De l'âge de pieeee en Egypte.
133
amené, il y a quelques mois, à m'occuper de cette question et à organiser des fouilles dans
le but de réunir sur place les matériaux propres à l'élucider. Ces fouilles à la vérité ne sont
Pas encore finies; elles sont assez avancées cependant pour que je me croie autorisé à en
mettre, dès à présent, les principaux résultats sous les yeux de l'Académie.
Pour plus de clarté, je partagerai le petit travail dont j'écris les premières lignes en
deux parties. Je résumerai d'abord ce qu'on a dit jusqu'à présent sur la question; je rappor-
terai ensuite les observations que j'ai pu faire moi-même, et je montrerai en quelle mesure
ces observations infirment ou confirment l'ancienne manière de voir. En d'autres termes, c'est
le passé et le présent de la question de l'âge de pierre en Egypte que je veux essayer de
Préciser en ce moment.
La question du passé de l'âge de pierre en Egypte est marquée par une première
Phase, pendant laquelle des monuments de silex travaillé sont signalés, mais sans que per-
sonne s'avise, soit de leur assigner une époque, soit d'essayer de faire croire que ces monu-
ments puissent appartenir à une autre date qu'à une date historique. En 1826, M. Passa-
laoqua enregistre, dans le Catalogue des monuments découverts pendant ses fouilles en Égypte,
"neuf instruments de silex» qu'il a trouvés dans une nécropole de Memphis; il signale «une
Petite scie en silex» qu'il a également trouvée à Memphis; plus loin, il parle «de flèches
ai'mées à leur extrémité de silex très aigus», qui viennent de Thèbes. Mais, en aucun cas,
P- Passalacqua ne donne à penser que, pour lui, ces monuments ne soient pas, comme tous
ceux qu'il découvre et qu'il enregistre, de l'époque pendant laquelle les rois qui inscrivaient
fcwis noms dans des cartouches régnaient sur l'Egypte. Après lui M. Horner, M. Prisse,
^ Worsaa, font également mention de silex travaillés, recueillis en plusieurs circonstances
SUr le sol égyptien. Mais ces explorateurs, tout en reconnaissant que les monuments dont ils
Parlent sont antérieurs à tout ce que l'on connaît de plus ancien en Égypte, nous laissent
aosolument dans le doute sur la date réelle qu'ils leur attribuent.
C'est M. Arcelin qui, dans un Rapport adressé le 26 juin 1869 au Ministre de l'Ins-
truction publique, a fait entrer la question du passé de l'âge de pierre en Égypte dans sa
seconde phase. Cette fois on ne se tait plus sur l'âge des monuments; on ne laisse pas com-
prendre que, comme tous ceux que l'antiquité égyptienne nous a légués, ils appartiennent à
l'une des dynasties qui ont régné successivement sur l'Égypte. On franchit cette limite. An-
térieurement à Mènes, antérieurement à toute tradition connue, l'Égypte, comme tous les
a»tres pays du monde, a dû passer par une période de durée indéfinie, pendant laquelle les
nommes encore sauvages vivaient au milieu de bêtes dont les races sont pour la plupart
Peintes, et faisaient du silex et de la pierre brute ou polie la matière principale des instru-
ments qu'ils mettaient en œuvre. C'est à cette période reculée, c'est à ce temps très éloigné
*e nous, pendant lequel la longue vallée qui sera plus tard l'Égypte n'a point encore d'his-
toil'e, en un mot c'est à l'âge de pierre que M. Arcelin s'efforce de rattacher les monuments
^ l'industrie primitive de l'homme qu'il recueille en Égypte. Les conditions du problème
s°nt ainsi, comme on le voit, considérablement déplacées, et, à vrai dire, le problème, d'ar-
chéologique qu'il était jusqu'alors, devient, si je puis m'exprimer ainsi, géologique. Ce qu'il
faut en effet, c'est découvrir un objet, silex, poterie, ossements, qui, tout en portant témoignage
(UI travail ou de la contemporanéité de l'homme, reçoive en même temps sa date par le
terrain d'où on l'a tiré. Or je n'ose pas dire que le mémoire de M. Arcelin laisse sous ce
133
amené, il y a quelques mois, à m'occuper de cette question et à organiser des fouilles dans
le but de réunir sur place les matériaux propres à l'élucider. Ces fouilles à la vérité ne sont
Pas encore finies; elles sont assez avancées cependant pour que je me croie autorisé à en
mettre, dès à présent, les principaux résultats sous les yeux de l'Académie.
