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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 35.1913

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Montet, Pierre: La fabrication du vin dans les tombeaux antérieurs au Nouvel Empire
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12746#0136
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122

LA FABRICATION DU VIN DANS LES TOMBEAUX

tous les quatre, debout sur le sol. On voit clans l'ouvrage de Rosellini1 deux femmes
tordre avec des bâtonnets un petit sac afin d'en exprimer le liquide (fig. 7). Cette scène
tout à fait comparable aux représentations que nous avons du pressurage prouve que
les vignerons n'avaient pas à faire de la gymnastique. Le sac étant trop lourd pour
être manié par deux hommes seulement, on avait recours à deux ouvriers supplémen-
taires ; mais l'opération s'accomplissait toujours de la même façon, avec deux comme
avec quatre acteurs. Il est tout naturel que, pour montrer tous les personnages d'une
scène, les Égyptiens aient placé l'un au-dessus de l'autre des personnages qui étaient
en réalité l'un derrière l'autre. Ils ont su parfois se passer de ce procédé classique. Les
acteurs du premier plan (fig. 5, 6 et 9) sont un peu plus petits. Ils s'agenouillent ou se
courbent vers la terre afin de laisser voir les acteurs du second plan debout derrière
eux. Comme les ouvriers se baissaient et se levaient tour à tour, à mesure que les
perches tournaient, les mouvements de la vie étaient ainsi rendus tant bien que mala.

Les indications que les bas-reliefs et les peintures donnent sur la position du
cinquième acteur sont exactes au moins sur un point. Il occupait réellement le centre
de l'action, mais, au lieu de se coucher en travers des bâtons, il était simplement debout
sur le sol. L'appareil primitif et mobile risquait de se déplacer dès que les mouvements
des opérateurs cessaient d'être parfaitement réguliers. Il fallait donc veiller à ce que le
vin coulât exactement dans le baquet. C'était le rôle du personnage3, mais il pouvait
encore être utile d'une autre manière. L'expérience avait dû apprendre bien vite aux
vignerons que, pour exprimer complètement le jus des raisins, il fallait non seulement
faire tourner les bâtons en sens inverse, mais maintenir entre eux un écartement tou-
jours égal 4. Tout le monde contribuait à conserver cet écartement, mais le personnage
qui était au milieu des perches était, pour -cela, bien mieux placé que ses camarades.
Il lui suffisait de prendre une perche dans chaque main pour s'opposer avec beaucoup
de force à leur rapprochement.

Les Égyptiens surent, à partir du Moyen Empire, apporter de grands progrès à la
construction de leurs pressoirs. Le sac est fixé par les deux bouts à une charpente
solide; l'une des extrémités est réunie à une pièce de bois qui traverse la charpente et
qu'on fait tourner pour obtenir la torsion (fig. 8). Deux avantages en résultent : 1° les
ouvriers n'ont plus à porter eux-mêmes le poids du sac qui devait être considérable,
surtout au début de l'opération, d'où grande économie d'énergie; 2° les déplacements
de l'appareil ne sont plus à craindre, ni le rapprochement des perches et ses consé-

L Rosellini, Monumenti cieili, 66, 1.

2. Etant donné que les perches tournaient en sens inverse, lorsque le personnage qui était à droite sur le
premier plan se dressait, le personnage qui était à gauche sur le même plan se baissait. 11 en était de même
pour les personnages du second plan. Les bas-reliefs de Flah-hotep et de Mera ne sont donc pas complètement
exacts.

3. C'est peut-être pour cette raison, suivant une remarque que M. Lacau a eu l'obligeance de me commu-
niquer, que le cinquième personnage est appelé È • tandis que les quatre autres sont des £j.

4. Je me suis rendu compte de cette nécessité en faisant écraser des fruits au moyeu d'un « pressoir » du
même genre. Le sac tend, à mesure qu'on le tord, à former des replis; les fruits contenus à l'intérieur de ces
replis ne subissent qu'une faible pression.
 
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