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par.tie du radical Saint-Augustin disait à l'accusatif
Mileum, Saint-Optat emploie Milei au génitif, Saint-
Cyprien Mileo à l'ablatif; les Grecs disaient MtXeov
L'étymologie berbère s'applique également à Miltiné,
qui pourrait très bien être un pluriel féminin de la
même racine, du mot libyen correspondant à Tamel-
lalt, la blanche, ou de ce mot lui-même. Bien des
termes de la toponymie ancienne s'élaireront d'un
jour nouveau, quand on les examinera à la lumière
des progrès réalisés depuis vingt ans dans les études
berbères.
C'est peut-être d'ailleurs ce que M. Joleaud a voulu
faire, et il faut lui savoir gré de l'intention, tout en
regrettant qu'il n'ait pas cru devoir contrôler les
sources de sa documentation linguistique avec la
même rigueur qu'il apporte dans ses recherches géo-
logiques ou d'histoire naturelle. Il eût évité certaines
méprises, certaines généralisations hasardeuses. Par-
lant de Thougga (Dougga), capitale des Massyles, il
rapproche à juste titre ce nom de Tucca, sur l'Am-
saga, de Tugga lerebentina et de Tuccabora, en Tu-
nisie, et conclut de là qu'il y avait « pour les berbé-
rophonnes de l'époque romaine, le pays des Tuccas
(berbère Tucca, pâturage). » C'est beaucoup dire;
que trois ou quatre topiques dérivent d'une même
racine dans un pays s'étendant de Carthage à la
Césarienne, il ne s'ensuit pas que cette racine puisse
caractériser le pays, même si on lui donne arbitrai-
rement la signification de pâturage. Nous disons à
dessein arbitrairement, car ce mot n'existe dans
(1) Gsell, Atlas, F. 17, n° 59.
par.tie du radical Saint-Augustin disait à l'accusatif
Mileum, Saint-Optat emploie Milei au génitif, Saint-
Cyprien Mileo à l'ablatif; les Grecs disaient MtXeov
L'étymologie berbère s'applique également à Miltiné,
qui pourrait très bien être un pluriel féminin de la
même racine, du mot libyen correspondant à Tamel-
lalt, la blanche, ou de ce mot lui-même. Bien des
termes de la toponymie ancienne s'élaireront d'un
jour nouveau, quand on les examinera à la lumière
des progrès réalisés depuis vingt ans dans les études
berbères.
C'est peut-être d'ailleurs ce que M. Joleaud a voulu
faire, et il faut lui savoir gré de l'intention, tout en
regrettant qu'il n'ait pas cru devoir contrôler les
sources de sa documentation linguistique avec la
même rigueur qu'il apporte dans ses recherches géo-
logiques ou d'histoire naturelle. Il eût évité certaines
méprises, certaines généralisations hasardeuses. Par-
lant de Thougga (Dougga), capitale des Massyles, il
rapproche à juste titre ce nom de Tucca, sur l'Am-
saga, de Tugga lerebentina et de Tuccabora, en Tu-
nisie, et conclut de là qu'il y avait « pour les berbé-
rophonnes de l'époque romaine, le pays des Tuccas
(berbère Tucca, pâturage). » C'est beaucoup dire;
que trois ou quatre topiques dérivent d'une même
racine dans un pays s'étendant de Carthage à la
Césarienne, il ne s'ensuit pas que cette racine puisse
caractériser le pays, même si on lui donne arbitrai-
rement la signification de pâturage. Nous disons à
dessein arbitrairement, car ce mot n'existe dans
(1) Gsell, Atlas, F. 17, n° 59.