ANTÉRIEURS AU NOUVEL EMPIRE
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quences1. En somme, la charpente des nouveaux pressoirs remplaçait avec avantage le
cinquième acteur. C'est pourquoi ce personnage, presque inévitable dans les anciennes
représentations, disparut des scènes où
fonctionne le nouveau système de pressu-
rage.
A l'époque où le cinquième acteur
était utile, les Égyptiens ne pouvaient
guère le dessiner autrement qu'ils ont fait.
S'ils avaient copié la réalité, on n'aurait
vu de lui que la tête et les mains ; le sac, FlG- 8'
le vin et le récipient auraient masqué le corps et les membres. Comme on voulait mon-
trer le personnage tout entier et faire comprendre à quoi il travaillait, on a dû le loger
au-dessus du sac, entre les perches : il était clair ainsi que son rôle était d'empêcher
les perches de se rejoindre.
Ce n'est pas seulement une fois que les Égyptiens ont modifié d'une manière
aussi choquante pour nous les positions respectives des objets. Quand le propriétaire
du tombeau était un amateur de pêche, on le montrait debout sur sa barque, colossal,
dans une attitude assurément fort décorative, mais plutôt impropre à ce genre d'exer-
cices. Il a donc fallu faire monter les poissons à son niveau. Une colonne d'eau verti-
cale surgit en avant de la barque, s'élève aussi haut que le pêcheur, et deux poissons
s'empressent de s'y loger et d'y être harponnés2. Ceux qui créèrent de tels miracles
ont bien pu jucher sur deux bâtons un homme qui, tout prosaïquement, était debout
sur le sol.
Dans la grande majorité des cas, le sac est attaché au milieu des perches, les opéra-
teurs sont disposés de part et d'autre du point d'attache. Il existe au tombeau de
Ptah-hotep une disposition différente qui
est unique, à ce que je crois (fig. 93).
Les perches qui partout ailleurs sont pa-
rallèles, ou à peu près, se croisent; le
sac est attaché à leurs extrémités ; les
opérateurs préposés au maniement des
perches se placent tous deux d'un même
FlG- 9- côté du sac, le cinquième acteur étant
logé comme de coutume entre les bâtons. Ces modifications s'expliquent parce que le
travail approchait de la fin. Le sac est, en effet, excessivement réduit, et il est visible
1. Les pressoirs nouveaux sont représentés pour la première fois dans le tombeau 14 de Béni-Hassan
(fi. H., I, 46) et dans le tombeau 15 (fig. 8, Champollion, Monuments, 389). Ces pressoirs servent non pas à faire
du vin, mais une drogue inconnue appelée | ^jj^, nwd. Malgré l'apparition d'un système incontestable-
ment avantageux, les vignerons continuèrent par habitude à user du pressoir primitif (tombeaux 2, 15 et 17 :
Béni-Hassan). Ils adoptèrent plus tard le nouveau système. M. N. cle G. Davies m'a aimablement montré à
Thèbes un très beau tombeau qui sera bientôt édité (n° 39), où des vignerons utilisent le pressoir à vis et à
charpente.
2. B. H., I, 36.
3. La figure 9, d'après une photographie de M. Daumas.
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quences1. En somme, la charpente des nouveaux pressoirs remplaçait avec avantage le
cinquième acteur. C'est pourquoi ce personnage, presque inévitable dans les anciennes
représentations, disparut des scènes où
fonctionne le nouveau système de pressu-
rage.
A l'époque où le cinquième acteur
était utile, les Égyptiens ne pouvaient
guère le dessiner autrement qu'ils ont fait.
S'ils avaient copié la réalité, on n'aurait
vu de lui que la tête et les mains ; le sac, FlG- 8'
le vin et le récipient auraient masqué le corps et les membres. Comme on voulait mon-
trer le personnage tout entier et faire comprendre à quoi il travaillait, on a dû le loger
au-dessus du sac, entre les perches : il était clair ainsi que son rôle était d'empêcher
les perches de se rejoindre.
Ce n'est pas seulement une fois que les Égyptiens ont modifié d'une manière
aussi choquante pour nous les positions respectives des objets. Quand le propriétaire
du tombeau était un amateur de pêche, on le montrait debout sur sa barque, colossal,
dans une attitude assurément fort décorative, mais plutôt impropre à ce genre d'exer-
cices. Il a donc fallu faire monter les poissons à son niveau. Une colonne d'eau verti-
cale surgit en avant de la barque, s'élève aussi haut que le pêcheur, et deux poissons
s'empressent de s'y loger et d'y être harponnés2. Ceux qui créèrent de tels miracles
ont bien pu jucher sur deux bâtons un homme qui, tout prosaïquement, était debout
sur le sol.
Dans la grande majorité des cas, le sac est attaché au milieu des perches, les opéra-
teurs sont disposés de part et d'autre du point d'attache. Il existe au tombeau de
Ptah-hotep une disposition différente qui
est unique, à ce que je crois (fig. 93).
Les perches qui partout ailleurs sont pa-
rallèles, ou à peu près, se croisent; le
sac est attaché à leurs extrémités ; les
opérateurs préposés au maniement des
perches se placent tous deux d'un même
FlG- 9- côté du sac, le cinquième acteur étant
logé comme de coutume entre les bâtons. Ces modifications s'expliquent parce que le
travail approchait de la fin. Le sac est, en effet, excessivement réduit, et il est visible
1. Les pressoirs nouveaux sont représentés pour la première fois dans le tombeau 14 de Béni-Hassan
(fi. H., I, 46) et dans le tombeau 15 (fig. 8, Champollion, Monuments, 389). Ces pressoirs servent non pas à faire
du vin, mais une drogue inconnue appelée | ^jj^, nwd. Malgré l'apparition d'un système incontestable-
ment avantageux, les vignerons continuèrent par habitude à user du pressoir primitif (tombeaux 2, 15 et 17 :
Béni-Hassan). Ils adoptèrent plus tard le nouveau système. M. N. cle G. Davies m'a aimablement montré à
Thèbes un très beau tombeau qui sera bientôt édité (n° 39), où des vignerons utilisent le pressoir à vis et à
charpente.
2. B. H., I, 36.
3. La figure 9, d'après une photographie de M. Daumas.