a la découverte du monument de chalouf.
5
N° 3.
Lettre de M. Luigi Yassalli a M. Mariette-Bey.
Chalouf, 16 avril 1866.
monsieur le directeur
En attendant que je puisse terminer les estampages que je vous apporterai à mon
retour, je crois devoir vous adresser deux mots à la hâte, pour, vous mettre au courant de
ce que j'ai fait par rapport à la mission dont vous m'avez honoré.
Arrivé avant-hier à Suez, j'ai consigné votre lettre de recommandation à M. l'ingénieur
Larousse qui, après en avoir pris connaissance, m'a offert tout de suite une place dans la
Dahabia qui, par le canal d'eau douce, allait conduire à Ismailia m. Voisin, directeur général
des travaux de l'Isthme. Il est venu nous accompagner lui-même jusqu'à Chalouf et m'a mis
en relation avec m. de Laplaxe et m. le docteur Terrier, qui avaient déjà été présents aux
fouilles que m. de Lesseps, d'après votre prière, avait bien voulu faire exécuter. Avant de
se séparer de moi, mm. Voisin et Larousse m'ont chaudement recommandé, afin que je
Pusse avoir toutes les facilitations possibles pour pouvoir me rendre sur place et étudier le
monument sujet de ma mission. Vous connaissez déjà, m. le directeur, par ce que m.
de Lesseps vous en a écrit, que notre monument persépolitain est situé à peu près à douze
kilomètres de Chalouf, et nous n'avons pas perdu de temps : au matin de bonne heure tout
était prêt pour notre départ. Nous sommes arrivés, par le canal d'eau douce, dans une cha-
loupe, à la hauteur du kilomètre 61, et de là, après avoir parcouru deux kilomètres dans le
désert dans la direction de l'Est, nous arrivâmes à la petite butte parsemée de fragments
de granit rouge, qui déjà de loin nous marquait l'emplacement de notre monument.
Nous avons mis pied à terre, et, par la connaissance que MM. Terrier et de Laplane
avaient déjà faite lors des fouilles du monument, il me fut facile d'examiner tout de suite
les différents fragments, dont il se composait, et qui, en grande partie, étaient couverts de
sable et retournés contre le sol pour les préserver de dégâts ultérieurs. D'après le nombre et
la grandeur des blocs en granit rouge, j'ai pu me former une idée des proportions de cette
stèle, qui devait être placée sur un socle assez grand pour être vue, je pense, assez de loin
dans le désert. En effet, les débris de grès rougeâtre compact semés sur le sol, et dont je
suppose était formé le socle, sont au moins aussi nombreux que ceux en granit rouge cons-
tituant la stèle, et dont j'ai compté une trentaine entre grands et petits. En réunissant la
mesure de tous ces fragments, j'ai pu en déduire approximativement les proportions de ïa
stèle, qui aurait eu 2™ 30 de largeur sur 3 mètres au moins de hauteur. L'épaisseur de 78 centi-
mètres m'a été fournie par un assez grand fragment portant d'un côté des traces d'écriture
cunéiforme, et de l'autre d'écriture hiéroglyphique. Les fragments sur lesquels on a gravé des
caractères cunéiformes sont les plus nombreux et les mieux conservés de la stèle. J'y ai
compté dix-huit blocs d'assez grande dimension et assez lisibles : le côté hiéroglyphique
au contraire est composé d'une douzaine de petits blocs, assez détériorés par l'action du feu,
ce qui en rend les caractères en grande partie presque illisibles. Il existe cependant un frag-
ment considérable contenant six lignes de la longueur d'un mètre ou à peu-près. A la fin de la
5
N° 3.
Lettre de M. Luigi Yassalli a M. Mariette-Bey.
Chalouf, 16 avril 1866.
monsieur le directeur
En attendant que je puisse terminer les estampages que je vous apporterai à mon
retour, je crois devoir vous adresser deux mots à la hâte, pour, vous mettre au courant de
ce que j'ai fait par rapport à la mission dont vous m'avez honoré.
Arrivé avant-hier à Suez, j'ai consigné votre lettre de recommandation à M. l'ingénieur
Larousse qui, après en avoir pris connaissance, m'a offert tout de suite une place dans la
Dahabia qui, par le canal d'eau douce, allait conduire à Ismailia m. Voisin, directeur général
des travaux de l'Isthme. Il est venu nous accompagner lui-même jusqu'à Chalouf et m'a mis
en relation avec m. de Laplaxe et m. le docteur Terrier, qui avaient déjà été présents aux
fouilles que m. de Lesseps, d'après votre prière, avait bien voulu faire exécuter. Avant de
se séparer de moi, mm. Voisin et Larousse m'ont chaudement recommandé, afin que je
Pusse avoir toutes les facilitations possibles pour pouvoir me rendre sur place et étudier le
monument sujet de ma mission. Vous connaissez déjà, m. le directeur, par ce que m.
de Lesseps vous en a écrit, que notre monument persépolitain est situé à peu près à douze
kilomètres de Chalouf, et nous n'avons pas perdu de temps : au matin de bonne heure tout
était prêt pour notre départ. Nous sommes arrivés, par le canal d'eau douce, dans une cha-
loupe, à la hauteur du kilomètre 61, et de là, après avoir parcouru deux kilomètres dans le
désert dans la direction de l'Est, nous arrivâmes à la petite butte parsemée de fragments
de granit rouge, qui déjà de loin nous marquait l'emplacement de notre monument.
Nous avons mis pied à terre, et, par la connaissance que MM. Terrier et de Laplane
avaient déjà faite lors des fouilles du monument, il me fut facile d'examiner tout de suite
les différents fragments, dont il se composait, et qui, en grande partie, étaient couverts de
sable et retournés contre le sol pour les préserver de dégâts ultérieurs. D'après le nombre et
la grandeur des blocs en granit rouge, j'ai pu me former une idée des proportions de cette
stèle, qui devait être placée sur un socle assez grand pour être vue, je pense, assez de loin
dans le désert. En effet, les débris de grès rougeâtre compact semés sur le sol, et dont je
suppose était formé le socle, sont au moins aussi nombreux que ceux en granit rouge cons-
tituant la stèle, et dont j'ai compté une trentaine entre grands et petits. En réunissant la
mesure de tous ces fragments, j'ai pu en déduire approximativement les proportions de ïa
stèle, qui aurait eu 2™ 30 de largeur sur 3 mètres au moins de hauteur. L'épaisseur de 78 centi-
mètres m'a été fournie par un assez grand fragment portant d'un côté des traces d'écriture
cunéiforme, et de l'autre d'écriture hiéroglyphique. Les fragments sur lesquels on a gravé des
caractères cunéiformes sont les plus nombreux et les mieux conservés de la stèle. J'y ai
compté dix-huit blocs d'assez grande dimension et assez lisibles : le côté hiéroglyphique
au contraire est composé d'une douzaine de petits blocs, assez détériorés par l'action du feu,
ce qui en rend les caractères en grande partie presque illisibles. Il existe cependant un frag-
ment considérable contenant six lignes de la longueur d'un mètre ou à peu-près. A la fin de la