i88 CEREMONIES
monies très-longues qui duroienc jusqu'au coucher du soleii. Après
quoi ils mettoient dans la main du grand Jaga sa hache d'armes ,
appellée catangola, en l'exhortant à ne faire aucun quartier à ses en-
nemis, parce qu'il étoit assuré de la protection de son mokijjb. D'hor-
ribles cruautés terminoient cette consultation diabolique. Le grand Jaga
tuoit de sa propre main trois hommes qu'on lui amenoit ; & il en fai-
soit tuer deux hors du camp. On immoloit aulTi cinq chèvres Se autant
de chiens ; un pareil nombre de vaches étoient égorgées au dedans Se
au dehors du camp. On arrosoit le feu avec le sang de ces animaux
Se leur chair servoit pour le festin. Les autres chefs de la nation des
Jagas faisoient aussi quelquefois cette cérémonie. Ils prétendent tous
avoir un mokijjb ou diable qui les protège, qui souvent se fait voir à
eux, Se avec lequel ils s'entretiennent. v
Voilà quels sont les préjugés des principaux peuples de notre hémis-
phère ; voilà à quoi se réduit, à peu-près , tout l'art de leurs Sorciers.
Les nôtres ne sont ni moins habiles ni moins féconds en sortileges. Je
dis les nôtres , parce qu'il est très-vrai que cette superstition règne
encore dans nos campagnes, où elle continuera d'allarmer l'imagina-
tion des paysans Se des villageois , jusqu'à ce qu'au lieu d'inspirer de
la haine contre les Sorciers , & de décerner des peines contre les
maléfices , on ait employé le seul remède raisonnable Se salutaire pour
extirper toute apparence , tout vestige de sorcellerie. Ce remède est
bien simple ; c'est de persuader au peuple que sa crédulité fait toute
la seience des Sorciers, qui ne peuvent rien , qui ne reçoivent aucune
vertu du démon ; que l'on peut braver impunément leurs sortileges Se
les effets de leurs pactes : enfin, qu'il n'y a nulle part Se qu'il n'y eut
jamais de fabbat. Cette vérité une fois bien établie, toute l'autorité
des Sorciers seroit ruinée ; ils ne seroient plus craints ; Se l'imagination
de ceux à qui ils voudroient nuire , ne leur fournilsant pas les moyens
de faire du mal, on n'entendroit pas plus parler de sortileges Se de
Sorciers dans nos villages qu'on n'en entend parler en Hollande, à
Genève, à Paris, à Londres, Sec., où personne n'ajoutant foi à ces
superslitions, personne aussi n'y est soupçonné d'aller au sabbat, ou
de faire du mai en prononçant quelques mots inintelligibles.
monies très-longues qui duroienc jusqu'au coucher du soleii. Après
quoi ils mettoient dans la main du grand Jaga sa hache d'armes ,
appellée catangola, en l'exhortant à ne faire aucun quartier à ses en-
nemis, parce qu'il étoit assuré de la protection de son mokijjb. D'hor-
ribles cruautés terminoient cette consultation diabolique. Le grand Jaga
tuoit de sa propre main trois hommes qu'on lui amenoit ; & il en fai-
soit tuer deux hors du camp. On immoloit aulTi cinq chèvres Se autant
de chiens ; un pareil nombre de vaches étoient égorgées au dedans Se
au dehors du camp. On arrosoit le feu avec le sang de ces animaux
Se leur chair servoit pour le festin. Les autres chefs de la nation des
Jagas faisoient aussi quelquefois cette cérémonie. Ils prétendent tous
avoir un mokijjb ou diable qui les protège, qui souvent se fait voir à
eux, Se avec lequel ils s'entretiennent. v
Voilà quels sont les préjugés des principaux peuples de notre hémis-
phère ; voilà à quoi se réduit, à peu-près , tout l'art de leurs Sorciers.
Les nôtres ne sont ni moins habiles ni moins féconds en sortileges. Je
dis les nôtres , parce qu'il est très-vrai que cette superstition règne
encore dans nos campagnes, où elle continuera d'allarmer l'imagina-
tion des paysans Se des villageois , jusqu'à ce qu'au lieu d'inspirer de
la haine contre les Sorciers , & de décerner des peines contre les
maléfices , on ait employé le seul remède raisonnable Se salutaire pour
extirper toute apparence , tout vestige de sorcellerie. Ce remède est
bien simple ; c'est de persuader au peuple que sa crédulité fait toute
la seience des Sorciers, qui ne peuvent rien , qui ne reçoivent aucune
vertu du démon ; que l'on peut braver impunément leurs sortileges Se
les effets de leurs pactes : enfin, qu'il n'y a nulle part Se qu'il n'y eut
jamais de fabbat. Cette vérité une fois bien établie, toute l'autorité
des Sorciers seroit ruinée ; ils ne seroient plus craints ; Se l'imagination
de ceux à qui ils voudroient nuire , ne leur fournilsant pas les moyens
de faire du mal, on n'entendroit pas plus parler de sortileges Se de
Sorciers dans nos villages qu'on n'en entend parler en Hollande, à
Genève, à Paris, à Londres, Sec., où personne n'ajoutant foi à ces
superslitions, personne aussi n'y est soupçonné d'aller au sabbat, ou
de faire du mai en prononçant quelques mots inintelligibles.