ET COUTUMES RELIGIEUSES. ti7
que l'aclion de celui qui se nourrit de sa chair est indifférente. Mais
comme celui qui mange la victime, est coupable du forfait de celui qui
la tue, il en résulte qu'une nation antropophage, dans toute l'étendue
que nous donnons à ce terme, seroit une société de scélérats, un peuple
de monstres qui se détruiroient eux-mêmes par leurs propres principes,
& dont l'association, si elle étoit postible, ne pourroit être que momen-
tanée. En un mot, je crois qu'une république si dangereuse est une chi-
mère propre à figurer avec celles des amazones de M. Petit & de l'abbé
Guyon, & que l'homme, capable de tant de foiblesse & d'extravagances,
n'est pourtant pas encore parvenu dans aucun lieu du monde, à dégrader
si prodigieusement sa nature & la nobleise de son origine.
ARTICLE V.
Ufdges où la superslition suggéra à toutes les nations d'enfevelir dans
leurs tombeaux des richejjes3 des animaux, des hommes & Vépouse
du mort.
L'argument le plus convainquant, la preuve la plus évidente <k la
plus raisonnable, que l'on puisTe fournir en faveur de la croyance uni-
versellement reçue de l'immortalité de lame, est cette coutume généra-
lement établie chez les nations, d'enterrer avec les morts la plupart des
ustenciles, des esclaves, des officiers même qui leur avoient appartenu
pendant leur vie. Car, s'il étoit vrai qu'elles fussent persuadées que rien
de nous ne survit à la destru&ion du corps, à quoi bon la précaution
de se faire suivre par un si nombreux équipage, dont l'objet ne pouvoic
être que le service ou la gloire qu'elles en espéroient tirer dans l'autre
monde.
M. Maillet Se quelques autres voyageurs, qui ont examiné attenti-
vement la struélure intérieure de la plus grande des pyramides que l'on
trouve en Egypte, ont conjecturé, avec assez de vraisemblance, que
les Pharaons avoient coutume d'exiger qu'on ensevelît auprès deux
un certain nombre de leurs officiers. Moins cruel en apparence que les
princes de l'Ethiopie dont ils deseendoient, qui ordonnoient toujours que
l'on égorgeât quelques-uns de leurs esclaves pour les accompagner au
tombeau, les monarques égyptiens ne leur faisoient pas donner la mort.
Les victimes étoient seulement condamnées à pasfer leurs jours dans le
que l'aclion de celui qui se nourrit de sa chair est indifférente. Mais
comme celui qui mange la victime, est coupable du forfait de celui qui
la tue, il en résulte qu'une nation antropophage, dans toute l'étendue
que nous donnons à ce terme, seroit une société de scélérats, un peuple
de monstres qui se détruiroient eux-mêmes par leurs propres principes,
& dont l'association, si elle étoit postible, ne pourroit être que momen-
tanée. En un mot, je crois qu'une république si dangereuse est une chi-
mère propre à figurer avec celles des amazones de M. Petit & de l'abbé
Guyon, & que l'homme, capable de tant de foiblesse & d'extravagances,
n'est pourtant pas encore parvenu dans aucun lieu du monde, à dégrader
si prodigieusement sa nature & la nobleise de son origine.
ARTICLE V.
Ufdges où la superslition suggéra à toutes les nations d'enfevelir dans
leurs tombeaux des richejjes3 des animaux, des hommes & Vépouse
du mort.
L'argument le plus convainquant, la preuve la plus évidente <k la
plus raisonnable, que l'on puisTe fournir en faveur de la croyance uni-
versellement reçue de l'immortalité de lame, est cette coutume généra-
lement établie chez les nations, d'enterrer avec les morts la plupart des
ustenciles, des esclaves, des officiers même qui leur avoient appartenu
pendant leur vie. Car, s'il étoit vrai qu'elles fussent persuadées que rien
de nous ne survit à la destru&ion du corps, à quoi bon la précaution
de se faire suivre par un si nombreux équipage, dont l'objet ne pouvoic
être que le service ou la gloire qu'elles en espéroient tirer dans l'autre
monde.
M. Maillet Se quelques autres voyageurs, qui ont examiné attenti-
vement la struélure intérieure de la plus grande des pyramides que l'on
trouve en Egypte, ont conjecturé, avec assez de vraisemblance, que
les Pharaons avoient coutume d'exiger qu'on ensevelît auprès deux
un certain nombre de leurs officiers. Moins cruel en apparence que les
princes de l'Ethiopie dont ils deseendoient, qui ordonnoient toujours que
l'on égorgeât quelques-uns de leurs esclaves pour les accompagner au
tombeau, les monarques égyptiens ne leur faisoient pas donner la mort.
Les victimes étoient seulement condamnées à pasfer leurs jours dans le