Revue archéologique (N.S.17.1868)

BULLETIN MENSUEL
DE L'ACADÉMIE DES INSCRiPTIONS
MOIS DE DÉCEMBRE

Le mois de décembre est toujours à l'Académie le mois des comités se-
crets. L'Académie a à régler ses affaires intérieures et à discuter les titres
des canditats aux places vacantes parmi les correspondant. Cette année,
des nssocfës se trouvaient, de plus, à élire. On sait que c'est la
plus haute distinction que puisse conférer l'Académie, puisqu'elle n'a en
tout que huit places de ce genre à donner et qu'elle peut choisir parmi les
savants du monde entier. Cette fois, la mort avait été cruelle. De ces huit
illustrations, trois venaient de s'éteindre presque en même temps : Gerhard,
Boeckh et Bopp. Ces noms en disent assez. On comprend que l'Académie
ne pouvait remplacer légèrement de pareils hommes. Son choix s'est
porté sur MM. Ritschl, de Leipzig; Fleischer, de Leipzig également; de
Rossi, de Rome. Tout le monde connaît MM. Ritschl et de Rossi. L ' pre-
mier volume des Prises MbnYnhs momrweMfa epiprap/hea de Ritschl a
porté son nom partout. Il en est de même des beaux travaux de M, de
Rossi sur les catacombes Si les mérites de M. Fleischer paraissent moins
éclatants au premier abord, cela tient uniquement à ce que ses recherches
se sont concentrées sur la liltérature arabe. Mais comme orientaliste et
arabisant, c'est un savant de premier ordre, qu'un académicien a pu ap-
peler le de Sacy de l'Allemagne. Les nouveaux noms remplacent donc
dignement les anciens.
Plusieurs correspondants, tant nationaux qu'étrangers, étaient à nom-
mer; ont été élus:
Correspo%&nh : M. d'Arbois de Jubainville, à Troyes, en rem-
placement de M. Noël des Vergers.
Co)Y6spo77da?hs ëbwqytTS : M. Otto Jahn, à Bonn, en remplacement de
M. Ritschl, nommé assoefë ëh'cmper. — M. Spiegel, à Eslangen, en remplace-
ment de M. Fleischer, nommé associé ëb'cmper. — M. Michlosich, à Vienne,
en remplacement de M. de Rossi, nommé associé ëbxmper.
- L'Académie a fait dans le même mois une perte bien cruelle,
celle de M. le duc de Luynes. M. le duc de Luynes, depuis déjà plusieurs
années, ne venait plus aux séances; mais sa protection n'avait cessé de
s'étendre sur ceux qui s'occupaient de travaux utiles. La science lui doit
une reconnaissance sans bornes; car il lui était tout dévoué. M. Cousin
disait qu'il représentait le dernier des grands seigneurs. On peut dire qu'il
était en même temps le modèle des Mécènes. On ne peut s'imaginer un
plus noble emploi d'une grande fortune que celui que M. le duc de
Luynes faisait de la sienne. 11 est universellement regretté, et il méritait
de l'être. A. B.