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considérable du domaine arabe, une telle diffusion de
l'élément sémitique en Berbérie qu'elle ne semble pas
peser d'un poids moindre que celle qui précède sur les
destinées du pays. Des trente-trois degrés de longitude
compris entre la région de Barqa et le cap Noûn, au mi-
lieu du XIIe siècle, dix-huit environ avaient été parcou-
rus par les nomades nouveaux venus ; vers 1228, leurs
familles se seront déployées sur toute l'Afrique mineure,
et leurs derniers campements se dresseront sur les bords
de l'Atlantique,-de cette Mer environnante, qui enclôt les
terres du vieux monde de ses abîmes mystérieux.
Cette nouvelle progression vers l'ouest ne revêt d'ail-
leurs pas le même caractère que le premier élan de l'in-
vasion. Les raisons qui la provoquent sont diverses.
On put voir parfois les tribus se déplacer dans une
année de disette, à la recherche de pâturages nouveaux
et plus abondants ; mais ce cas fut moins fréquent qu'on
ne serait tenté de l'imaginer. L'esprit d'aventure ne sem-
ble pas un des traits dominants du caractère arabe ; le
nomade, comme tous les esprits simples, est routinier et
craintif devant l'inconnu. D'ailleurs, un déplacement à
à travers le steppe ou le désert est chose infiniment chan-
ceuse. Ce pasteur hésite à se hasarder dans une région,
dont il ne connaît ni les points d'eau ni les pistes ; ce
brigand sans scrupules se montre peu disposé à franchir
les limites, au-delà desquelles il entrevoit un pays semé
d'embûches et peuplé de malfaiteurs.
Plus fréquent fut l'exode d'une tribu, résultant de
l'extension prise par une collectivité voisine, le refoule-
ment des faibles par les forts.
Assez souvent aussi les divagations des nomades à
travers la Berbérie, leur marche vers l'ouest ou leurs
retours vers l'est leur furent imposés par les royautés
sédentaires; en plus d'un cas, les familles hilàliennes se
virent transportées par les princes eux-mêmes sur les
terres de leur propre domaine.
considérable du domaine arabe, une telle diffusion de
l'élément sémitique en Berbérie qu'elle ne semble pas
peser d'un poids moindre que celle qui précède sur les
destinées du pays. Des trente-trois degrés de longitude
compris entre la région de Barqa et le cap Noûn, au mi-
lieu du XIIe siècle, dix-huit environ avaient été parcou-
rus par les nomades nouveaux venus ; vers 1228, leurs
familles se seront déployées sur toute l'Afrique mineure,
et leurs derniers campements se dresseront sur les bords
de l'Atlantique,-de cette Mer environnante, qui enclôt les
terres du vieux monde de ses abîmes mystérieux.
Cette nouvelle progression vers l'ouest ne revêt d'ail-
leurs pas le même caractère que le premier élan de l'in-
vasion. Les raisons qui la provoquent sont diverses.
On put voir parfois les tribus se déplacer dans une
année de disette, à la recherche de pâturages nouveaux
et plus abondants ; mais ce cas fut moins fréquent qu'on
ne serait tenté de l'imaginer. L'esprit d'aventure ne sem-
ble pas un des traits dominants du caractère arabe ; le
nomade, comme tous les esprits simples, est routinier et
craintif devant l'inconnu. D'ailleurs, un déplacement à
à travers le steppe ou le désert est chose infiniment chan-
ceuse. Ce pasteur hésite à se hasarder dans une région,
dont il ne connaît ni les points d'eau ni les pistes ; ce
brigand sans scrupules se montre peu disposé à franchir
les limites, au-delà desquelles il entrevoit un pays semé
d'embûches et peuplé de malfaiteurs.
Plus fréquent fut l'exode d'une tribu, résultant de
l'extension prise par une collectivité voisine, le refoule-
ment des faibles par les forts.
Assez souvent aussi les divagations des nomades à
travers la Berbérie, leur marche vers l'ouest ou leurs
retours vers l'est leur furent imposés par les royautés
sédentaires; en plus d'un cas, les familles hilàliennes se
virent transportées par les princes eux-mêmes sur les
terres de leur propre domaine.