ET COUTUMES RELIGIEUSES. i4r
ARTICLE VI.
Quels surent les peuples à qui la fuperflition Juggéra de faire couler
le fdng des hommes fur les autels.
Digression sur les Flagellans.
1 a n t que nos pères conserverent sans altération leur {implicite pri-
mitive , ils n'offrirent à la divinité , dit Porphyre , que de l'herbe &
des fruits de la terre. Parfaitement convaincus que la pureté du cœur,
l'innocence des mœurs & la candeur de lame, étoient ce qu'elle paroi£
soit préférablement exiger de ses adorateurs, ils s'occupèrent davantage
à acquérir ces vertus, qu'à mettre de l'éclat & de la recherche dans
son culte. Mais quand le faite eût pris la funeste possesfion de .diriger,
toutes les opérations publiques , & que la cruelle intempérance , source
empoisonnée du plus grand nombre des maux qui nous accablent, eût
appris aux hommes à tuer les bêtes pour se nourrir de leur chair , les
autels des nations fumèrent du sang des victimes qu'elles substituerenc
à des offrandes si pures & si dignes de l'homme innocent. Bientôt un
faux zele , armé de tout ce que le fanatisme a de plus fearbare & de plus
féroce, fit entendre aux hommes la nécessité d'offrir au ciel des sacrifices
d'un plus haut prix encore , dans l'intention d'appaiser plus efficacement
son courroux, ou pour obtenir avec plus de certitude l'objet des vœux
qu'on lui adressoit. L'homme, comme le plus noble, le plus distingué,
le roi des animaux , fût dès-lors réputé la victime la plus précieuse &
la plus digne d'être osserte en {àcrifice. Cet arrêt cruel, rendu, comme
de Concert, par toutes les nations , prouve lui seul jusqu'à quel point* de
férocité, l'homme, én proie à la superslition, peut se porter. Car ce
qui est peut-être le plus étonnant phénomène dont l'hisloire fasse men-
tion , les auteurs les moins suspeéfs nous apprennent qu'il n y eut ,
dans l'univers entier, aucune nation, aucune peuplade, aucune société,
si on en excepte celles à qui le dogme suggéra des loîx plus douces &
plus sociables , qui puisse se vanter d'avoir eu assez de bon sens & d'hu-
manité , pour n'avoir jamais fait couler le sang des hommes sur les autels.
Ainsi Philon se trompoit, lorsqu'il disoit que cet usage n avoit jamais
subsisté chez les chaldéens, ni dans toute la mésopotamie. Disons mieux ,
ARTICLE VI.
Quels surent les peuples à qui la fuperflition Juggéra de faire couler
le fdng des hommes fur les autels.
Digression sur les Flagellans.
1 a n t que nos pères conserverent sans altération leur {implicite pri-
mitive , ils n'offrirent à la divinité , dit Porphyre , que de l'herbe &
des fruits de la terre. Parfaitement convaincus que la pureté du cœur,
l'innocence des mœurs & la candeur de lame, étoient ce qu'elle paroi£
soit préférablement exiger de ses adorateurs, ils s'occupèrent davantage
à acquérir ces vertus, qu'à mettre de l'éclat & de la recherche dans
son culte. Mais quand le faite eût pris la funeste possesfion de .diriger,
toutes les opérations publiques , & que la cruelle intempérance , source
empoisonnée du plus grand nombre des maux qui nous accablent, eût
appris aux hommes à tuer les bêtes pour se nourrir de leur chair , les
autels des nations fumèrent du sang des victimes qu'elles substituerenc
à des offrandes si pures & si dignes de l'homme innocent. Bientôt un
faux zele , armé de tout ce que le fanatisme a de plus fearbare & de plus
féroce, fit entendre aux hommes la nécessité d'offrir au ciel des sacrifices
d'un plus haut prix encore , dans l'intention d'appaiser plus efficacement
son courroux, ou pour obtenir avec plus de certitude l'objet des vœux
qu'on lui adressoit. L'homme, comme le plus noble, le plus distingué,
le roi des animaux , fût dès-lors réputé la victime la plus précieuse &
la plus digne d'être osserte en {àcrifice. Cet arrêt cruel, rendu, comme
de Concert, par toutes les nations , prouve lui seul jusqu'à quel point* de
férocité, l'homme, én proie à la superslition, peut se porter. Car ce
qui est peut-être le plus étonnant phénomène dont l'hisloire fasse men-
tion , les auteurs les moins suspeéfs nous apprennent qu'il n y eut ,
dans l'univers entier, aucune nation, aucune peuplade, aucune société,
si on en excepte celles à qui le dogme suggéra des loîx plus douces &
plus sociables , qui puisse se vanter d'avoir eu assez de bon sens & d'hu-
manité , pour n'avoir jamais fait couler le sang des hommes sur les autels.
Ainsi Philon se trompoit, lorsqu'il disoit que cet usage n avoit jamais
subsisté chez les chaldéens, ni dans toute la mésopotamie. Disons mieux ,