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Revue égyptologique — 4.1885

DOI issue:
Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: Une page de l'histoire de la Nubie, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0187
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170

Eugène Revillout.

11 n'est pas jusqu'aux prêtres et stolistes d'Isis venus d'Egypte à Philée et dont nous
parle l'envoyé du roi nubien Tererermen dont nous ne sachions en partie les noms par des
inscriptions grecques appartenant à cette époque et datées des années 165 ou 169 de l'ère
païenne de Dioclétien, c'est-à-dire soit du temps des guerres des Blemmyes, soit d'un peu
après leur traité de paix avec Maximin.

que du côté des hauts plateaux éthiopiens. Peut-être Silco aura-t-il profité de la grande expédition d'Élis-
boas contre les Homérites d'Arabie pour opérer en son absence une razzia jusque dans ses états. Ce fut
à cette occasion sans doute qu'il aura joint à son titre de pacjtXxdxoç vou(3aôu>v celui de xat olcov rav
aiOto^wv qui avait toujours appartenu au «roi des rois» siégeant à Axuni, ainsi que le prouve l'inscription
d'Aeizanas. Ce qui est hors de doute, d'après les renseignements fournis par l'histoire, c'est que cette
guerre-là n'eut pas de résultats durables, comme celle que le roi nubien avait entreprise contre les Blem-
myes. Il est donc plus que probable que quand, dans son quatrième paragraphe, Silco nous peint l'état
misérable dans lequel avaient été réduits ses ennemis, c'est encore aux Blemmyes qu'il fait allusion et qu'il
veut nous montrer les résultats décisifs de sa seconde campagne.

«Les chefs des autres nations qui entrent en guerre avec moi, s'écrie-t-il, je ne les laisse pas reposer
»à l'ombre, si ce n'est au-dehors en plein air, et ils ne peuvent se désaltérer dans l'intérieur de leurs
«maisons. Car ceux qui osent se mesurer avec moi, je me saisis de leurs femmes et de leurs enfants . . . .»

Cela revient certainement à dire que les ennemis de Silco ont été finalement vaincus, obligés, pour
n'être pas massacrés, de sortir de chez eux ou de s'enfuir au loin dans les déserts en laissant comme proie
à leurs adversaires leurs femmes, leurs enfants, leurs habitations, leur patrie, où Silco a pu s'établir libre-
ment avec ses troupes. Faut-il en conclure cependant que c'est notre roi nubien seul et par ses propres
forces qui ait obtenu tout cela ? Evidemment non. Il aurait eu bien soin de nous le dire. Nous allons voir,
en effet, par les détails historiques dans lesquels nous allons entrer que Silco avait alors des alliés beau-
coup plus redoutables que lui-même.

Nous avons établi dans notre Mémoire des Blemmyes que l'inscription qui nous occupe avait été ré-
digée entre l'année 540 et l'année 543. C'est dans cet intervalle, en effet, que se placent les deux grands
événements qui coïncidèrent à peu près avec l'expulsion des Blemmyes : 1° la conversion des Nobades
par Julien. 2° la destruction, par une expédition dirigée par Narsôs le Persarmenien, du culte d'Isis et des
idoles de Philée, dont le traité de paix fait en 451 entre les Bomains et les Blemmyes garantissait la con-
servation. Avant la mission de Julien, les Nobades, suivant Procope, avaient la même religion que les Blem-
myes «et c'est pourquoi, disais-je (p. 73), Silco dans sa première campagne leur fit jurer la paix sur leurs
«idoles communes. Mais bientôt les circonstances changèrent : car, lors de son inscription Silco était devenu
-chrétien et il méprisait les idoles que les Blemmyes adoraient encore. Il les vit certainement avec joie
«détruire par Narsès.»

L'inscription de Silco a été trouvée clans le temple de Talmis, ville que nous voyons fort peu de
temps après être devenue le siège d'un exarchat romain, ainsi que le prouve une inscription copte trouvée
à Dandour et traduite dans mon mémoire. Lorsque fut rédigée cette inscription copte, le premier évêque
de Philée, Théodore, celui qui avait fait transformer le temple d'Isis en église, gouvernait encore son
diocèse. Il n'y avait plus alors de Blemmyes dans la contrée; mais l'autorité était exercée de très bonne
entente à Dandour à la fois par un roi chrétien des Nobades, successeur de Silco et qui occupait sans
doute les villes supérieures de la Nubie, et par un exarque byzantin qui, demeurant à Talmis, devait avoir
aussi Taphis en sa possession avec toute la partie de l'ancienne Nubie qui avoisinait l'Egypte. Dandour était
donc probablement devenue frontière, mais frontière entre deux alliés. L'un et l'autre donnaient leurs ordres
pour la construction d'une église clans cette sorte de bourg neutre et l'évêque de Philée, Théodore, dont
l'autorité devait s'étendre dans tout le commilitium romain, avait remis lui-même la croix au prêtre qui
devait la planter. Tout cela se faisait du consentement tant du roi nubien que de l'exarque. Car on cher-
chait à éviter de part et d'autre toute cause de dissension. Cet état de chose paraît avoir duré jusqu'en
577, moment où, sous le règne de Justin, on fortifia Philée devenu de nouveau ville frontière. Mais
quand et comment commença-t-il? Pour moi la.chose paraît évidente. Dans sa première expédition Silco
avait brisé les forces des Blemmyes. Il avait parcouru le pays d'un bout à l'autre. Il était allé non-seule-
ment à Talmis et à Taphis, mais même, il a soin de nous le dire, il avait porté ses armes victorieuses
depuis Primis jusque Telel. Mais il avait fait la paix avec eux sans occuper leur territoire. Il était re-
tourné dans son pays. Quelque temps après, sous un prétexte qui nous est encore inconnu, la guerre re-
commença. Cette fois Silco, devenu chrétien, était l'allié du grand empereur Justinien. A ce que nous apprend
Procope, une armée romaine commandée par Narsès le Persarmenien, remontant l'Egypte, était venue à
 
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