A TRAVERS LA VOCALISATION ÉGYPTIENNE
27
Q^v/)1 01~l es^ 'e Pronom possessif, celui du pays d'Éthiopie* : Ko<tc, qui équivaut à
l'ethnique, équivaut clone aussi en certains cas au pays même. Si maintenant nous
cherchons les variantes hiéroglyphiques, nous trouvons qu'il y en a parmi les plus an-
ciennes où la voyelle tonique est exprimée par "^N^ soit ^ kash+. Sans nous
inquiéter ici de savoir quel fut le genre de ce nom aux temps très anciens, les ortho-
, au singulier voùti[ç] et
a substitution du 0 au t
graphes comme [py^ K+SH+T nous montrent qu'il était féminin aux époques dont
nous étudions la vocalisation, ce qui justifie la finale en i-e qu'on trouve tant dans la trans-
cription assyrienne Kousi que clans la grecque Kûaifç] de naxùo-'.ç. La vocalisation première
de r-ym k+sh aurait donc eu un a à la tonique, kash-K qui serait devenu koush+ par
obscurcissement de Ta en o, quel que soit d'ailleurs le mode par lequel cet obscurcisse-
ment s'est produit. Les transcriptions v>)5 de l'hébreu et Kousou-Kousi de l'assyrien
prouvent que l'obscurcissement était déjà un fait accompli à la tin clu VIIIe siècle, et il
y a là un indice précieux pour déterminer la date à laquelle on doit faire remonter ce
phénomène. La xotv^ aura probablement vocalisé *Kashai[t]-Kashouit, puis par chute
du t, Kashai-Kashei-Kashi; Koushi était courant déjà aux débuts de la période
assyrienne sous la XXIVe et la XXVe dynastie, et Kùatfç] se maintint chez les Égyptiens
de l'époque grecque.
i
D. — Je reviendrai encore sur les transcriptions clu mot
vou9ï)[ç], au pluriel Ni7)pi[ç], NO-^p. Au singulier comme au pluriel,
semble trahir une différence dialectale; le choix des terminaisons paraît de plus incli-
quer pour les formes en x un dialecte préférant l'i à la finale, pour les formes en 0 un
dialecte préférant l'É, «otti et nowe8. La même différence se remarque au pluriel, et
l'emploi de v6ï)p dans le nom d'Amonrasonthêr pourrait nous induire à penser que les
formes aspirées du mot appartenaient au dialecte thébain, ce que, d'ailleurs, confirme-
rait la présence de r,-e à la finale clu singulier. Toutefois, ceci n'est qu'en passant. La
question qui se pose à propos des transcriptions plurielles, vsvTr(p'.[;], vovxïjpifç], c'est de
savoir si on les employait ailleurs qu'en composition, ou si clans le langage courant on
n'aimait pas mieux se servir de la forme complète NOUTÊRi-vevouTTjpifç].
Un passage clu Papyrus magique de Paris répond à cette question : on y cite rô-ep
£ciju.e, les dieux-femmes, et ïî-rep goo-yn-r, les dieux-mâles3. L'orthographe ïrrep suppose
une prononciation enter avec une voyelle initiale qui répond à une tendance clu bas-
égyptien. Où les jeux d'accent avaient amené le voisinage immédiat de deux consonnes,
la difficulté de prononcer ces deux consonnes obligeait la langue à rétablir devant elles à
l'attaque un son auxiliaire, presque toujours un e : maraît, une fois devenu
xx.
pco, ajoutait, e devant xx et se prononçait emrô qu'on écrivait ju-poo et plus rarement
ejupio ; r-^p-i nakaîtou, devenu «k^, nx&i) «KH> se prononçait enka, enkhaï, enkê,
qu'on écrivait ïïkô., xîjçjki, en^o*; ^ eapaî, devenu pire, se prononçait erpe qu'on
1. Spiegelberg, yEgyptische und Griechische Eigennamen, p. 27*.
2. Spiegelberg cite 2evtcvou6y]ç [/Egyptische und Griechische Eigennamen, n° 291, p. 41*) et EUvoûtiç [ibid.,
n° 208, p. 31*-32*).
3. Griffith, The Old Coptic magieal Teœts of Paris, dans la Zeitschrift, t. XXXVIII, p. 88. La glose de
Griffith, « ïrrep probably representing iirrrep », est inutile : le scribe, citant une formule ancienne, devait
naturellement y conserver la forme antique où l'article n'était pas nécessaire.
