ET COUTUMES RELIGIEUSES. 1S9
ARTICLE VIII.
Superflition des Peuples pour les Enchantement.
C'est de tous les empires, le plus déspotique sans doute, que celui 7
de l'imagination. Que de biens, que de maux , que de plaisirs & de
tourmens elle procure à l'homme ! C'enVeiie, c'est son effervescence
qui crée la magie, qui fait les sortileges, les maléfices Se les enchan-
temens ; Se ces enchantemens, ces illusîons, ces rêves, elle les réalise,
Se leur donne une force, un poids, une autoriré qui entraînent la
raison, qui accablent les sens, qui abattent le cœur, qui troublent
l'ame, engourdûTent, enchaînent toutes ses facultés, Se changent visi-
biement le cours de la nature aux yeux de ceux qui se sont une fois
persuadés qu'elle est bouleversée, ou du moins qu'elle peut l'être. C'est,
en un mot, cette puhTante & vraie enchanteresse, qui tour-à-tour irrite,
enssamme Se calme les passions, qui inspire à l'esprit les terreurs pani-
ques de la crédulité, les craintes Se les puérilités de la superslition,
les frissons de la peur, ou le flegme Se l'héroïsme de la valeur; c'est
elle qui dérange les fibres des cerveaux foibies ou mal organisés, Se
qui môme dans un corps sàin , allume par degré le feu brûlant de la
fièvre, les transports du délire, qui lui fait reiTèntir les douleurs des
maladies Se les horreurs du désespoir.
Ce fut aulsi l'imagination qui changea autrefois le culte en imposture,
des cérémonies très-simples en opérations magiques , les prières de la
reconnoiisance en blasphêmes, les vœux de l'humble confiance en
invocations aux enfers , en imprécations Se en enchantemens. Et si la
même cause subsiste depuis plus de six mille ans, toujours dans le
même degré de force Se de pouvoir, ne seroit-il pas étonnant que les
mêmes effets ne subsistassent pas aussi ? Dans les premiers temps, les
égyptiens couronnoient les têtes d'Isis Se d'Osiris de feuillages, d'herbes
Cfië- TP) ou ^e plantes ' syniboles de l'abondance des moistbns qu'ils
avoient recueillies; Se les prêtres prononçoient des prières de remercî-
ment devant ces statues ainsi couronnées. Les égyptiens perdoient
insensiblement le souvenir du motif respecfable de cette institution,
Se ils prirent, observe M. Pluche , « l'idée de l'union de certaines
plantes Se de quelques paroles , devenues surannées Se inintelligibles,
pour des pratiques mystérieuses éprouvées par leurs pères. Ils en firent
une collection Se un art par lequel ils prétendoient pourvoir presque
ARTICLE VIII.
Superflition des Peuples pour les Enchantement.
C'est de tous les empires, le plus déspotique sans doute, que celui 7
de l'imagination. Que de biens, que de maux , que de plaisirs & de
tourmens elle procure à l'homme ! C'enVeiie, c'est son effervescence
qui crée la magie, qui fait les sortileges, les maléfices Se les enchan-
temens ; Se ces enchantemens, ces illusîons, ces rêves, elle les réalise,
Se leur donne une force, un poids, une autoriré qui entraînent la
raison, qui accablent les sens, qui abattent le cœur, qui troublent
l'ame, engourdûTent, enchaînent toutes ses facultés, Se changent visi-
biement le cours de la nature aux yeux de ceux qui se sont une fois
persuadés qu'elle est bouleversée, ou du moins qu'elle peut l'être. C'est,
en un mot, cette puhTante & vraie enchanteresse, qui tour-à-tour irrite,
enssamme Se calme les passions, qui inspire à l'esprit les terreurs pani-
ques de la crédulité, les craintes Se les puérilités de la superslition,
les frissons de la peur, ou le flegme Se l'héroïsme de la valeur; c'est
elle qui dérange les fibres des cerveaux foibies ou mal organisés, Se
qui môme dans un corps sàin , allume par degré le feu brûlant de la
fièvre, les transports du délire, qui lui fait reiTèntir les douleurs des
maladies Se les horreurs du désespoir.
Ce fut aulsi l'imagination qui changea autrefois le culte en imposture,
des cérémonies très-simples en opérations magiques , les prières de la
reconnoiisance en blasphêmes, les vœux de l'humble confiance en
invocations aux enfers , en imprécations Se en enchantemens. Et si la
même cause subsiste depuis plus de six mille ans, toujours dans le
même degré de force Se de pouvoir, ne seroit-il pas étonnant que les
mêmes effets ne subsistassent pas aussi ? Dans les premiers temps, les
égyptiens couronnoient les têtes d'Isis Se d'Osiris de feuillages, d'herbes
Cfië- TP) ou ^e plantes ' syniboles de l'abondance des moistbns qu'ils
avoient recueillies; Se les prêtres prononçoient des prières de remercî-
ment devant ces statues ainsi couronnées. Les égyptiens perdoient
insensiblement le souvenir du motif respecfable de cette institution,
Se ils prirent, observe M. Pluche , « l'idée de l'union de certaines
plantes Se de quelques paroles , devenues surannées Se inintelligibles,
pour des pratiques mystérieuses éprouvées par leurs pères. Ils en firent
une collection Se un art par lequel ils prétendoient pourvoir presque