ET COUTUMES RELIGIEUSES. 33
ARTICLE II.
Tableau des foiblejjes que la superfliùoii infpïra aux Egyptiens & aux
autres Peuples de la terre pour les bêtes,
D e toutes les foiblelses qui déshonorèrent l'humanité , livrée à la su-
perdition , les hommages que la plupart des nations rendirent aux
bêtes, furent, sans contredit, l'objet le plus vil & le plus méprisabie
de leurs préjugés. On sait que les romains reprochoient vivement aux
égyptiens de prodiguer leur encens au chat, au crocodile , aux plantes
même. Tout le monde sait par cœur ces beaux vers du satyrique Fran-
çois , l'inimitable Deipreaux à ce sujet.
Jamais l'homme, dis-moi, vit-il la bête folle,
Sacrifier à l'homme, adorer son idole,
Lui venir, comme au dieu des saisons & des vents,
Demander à genoux la pluie & le beau tems?
Non, mais cent fois la bête a vu l'homme hypocondre >
Adorer le métal que lui-même il fit fondre.
A vu dans un pays, les timides mortels ,
Trembler aux pieds d'un singe, assis sur leurs autels ;
Et sur les bords du Nil, ses peuples îmbécilles ,
L'encensoir à la main, chercher les crocodiles.
Boileau ne fait ici que développer les idées de Juvenal, de Virgile,
de Martial, & surtout de Lucien , qui déploie en cent endroits de
de ses dialogues , les railleries les plus fines & les plus piquantes,
contre les superstitions des égyptiens. Il faut avouer que les satyres de
ces auteurs ne sont pas (ans fondement, puisque tous les écrivains de
l'antiquité nous assurent uniformément, que les dieux croisîbient aussi
facilement en Egypte , qu'ailleurs les hommes & les végétaux. Mais ne
pourroit-on pas justifier ce peuple, que je regarde, d'ailleurs , comme
le modèle des nations luperstitieuses & fanatiques , d'une partie de cette
foiblesse l ou plutôt, ne pourroit-on pas, à l'aide de quelques sages
conjectures tirées des monumens de l'ancienne histoire , annoblir la
source de ces pratiques qui nous paroilTent aujourd'hui si puériles ?
Lorsqu'Herodote nous dit que les égyptiens , les premiers , sélon lui,
qui aient imaginé l'immortalité de l'ame , croyoient que cette substance,
Tome IF. E
ARTICLE II.
Tableau des foiblejjes que la superfliùoii infpïra aux Egyptiens & aux
autres Peuples de la terre pour les bêtes,
D e toutes les foiblelses qui déshonorèrent l'humanité , livrée à la su-
perdition , les hommages que la plupart des nations rendirent aux
bêtes, furent, sans contredit, l'objet le plus vil & le plus méprisabie
de leurs préjugés. On sait que les romains reprochoient vivement aux
égyptiens de prodiguer leur encens au chat, au crocodile , aux plantes
même. Tout le monde sait par cœur ces beaux vers du satyrique Fran-
çois , l'inimitable Deipreaux à ce sujet.
Jamais l'homme, dis-moi, vit-il la bête folle,
Sacrifier à l'homme, adorer son idole,
Lui venir, comme au dieu des saisons & des vents,
Demander à genoux la pluie & le beau tems?
Non, mais cent fois la bête a vu l'homme hypocondre >
Adorer le métal que lui-même il fit fondre.
A vu dans un pays, les timides mortels ,
Trembler aux pieds d'un singe, assis sur leurs autels ;
Et sur les bords du Nil, ses peuples îmbécilles ,
L'encensoir à la main, chercher les crocodiles.
Boileau ne fait ici que développer les idées de Juvenal, de Virgile,
de Martial, & surtout de Lucien , qui déploie en cent endroits de
de ses dialogues , les railleries les plus fines & les plus piquantes,
contre les superstitions des égyptiens. Il faut avouer que les satyres de
ces auteurs ne sont pas (ans fondement, puisque tous les écrivains de
l'antiquité nous assurent uniformément, que les dieux croisîbient aussi
facilement en Egypte , qu'ailleurs les hommes & les végétaux. Mais ne
pourroit-on pas justifier ce peuple, que je regarde, d'ailleurs , comme
le modèle des nations luperstitieuses & fanatiques , d'une partie de cette
foiblesse l ou plutôt, ne pourroit-on pas, à l'aide de quelques sages
conjectures tirées des monumens de l'ancienne histoire , annoblir la
source de ces pratiques qui nous paroilTent aujourd'hui si puériles ?
Lorsqu'Herodote nous dit que les égyptiens , les premiers , sélon lui,
qui aient imaginé l'immortalité de l'ame , croyoient que cette substance,
Tome IF. E