &c qui
lui prêtoit les Livres dont il pouvoit avoir besoin , ils cherchèrent à s eclaircir mutuelle-
ment de leurs doutes. Convaincus enfin de la néceiïîté d'abandonner une Religion ,
dans laquelle ils ne pouvoient plus que trahir leur Conscience, ils s'y déterminèrent ,
non seulement sans aucune peine , mais même avec tout le dévouement que demandoit
une sêmblable résblution. Ils firent plus ^ ils prirent celle de sbrtir de leur Patrie , quel-
que agréable qu'elle leur pût être d'ailleurs : &l'on peut dire que Dieu dirigea toutes chosès
pour que B. Picart pût le faire sàns regret, &c sans être retenu par les liens de la Chair
ôc du Sang , ni par aucun intérêt temporel. En effet, sà Femme & sès Enfans étant
morts} &c le tems devenant tous les jours plus mauvais , rien ne pouvoit plus le rete-
nir que la personne de lôn Pére , âgé pour lors de près de 80. ans : mais Dieu daigna
l'éclairer de même , & cela , par l'entremisè & les soins de son Fils.
D epuis longtems on avoit offert à celui-ci une pension , & des avantages considé-
rables, en Suéde. Quand il sè vit veuf , sàns enfans , & son Pére resolu a le suivre ,
il se détermina à s'aller établir en ce Pays-là ; mais ce ne fut pas sàns beaucoup de pei-
nes & de traversès , qu'il put obtenir la permisïion de sortir du Royaume. Mr. de Crons-
trom , Envoyé de Suéde en France , avoit eu la bonté de sè charger de lui obtenir un Pa£
seport , & ce Passeport étoit prêt à être délivré , lorsque quelqu'un fut avertir Mr. d'Ar-
genson , Lieutenant de Police de Paris , que B. Picart sè retiroit moins de France
pour aller en Suéde , que pour causè de Religion. Mr. d'Argenson le fit (avoir à Mr. de
Torci ; &c lorsque Mr. de Cronjlrom demanda le Passeport, on lui dit d'assez mauvaisès rai~
sons ; enfin on lui refusà tout net ce qu'on lui avoit promis peu de jours auparavant.
Près qjj'e m même tems , Mr. d'Argenson avoit envoyé chercher B. Picart.
Dès qu'il parut devant lui , Etes-vous ce Picart 3 lui dit-il , qui voulez aller en Suéde ?
Oui y Monjieur , répondit Picart. Et avex-vous votre Passeport ? reprit Mr. d'Argen-
son. Non y Monsieur. Et lien , Ji on vous l'envoyé , apportez, le moi ici. Le Roi vous dé-
send de partir. Pourquoi le Roi voudr oit-il m*empêcher d'aller-là ? Pourquoi ? Ne favez-vous pas
que le Roi ne rend point compte de ce qu'il veut ? B. Picart ayant continué de répliquer
qu'il ne comprenoit point pourquoi on vouloit l'empêcher d'aller dans un Pays où il trou-
voit son avantage , dans un tems 011 les affaires alloient mal en France, &c où il n'y avoit
pas d'occupation convenable , Mr. d'Argenson lui dit , avec cet air terrible qui failôit
trembler tout le monde , Pourquoi ! Pourquoi ! Foulez-vous que je vous sasse mettre là las ?
B. Picart, sàns s'émouvoir, lui répondit en sburiant, Non, Monjieur. Il sèmble que
cette manière si simple de lui répondre le démonta ; car changeant de visàge & de ton,
il lui dit d'un air plus radouci , Hé bien , saites donc ce que je vous dis ; & Ji vous man-
quez d'occupation , je vous en serai avoir. Mais, Monjieur , lui dit B. P1 c a r t , j'ai
vendu mes meubles , j'ai loué ma maison , j'en suis sorti , je fuis sur le point de partir. Com-
ment voulez-vous que je fasse ? Que cela ne vous embarajje pas : j'en sais mon assaire. Appor-
tez-moi de vos ouvrages.
Des le lendemain , il lui porta quelques Estampes de sà façon , parmi lesquelles étoit
la Cornaline ou Cachet de Michel-Ange, qui étoit nouvellement finie. Etant dans l'anti-
chambre , il y trouva Mr. le Hay , pour qui cette pièce avoit été gravée , &: qui ve-
noit en présènter une Estampe a Mr. d'Argenfon , qui la trouva fort belle, & qui lui
dit , Cela esl bien beau i Qui efl-ce qui a sait cela ? Cejl ma Femme qui en a fait le Dessein ,
repondit le Hay, c'ejl Mr. Pi c art , qui en a sait la Gravure. Il ef là-dehors , qui
attend audiance. Là-dessus Mr. d'Argenson ayant donné ordre qu'on le fît entrer , & faic
signe de la main qu'on le laissat approcher, Comment, Mr. Picart, lui dit-il , je 71e
vous
 
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