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Revue égyptologique — 4.1885

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Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: Une page de l'histoire de la Nubie, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0186

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Une page de l'histoire de la Nubie.

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selon son inscription grecque, avait déjà combattu contre les Blemmyes et à qui Dieu avait
donné la victoire «trois fois». Les documents, que j'ai déjà utilisés d'ailleurs, abondent sur cette
période.

»jusque Telel une fois; et les autres (peuples) qui habitent au-dessus des Nobades, j'ai ravagé leurs terres
»parce qu'ils m'ont cherché querelle.

«Les chefs des nations étrangères qui entrent en guerre avec moi, je ne les laisse pas reposer à
»l'ombre, si ce n'est au-dehors, en plein air, et ils ne peuvent se désaltérer dans l'intérieur de leurs maisons.
»Car ceux qui se mesurent avec moi, je me saisis de leurs femmes et de leurs enfants ...'..»

Au point de vue général rien de plus simple que le sens de notre inscription dont nous résumions
. déjà en ces termes les données historiques, p. 63 de notre Mémoire sur les Blemmyes : «Silco était roi des
»Nobades et il se vante d'être venu deux fois jusqu'à Talmis et à Taphis et d'y avoir battu les Blemmyes
»qui lui avaient cherché querelle. H avait fait deux campagnes contre eux et les avait vaincus en trois
^batailles avec l'aide du Dieu tout-puissant. Après la première campagne il leur avait accordé la paix
»parce qu'ils lui avaient juré de par leurs idoles de ne plus l'offenser. Mais bientôt forcé de recommencer
»la guerre avec eux, il s'était rendu maître de leurs villes qu'il avait occupées avec ses troupes.»

Si maintenant nous voulons étudier plus en détail le plan et, qu'on me pardonne cette expression,
la contexture de notre texte, nous voyons qu'il comprend plusieurs parties fort distinctes.

Silco nous fait d'abord le résumé complet de ses campagnes contre les Blemmyes. Il est venu deux
fois en armes à Talmis et à Taphis. Dans la première guerre Dieu lui a donné la victoire trois fois. Dans
la seconde il a vaincu de nouveau et pris possession des villes des Blemmyes où il s'est établi avec ses
troupes. Tout ce qu'il y a d'essentiel dans le récit de Silco est compris dans ces quelques phrases.

Après cela le lapicidc a eu le soin de laisser un assez large blanc pour nous mieux indiquer que
nous avions affaire à un nouveau paragraphe. Puis avec l'incise ~o jasv ^ptorov a-aÇ, dans laquelle la
particule [xev vient encore préciser d'avantage la coupe que nous venons d'indiquer, commence une nou-
velle série de développements ayant trait spécialement à la première campagne de Silco, campagne dont
il avait le plus de motifs d'être fier.

La première fois, dit-il, il a entièrement soumis les Blemmyes par la force de ses armes et ils lui
ont demandé grâce. Il a donc fait la paix avec eux et ils lui ont prêté serment de par leurs idoles et il a
cru à leur serment comme à celui de gens honorables. Il est retourné dans ses états du Haut-Nil.

Cette campagne, Silco l'a évidemment accomplie à lui seul, avec ses propres moyens d'action, et c'est
pourquoi il en relate avec tant de soin tous les détails. Car c'était une grande gloire pour lui que d'avoir, le
premier, soumis ces terribles barbares qui jusque là passaient pour si redoutables. Aussi Silco s'exalte-t-il
en pensant à un tel triomphe, et, oubliant volontairement cle nous raconter la nouvelle guerre contre les
Blemmyes dont il avait déjà parlé sommairement plus haut et dans laquelle il paraît avoir joué un rôle plus
secondaire, il en vient immédiatement à un pompeux panégyrique de son courage et de sa puissance,
panégyrique qui constitue un troisième paragraphe.

Depuis qu'il est devenu roi ou plutôt roitelet* (car tel était le titre que portaient alors tradi-
tionnellement les rois des Nobades ainsi que les (kailiaxot des Bedja et des autres peuples mentionnés
dans l'inscriptiou du (3aatXeu£, éthiopien Aeizanas [n° 5128 du Corpus]), notre héros n'a jamais marché,
comme ses prédécesseurs, à la suite des autres rois, mais plutôt devant eux, et ceux qui ont voulu lutter
avec lui, il ne les a pas laissés en possession de leurs territoires à moins qu'ils n'aient fait leur soumission.
Car il est un lion dans les pays de plaine et un ours dans les pays de montagne. C'est, par exemple, comme
un lion furieux que dans sa première campagne il a porté la guerre dans les plaines qu'occupaient les
Blemmyes depuis Primis qui, selon tous les auteurs, leur servait de limite au midi, jusqu'à Telel qui sans
doute les bornait au nord du côté cle Philée, c'est-à-dire dans toute l'étendue de leur domination. Puis
c'est avec la vigueur de l'ours des montagnes qu'il est allé aussi ravager les terres des peuples qui habi-
taient au-dessus des Nobades.

Cette dernière mention surtout est curieuse. Il ne serait pas impossible qu'il s'agisse ici des Axu-
mites occupant les hauts plateaux du sud-est. En effet, il semble certain d'après le parallélisme du lion
et de l'ours que c'est bien à de vraies montagnes que nous avons affaire et non à un pays situé plus haut
sur les rives du Nil. Car l'ours n'est qu'un animal de montagnes et il n'y en a guère clans ces parages

* Voir sur ce titre rcgulus = BaaiÀia/.oç, qu'étaient obligés de prendre tous les rois "barbares soumis à la puissance romaine, le
Code Théodosien XXI, XII, V et ibid., livre IX De re militari. GODEPROID a parfaitement commenté ces textes dont le premier, adressé par
Valentinien et Valens au duc d'Egypte, est relatif aux legati gentilium envoyés par ces reguli, et il a cité parmi les reguli voisins de
l'Égypte ceux des Axumites, des Ilomerites et des Sarrasins, comme parmi ceux d'occident celui des Francs (conf. Ammien Marcel., liv. 3,
etc.). Mais nous savons que souvent le roi des Axumites usurpait ce titre de Baai/.Euç (appartenant à l'empereur seul).

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