Pour plus de clarté, je partagerai le petit travail dont j'écris les premières lignes en
deux parties. Je résumerai d'abord ce qu'on a dit jusqu'à présent sur la question; je rappor-
terai ensuite les observations que j'ai pu faire moi-même, et je montrerai en quelle mesure
ces observations infirment ou confirment l'ancienne manière de voir. En d'autres termes, c'est
le passé et le présent de la question de l'âge de pierre en Egypte que je veux essayer de
Préciser en ce moment.
La question du passé de l'âge de pierre en Egypte est marquée par une première
Phase, pendant laquelle des monuments de silex travaillé sont signalés, mais sans que per-
sonne s'avise, soit de leur assigner une époque, soit d'essayer de faire croire que ces monu-
ments puissent appartenir à une autre date qu'à une date historique. En 1826, M. Passa-
laoqua enregistre, dans le Catalogue des monuments découverts pendant ses fouilles en Égypte,
"neuf instruments de silex» qu'il a trouvés dans une nécropole de Memphis; il signale «une
Petite scie en silex» qu'il a également trouvée à Memphis; plus loin, il parle «de flèches
ai'mées à leur extrémité de silex très aigus», qui viennent de Thèbes. Mais, en aucun cas,
P- Passalacqua ne donne à penser que, pour lui, ces monuments ne soient pas, comme tous
ceux qu'il découvre et qu'il enregistre, de l'époque pendant laquelle les rois qui inscrivaient
fcwis noms dans des cartouches régnaient sur l'Egypte. Après lui M. Horner, M. Prisse,
^ Worsaa, font également mention de silex travaillés, recueillis en plusieurs circonstances
SUr le sol égyptien. Mais ces explorateurs, tout en reconnaissant que les monuments dont ils
Parlent sont antérieurs à tout ce que l'on connaît de plus ancien en Égypte, nous laissent
aosolument dans le doute sur la date réelle qu'ils leur attribuent.
C'est M. Arcelin qui, dans un Rapport adressé le 26 juin 1869 au Ministre de l'Ins-
truction publique, a fait entrer la question du passé de l'âge de pierre en Égypte dans sa
seconde phase. Cette fois on ne se tait plus sur l'âge des monuments; on ne laisse pas com-
prendre que, comme tous ceux que l'antiquité égyptienne nous a légués, ils appartiennent à
l'une des dynasties qui ont régné successivement sur l'Égypte. On franchit cette limite. An-
térieurement à Mènes, antérieurement à toute tradition connue, l'Égypte, comme tous les
a»tres pays du monde, a dû passer par une période de durée indéfinie, pendant laquelle les
nommes encore sauvages vivaient au milieu de bêtes dont les races sont pour la plupart
Peintes, et faisaient du silex et de la pierre brute ou polie la matière principale des instru-
ments qu'ils mettaient en œuvre. C'est à cette période reculée, c'est à ce temps très éloigné
*e nous, pendant lequel la longue vallée qui sera plus tard l'Égypte n'a point encore d'his-
toil'e, en un mot c'est à l'âge de pierre que M. Arcelin s'efforce de rattacher les monuments
^ l'industrie primitive de l'homme qu'il recueille en Égypte. Les conditions du problème
s°nt ainsi, comme on le voit, considérablement déplacées, et, à vrai dire, le problème, d'ar-
chéologique qu'il était jusqu'alors, devient, si je puis m'exprimer ainsi, géologique. Ce qu'il
faut en effet, c'est découvrir un objet, silex, poterie, ossements, qui, tout en portant témoignage
(UI travail ou de la contemporanéité de l'homme, reçoive en même temps sa date par le
terrain d'où on l'a tiré. Or je n'ose pas dire que le mémoire de M. Arcelin laisse sous ce