34 CÉRÉMONIES
condamnée à une migration continuelle , pendant trois mille ans , pa£-
sbit succefîivement dans les corps terrestres, aquatiques, aériens y ce
revenoit animer le corps de l'homme , cet historien sembie nous donner
la clef de toutes les extravagances que le culte des bêtes occasionna en
Egypte ; car il étoit naturel que ces peuples, persuadés que l'amc de
leurs parens faisoit mouvoir le corps d'un chien ou d'une cigogne, té-
moignaient pour ces animaux le même respect qu'ils auroient eu pour
ceux qui étoient ainsi défigurés, s'ils eusTent conservé la forme humaine.
C'est ainsî que Pythagore, plus entêté de la metempsycose que ne le
furent jamais les égyptiens r empêcha qu'on ne battît un chien, à
l'aboiement duquel, dit Porphyre, il reconnut l'ame d'un de ses amis.
Mais bien des raisons sensées nous portent à croire que ce ne fut rien
moins que ce motif qui donna naisfance à cette théologie. i°. On ne
pourrait comprendre , en admettant cette idée , pourquoi les égyptiens
avoient plus de vénération pour certaines bêtes, que pour d'autres.
2.°. Pourquoi certains animaux singulie rement respectés dans un nom
étoient cruellement outragés dans un autre. 30. Pourquoi tous les égyp-
tiens s'accordoient à transporter chez l'étranger, toutes les bêtes & tous
les végétaux que leur pays nourrirToit, pour y servir d'aiimens, quoi-
qu'ils s'en abstinssent religieusement chez eux. Ne pourroit-on pas cher-
cher , avec plus de succès, dans l'étude des propriétés de leur climat,
dans le régime que bien des circonstances que nous ignorons aujour-
d'hui , les obligeaient d'embraiîer , quelques lumières qui nous aidalTent
à débrouiller ce caLos, & xious persuader, au moins, que toute une
nation, à qui l'antiquité a attribué , peut-être un peu mal-à-propos, à
la vérité, tant de connoissances, n'a pas été tout-à-fait dépourvue de
sens commun l Ne pourroit-on pas dire que les prêtres de cette riche
contrée, dont la principale occupation eut, au rapport d'Homère ,
d'Hérodote & de Diogene Laërce , la médecine pour objet 3 étoient per-
suadés qu'il împortoit infiniment à la santé du corps , d'approfondir son
tempérament, d'observer un régime frugal & régulier, & de n'em-
ployer d'autres alimens que ceux qui pourraient être analogues à sa
costitution ? Il sembie, en effet, que c'est à la faveur de ce principe
qu'ils avoient appris à distinguer ceux des quadrupèdes, des reptiles ,
des poisTons & des végétaux, dont les qualités étoient salutaires ou
dangereuses. Ces connoissances qu'ils avoient acquises par une suite d'ex-
périences & d'observations, les engagèrent à les proposer comme un
objet de culte , à une multitude indocile , qui ne s'en serait pas abstenue,
condamnée à une migration continuelle , pendant trois mille ans , pa£-
sbit succefîivement dans les corps terrestres, aquatiques, aériens y ce
revenoit animer le corps de l'homme , cet historien sembie nous donner
la clef de toutes les extravagances que le culte des bêtes occasionna en
Egypte ; car il étoit naturel que ces peuples, persuadés que l'amc de
leurs parens faisoit mouvoir le corps d'un chien ou d'une cigogne, té-
moignaient pour ces animaux le même respect qu'ils auroient eu pour
ceux qui étoient ainsi défigurés, s'ils eusTent conservé la forme humaine.
C'est ainsî que Pythagore, plus entêté de la metempsycose que ne le
furent jamais les égyptiens r empêcha qu'on ne battît un chien, à
l'aboiement duquel, dit Porphyre, il reconnut l'ame d'un de ses amis.
Mais bien des raisons sensées nous portent à croire que ce ne fut rien
moins que ce motif qui donna naisfance à cette théologie. i°. On ne
pourrait comprendre , en admettant cette idée , pourquoi les égyptiens
avoient plus de vénération pour certaines bêtes, que pour d'autres.
2.°. Pourquoi certains animaux singulie rement respectés dans un nom
étoient cruellement outragés dans un autre. 30. Pourquoi tous les égyp-
tiens s'accordoient à transporter chez l'étranger, toutes les bêtes & tous
les végétaux que leur pays nourrirToit, pour y servir d'aiimens, quoi-
qu'ils s'en abstinssent religieusement chez eux. Ne pourroit-on pas cher-
cher , avec plus de succès, dans l'étude des propriétés de leur climat,
dans le régime que bien des circonstances que nous ignorons aujour-
d'hui , les obligeaient d'embraiîer , quelques lumières qui nous aidalTent
à débrouiller ce caLos, & xious persuader, au moins, que toute une
nation, à qui l'antiquité a attribué , peut-être un peu mal-à-propos, à
la vérité, tant de connoissances, n'a pas été tout-à-fait dépourvue de
sens commun l Ne pourroit-on pas dire que les prêtres de cette riche
contrée, dont la principale occupation eut, au rapport d'Homère ,
d'Hérodote & de Diogene Laërce , la médecine pour objet 3 étoient per-
suadés qu'il împortoit infiniment à la santé du corps , d'approfondir son
tempérament, d'observer un régime frugal & régulier, & de n'em-
ployer d'autres alimens que ceux qui pourraient être analogues à sa
costitution ? Il sembie, en effet, que c'est à la faveur de ce principe
qu'ils avoient appris à distinguer ceux des quadrupèdes, des reptiles ,
des poisTons & des végétaux, dont les qualités étoient salutaires ou
dangereuses. Ces connoissances qu'ils avoient acquises par une suite d'ex-
périences & d'observations, les engagèrent à les proposer comme un
objet de culte , à une multitude indocile , qui ne s'en serait pas abstenue,