Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

par la lenteur avec laquelle on fit une batterie que j'avais
commandée pour en ruiner une des ennemis, et par
l'inexécution des ordres que j'avais donnés, pour enlever
leurs Irava il leurs. Si, dans ces deux choses, l'obéissance
eût été entière, nous eussions eu le loisir de nous retirer.
Celle espèce de désobéissance est donc, en partie, cause
que le canon a été laissé; je dis en partie cause, parce
, que la terreur s'en est mêlée; elle a été répandue par !a
bouche du sieur de Clairvilie ; par ses soins, elle a gagné
les suffrages de quelques officiers ; par ses brigues, elle m'a
arraché le consentement de la retraite. — J'en ai rejeté
la proposition de la bouche de M. de Castellan, et, à deux
fois, il a assemblé le conseil pour m'y résoudre. La pre-
mière fois, on ne me put faire consentir qu'à condition
que l'on rembarquerait les munitions, le canon et les
malades, et M. Martel ne se voulut point charger du
rembarquement des munitions, du canon et des malades.
La terreur n'opéra pas seulement la retraite, elle la préci-
pita ; elle fit retirer les capitaines qui gardaient les brèches
de la ville.

» Si M. de Beaufort, au lieu de croiser en mer, était
venu dégager l'armée dès qu'il sut qu'il était arrivé du
gros canon aux ennemis, nous aurions été plus forts pour
nous défendre, ou plus préparés à nous retirer. Je sais
que M. de Beaufort avait l'ordre de Votre Majesté d'aller
croiser devant Alger ; mais l'ordre subsisîe-t-il quand la
raison de l'ordre cesse ?..... On peut donc s'étonner jus-
tement de ce que M. de Beaufort ne soit pas retourné à
l'armée, si on considère les avantages que nous eussions
tirés de son retour. On s'étonnera, peut-être avec raison,
qu'il ait quitté l'armée, si on observe les circonstances