Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue égyptologique — 4.1885

DOI Heft:
Nr. 3-4
DOI Artikel:
Revillout, Eugène: Une page de l'histoire de la Nubie, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0188

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Une page de l'histoiee de la Nubie.

171

Je m'arrête donc et nie borne à renvoyer pour tout ceci à mon Mémoire sur les Blemmyes.

Remarquons seulement que les populations de la Nubie furent aussi fidèles au christia-
nisme qu'elles l'avaient été au paganisme égyptien. Les monuments chrétiens de Nubie
abondent et nous savons par les auteurs arabes que les Nubiens, restés obstinément chrétiens ;

Philée d'abord, et comme premier acte'd'hostilité contre les Blemmyes païens avait fermé le temple d'Isis,
dont le maintien avait été garanti par l'ancien traité de paix, et en avait arraché les prêtres pour les en-
voyer en prison à Constantinople. En même temps Silco s'avançait par le midi. Les Blemmyes, se voyant
pris ainsi entre des forces supérieures, démoralisés d'ailleurs par les victoires que Silco seul avait déjà
remportées sur eux, n'osèrent pas même courir les chances d'un combat. Les hommes valides de leur race,
craignant d'être passés au fil de l'épée, ce qui était probable, se hâtèrent de quitter leurs habitations et
de s'enfuir dans les déserts en abandonnant aux vainqueurs leurs biens, leurs femmes et leurs enfants. A
partir de cette époque, ainsi que je l'ai déjà montré dans mon mémoire, le nom des Blemmyes disparaît de
l'histoire. Et, en effet, s'il faut en croire les savantes communications à nous faites par notre ami M. de Eoche-
moxteix qui a parcouru tout ce pays, la race blanche qu'il assimile aux Blemmyes et dont il nous a fait
voir de fort énergiques photographies, se trouva dès lors et se trouve encore séparée en deux groupes
assez distants l'un de l'autre et entre lesquels se trouvent d'autres races. Les chants populaires ont encore
trait à cette guerre dont Silco fut, avec Justinien, le véritable héros historique. C'est alors que Silco venant
pour la seconde fois à Talmis et à Taphis, mais alors avec les armées confédérées, rédigea son inscription.
Bien que Talmis ait été, dans le partage opéré par les vainqueurs, adjugé à ses alliés les Eomains, ceux-ci
permirent sans peine au roi nubien de conserver le souvenir de ses expéditions et de ses victoires et d'en
faire placer le récit dans le temple même de la capitale des Blemmyes transformé en église. Cette mesure
rentrait admirablement dans la politique de conciliation qu'ils avaient adoptée et dont l'inscription de
Dandour nous offre un bel exemple. On trouve de même jusque sur les pylônes du temple de Philée
d'autres inscriptions de la même époque qui attestent l'enthousiasme des confédérés nubiens à la chute du
paganisme et de la domination des Blemmyes, ainsi que leur bonne entente avec les autorités romaines.
Tels sont par exemple les nos 307, 308, 309, 310 de M. Lepsius contenant les noms de Nubiens qui ont
bien soin d'inscrire à côté des proscynèmes des prophètes d'Isis, Smet, Smetchem, etc., leur foi chrétienne
et leur nationalité. Tel est aussi ce cri de l'un d'entre eux o uraupoç evixt)<7ev, «la croix a vaincu!» qui
porte le n° 294. La place de l'inscription de Silco n'a donc rien qui doive nous étonner et c'est peut-
être elle qui nous explique en partie la réserve qu'il met dans les renseignements fournis par lui sur
sa seconde campagne. Il ne voulait sans doute pas irriter ses alliés en s'adjugeant un succès auquel ils avaient
largement coopéré.

Il ne serait pourtant pas impossible qu'il eut ajouté encore quelques détails de plus sur les derniers
événements. Car notre inscription paraît incomplète. Lbtkonne avait déjà fait cette remarque que j'ai re-
produite dans mon mémoire. Evidemment la stèle de Sileo était un ex-voto ayant pour but de rendre grâce
au «Dieu qui lui avait donné la victoire». Or, dans la partie qui nous est parvenue, nous ne trouvons ni
l'acte de consécration et d'offrande, ni la date des événements qui paraît cependant indispensable. Le
style même de la dernière phrase montre que nous sommes au milieu d'un récit. Je pense donc qu'il y
avait, à côté de cette première pierre, une seconde qui contenait la fin du texte et n'aura pu être retrouvée.
C'est à cette seconde pierre sans doute que renvoyaient les trois traits obliques, remplaçant le tiret moderne,
et que nous remarquons après les derniers mots Ta naio'.a autwv. Il est vrai que M. Lepsius a cru voir
dans les trois traits obliques une sorte de ponctuation «indiquant la fin». Mais je ne crois pas qu'on puisse
citer un seul texte à l'appui de cette théorie. On rencontre seulement le trait ou les traits obliques de ce
genre : 1° pour mettre en vedette les chiffres d'une date. Il se jdace alors le plus souvent après le chiffre
soit de l'an soit du quantième comme, par exemple, dans les nos 323, 324, 325, 326, 327, 328, 330, 332.
335, 336, 338, 340, 343, 345, 350, 356, 357, 358, 360, 361, 362, 364, 365, 366, 367, 368, 369, 370 de M. Lepsids;
2° comme marque d'abréviation soit dans la queue de la dernière lettre soit après la lettre comme, par
exemple, dans les nos 313, 329 de M. Lepsius et dans un grand nombre des inscriptions du présent recueil;
3° enfin, ainsi que nous l'avons dit, avec le même rôle que notre tiret moderne comme on peut le voir dans
les nos 372 et 373 de M. Lepsius, etc.

Nous avons dit plus haut qu'un peu après les événements que nous venons de raconter et les stèles
du pieux roi Silco et d'Eirpanome, son successeur, tous deux si dévoués à Justinien, la tranquillité paraît
avoir été troublée de nouveau, puisque l'on fut obligé de fortifier Philée, redevenu ville frontière après
l'abandon de l'exarchat de Talmis. Ces événements sont aussi parfaitement datés par une inscription grecque,
relative à cette construction du mur d'enceinte faite en l'an 577 sous le règne de Justinien II et avec la

22*
 
Annotationen