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Mémoires
vent suffire pour vous consoler ! Mon
cher enfant, écoutez-moi ! Je ne vous
demande qu’un moment de réssexion : de
qui vous plaignez-vous ? Est-ce de Mon-
sieur le Duc vôtre père , qui vous a écrit
d’une manière si tendre, & qui n’a rien
refusé à vos désirs? Est-ce de vôtre chère
épouse , qui a paru si satisfaite d’emporter
cette qualité en mourant, & qui s’afflige
peut-être maintenant de vos pleurs,
parce qu’elle ne délire que de vous voir
tranquile & heureux ? Est-ce de moi, qui
vous regarde comme un cher fils , qui
m’est plus précieux que moi-même , &
qui ait fait pour vous jusqu’à present tout
ce qu’une tendrelse extrême a pû m’inspirer ?
Il ne reste donc que Dieu que vous puilsiez
accuser de vos peines. Oui, c’est Dieu
seul qui les cause, vous ne pouvez les
attribuer qu’à lui. Voïez donc maintenant,
si vous prétendez résister à ses ordres,
l’irriter par vos murmures, le combattre
par vos transports, & le mépriser même
en lui refusant vôtre sourmilion par un
désespoir obstiné, qui semble lui repro-
cher de l’injustice. Je ne veux point
vous croire capable d’un si terrible excès
d’impieté. Vous avez de la Religion ;
on ne peut être honnête homme sans en
avoir, voici le tems d’en faire usage^
Allons, mon aimable Marquis, ajoutai-
jey
Mémoires
vent suffire pour vous consoler ! Mon
cher enfant, écoutez-moi ! Je ne vous
demande qu’un moment de réssexion : de
qui vous plaignez-vous ? Est-ce de Mon-
sieur le Duc vôtre père , qui vous a écrit
d’une manière si tendre, & qui n’a rien
refusé à vos désirs? Est-ce de vôtre chère
épouse , qui a paru si satisfaite d’emporter
cette qualité en mourant, & qui s’afflige
peut-être maintenant de vos pleurs,
parce qu’elle ne délire que de vous voir
tranquile & heureux ? Est-ce de moi, qui
vous regarde comme un cher fils , qui
m’est plus précieux que moi-même , &
qui ait fait pour vous jusqu’à present tout
ce qu’une tendrelse extrême a pû m’inspirer ?
Il ne reste donc que Dieu que vous puilsiez
accuser de vos peines. Oui, c’est Dieu
seul qui les cause, vous ne pouvez les
attribuer qu’à lui. Voïez donc maintenant,
si vous prétendez résister à ses ordres,
l’irriter par vos murmures, le combattre
par vos transports, & le mépriser même
en lui refusant vôtre sourmilion par un
désespoir obstiné, qui semble lui repro-
cher de l’injustice. Je ne veux point
vous croire capable d’un si terrible excès
d’impieté. Vous avez de la Religion ;
on ne peut être honnête homme sans en
avoir, voici le tems d’en faire usage^
Allons, mon aimable Marquis, ajoutai-
jey