i4a 'CÉRÉMONIES
les éthiopiens, les égyptiens, les assyriens , les phéniciens , les juifs ,
les carthaginois, les perses, les indiens, les grecs , les romains , les
thraces , les scythes, les gaulois, les bretons, les germains, les espa-
gnols, les africains nègres , les mexicains , les péruviens & les chinois ,
mirent en pratique une coutume si atroce, si inhumaine & si diamétra-
lament opposée à la loi immuable du tout-puiiTant qu'on outrageoic
ainsi, au lieu de l'adorer. Ijla toto mundo confenfere 3 quanquam difcordi
& tibi ignoto.
Le pere Jacques Martin, trouve l'origine des victimes humaines au
sacrifice d'Abraham ; ce religieux confirme son sentiment par l'action
que fit Jephté , en sacrifiant sa fille unique, afin de s'acquitter d'un vœu
indiscret & sacrilege qu'il avoit fait, avant de livrer bataille aux ammo-
nites (i). Mais il est certain que la source de ce culte homicide re-
monte plus haut que le siecle où vivoit ce patriarche des juifs. On ne la
chercheroit pas , par consisquent, avec plus de succès, sous le règne de
Lycaon , que les grecs, jaloux de tout faire naître chez eux, quoiqu'eux
mêmes n'existasient que depuis deux jours, disoient avoir offert le pre-
mier des hommes aux Dieux. S'il est vrai, comme il est asTez probable,
que les cérémonies religieuses ayent pris naissance chez les éthiopiens,
il faudra nécessairement en conclure qu'ils furent aulsi les premiers à
faire expirer des victimes humaines sur leurs autels. Ce procédé dûc
suivre de près l'întroduction du paganisme , ou le mélange des idées
grotesques de la superstition, aux imprelsions simples & honorables que
le souverain des êtres a gravées dans tous les cœurs. Car il est à remar-
quer que ce ne fût qu'après que l'idée d'un Dieu souverainement bon
se fût obscurcie dans l'esprit des peuples, qu'ils déshonorèrent ainsi leur
culte ; on ne fit que très - peu de ces sacrifices à l'honneur du Dieu
Quelques-uns assurent que Jephté , ayant eu la foiblesie de faire un vœu si exécrable , étoîc
obligé, aux termes de la loi, de l'accomplir. Ils appuyent cette opinion sur le vingt-neuvième
verset du vingt-septieme chapitre du lévitique , oîi il est dit : omnis consecratio quœ ossertur ab
komine , non rcdimetur , seâ morte morietur. Mais il me paroît visible qu'il n'est question ici que de»
bêtes qu'on avoit destinces aux sacrifices. Quoi qu'il en soit, cette fille infortunée fût, en effet,
immolée , quoiqu'en disent quelques rabins qui contredisent Joseph, S. Epiphane , S. Jérôme ,
S. Thomas & plusieurs autres écrivains éclairés & dignes de foi. On en trouve la preuve dans l'usage
qui s'observa régulièrement depuis chez les juifs, sélon lequel en certaine saison de l'année , les
filles s'y assembloient pour pleurer la fille de Jephté pendant quatre jours. C'est vraisemblable-
ment cette coutume qui a occasionné la méprise où est tombé S. Epiphane , copié par M. De!a-
■vaur , lorsqu'il assuroit qu'à Sichem & à Samarie on en avoit fait une déesse à laquelle on làcrifioit
ious les ans,
les éthiopiens, les égyptiens, les assyriens , les phéniciens , les juifs ,
les carthaginois, les perses, les indiens, les grecs , les romains , les
thraces , les scythes, les gaulois, les bretons, les germains, les espa-
gnols, les africains nègres , les mexicains , les péruviens & les chinois ,
mirent en pratique une coutume si atroce, si inhumaine & si diamétra-
lament opposée à la loi immuable du tout-puiiTant qu'on outrageoic
ainsi, au lieu de l'adorer. Ijla toto mundo confenfere 3 quanquam difcordi
& tibi ignoto.
Le pere Jacques Martin, trouve l'origine des victimes humaines au
sacrifice d'Abraham ; ce religieux confirme son sentiment par l'action
que fit Jephté , en sacrifiant sa fille unique, afin de s'acquitter d'un vœu
indiscret & sacrilege qu'il avoit fait, avant de livrer bataille aux ammo-
nites (i). Mais il est certain que la source de ce culte homicide re-
monte plus haut que le siecle où vivoit ce patriarche des juifs. On ne la
chercheroit pas , par consisquent, avec plus de succès, sous le règne de
Lycaon , que les grecs, jaloux de tout faire naître chez eux, quoiqu'eux
mêmes n'existasient que depuis deux jours, disoient avoir offert le pre-
mier des hommes aux Dieux. S'il est vrai, comme il est asTez probable,
que les cérémonies religieuses ayent pris naissance chez les éthiopiens,
il faudra nécessairement en conclure qu'ils furent aulsi les premiers à
faire expirer des victimes humaines sur leurs autels. Ce procédé dûc
suivre de près l'întroduction du paganisme , ou le mélange des idées
grotesques de la superstition, aux imprelsions simples & honorables que
le souverain des êtres a gravées dans tous les cœurs. Car il est à remar-
quer que ce ne fût qu'après que l'idée d'un Dieu souverainement bon
se fût obscurcie dans l'esprit des peuples, qu'ils déshonorèrent ainsi leur
culte ; on ne fit que très - peu de ces sacrifices à l'honneur du Dieu
Quelques-uns assurent que Jephté , ayant eu la foiblesie de faire un vœu si exécrable , étoîc
obligé, aux termes de la loi, de l'accomplir. Ils appuyent cette opinion sur le vingt-neuvième
verset du vingt-septieme chapitre du lévitique , oîi il est dit : omnis consecratio quœ ossertur ab
komine , non rcdimetur , seâ morte morietur. Mais il me paroît visible qu'il n'est question ici que de»
bêtes qu'on avoit destinces aux sacrifices. Quoi qu'il en soit, cette fille infortunée fût, en effet,
immolée , quoiqu'en disent quelques rabins qui contredisent Joseph, S. Epiphane , S. Jérôme ,
S. Thomas & plusieurs autres écrivains éclairés & dignes de foi. On en trouve la preuve dans l'usage
qui s'observa régulièrement depuis chez les juifs, sélon lequel en certaine saison de l'année , les
filles s'y assembloient pour pleurer la fille de Jephté pendant quatre jours. C'est vraisemblable-
ment cette coutume qui a occasionné la méprise où est tombé S. Epiphane , copié par M. De!a-
■vaur , lorsqu'il assuroit qu'à Sichem & à Samarie on en avoit fait une déesse à laquelle on làcrifioit
ious les ans,