27
Q^v/)1 01~l es^ 'e Pronom possessif, celui du pays d'Éthiopie* : Ko<tc, qui équivaut à
l'ethnique, équivaut clone aussi en certains cas au pays même. Si maintenant nous
cherchons les variantes hiéroglyphiques, nous trouvons qu'il y en a parmi les plus an-
ciennes où la voyelle tonique est exprimée par "^N^ soit ^ kash+. Sans nous
inquiéter ici de savoir quel fut le genre de ce nom aux temps très anciens, les ortho-
, au singulier voùti[ç] et
a substitution du 0 au t
graphes comme [py^ K+SH+T nous montrent qu'il était féminin aux époques dont
nous étudions la vocalisation, ce qui justifie la finale en i-e qu'on trouve tant dans la trans-
cription assyrienne Kousi que clans la grecque Kûaifç] de naxùo-'.ç. La vocalisation première
de r-ym k+sh aurait donc eu un a à la tonique, kash-K qui serait devenu koush+ par
obscurcissement de Ta en o, quel que soit d'ailleurs le mode par lequel cet obscurcisse-
ment s'est produit. Les transcriptions v>)5 de l'hébreu et Kousou-Kousi de l'assyrien
prouvent que l'obscurcissement était déjà un fait accompli à la tin clu VIIIe siècle, et il
y a là un indice précieux pour déterminer la date à laquelle on doit faire remonter ce
phénomène. La xotv^ aura probablement vocalisé *Kashai[t]-Kashouit, puis par chute
du t, Kashai-Kashei-Kashi; Koushi était courant déjà aux débuts de la période
assyrienne sous la XXIVe et la XXVe dynastie, et Kùatfç] se maintint chez les Égyptiens
de l'époque grecque.
i
D. — Je reviendrai encore sur les transcriptions clu mot
vou9ï)[ç], au pluriel Ni7)pi[ç], NO-^p. Au singulier comme au pluriel,
semble trahir une différence dialectale; le choix des terminaisons paraît de plus incli-
quer pour les formes en x un dialecte préférant l'i à la finale, pour les formes en 0 un
dialecte préférant l'É, «otti et nowe8. La même différence se remarque au pluriel, et
l'emploi de v6ï)p dans le nom d'Amonrasonthêr pourrait nous induire à penser que les
formes aspirées du mot appartenaient au dialecte thébain, ce que, d'ailleurs, confirme-
rait la présence de r,-e à la finale clu singulier. Toutefois, ceci n'est qu'en passant. La
question qui se pose à propos des transcriptions plurielles, vsvTr(p'.[;], vovxïjpifç], c'est de
savoir si on les employait ailleurs qu'en composition, ou si clans le langage courant on
n'aimait pas mieux se servir de la forme complète NOUTÊRi-vevouTTjpifç].
Un passage clu Papyrus magique de Paris répond à cette question : on y cite rô-ep
£ciju.e, les dieux-femmes, et ïî-rep goo-yn-r, les dieux-mâles3. L'orthographe ïrrep suppose
une prononciation enter avec une voyelle initiale qui répond à une tendance clu bas-
égyptien. Où les jeux d'accent avaient amené le voisinage immédiat de deux consonnes,
la difficulté de prononcer ces deux consonnes obligeait la langue à rétablir devant elles à
l'attaque un son auxiliaire, presque toujours un e : maraît, une fois devenu
xx.
pco, ajoutait, e devant xx et se prononçait emrô qu'on écrivait ju-poo et plus rarement
ejupio ; r-^p-i nakaîtou, devenu «k^, nx&i) «KH> se prononçait enka, enkhaï, enkê,
qu'on écrivait ïïkô., xîjçjki, en^o*; ^ eapaî, devenu pire, se prononçait erpe qu'on
1. Spiegelberg, yEgyptische und Griechische Eigennamen, p. 27*.
2. Spiegelberg cite 2evtcvou6y]ç [/Egyptische und Griechische Eigennamen, n° 291, p. 41*) et EUvoûtiç [ibid.,
n° 208, p. 31*-32*).
3. Griffith, The Old Coptic magieal Teœts of Paris, dans la Zeitschrift, t. XXXVIII, p. 88. La glose de
Griffith, « ïrrep probably representing iirrrep », est inutile : le scribe, citant une formule ancienne, devait
naturellement y conserver la forme antique où l'article n'était pas nécessaire.