Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue égyptologique — 12.1907

DOI issue:
Nr, 4
DOI article:
Amélineau, Émile: Chronologie des rois de l'époque archai͏̈que, [1]: étude sur les divers systèmes proposés
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11501#0214
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
204 E. Amélineau. Chronologie des eois de l'époque archaïque.

Mais, comme je l'ai déjà dit plus haut, rien ne prouve, rien même ne donne à penser que
les bouchons au nom de Den trouvés en ce tombeau soient autres que les bouchons trouvés
dans la tombe réelle de Den, et la distance entre ces deux tombes n'est pas assez grande
pour faire douter qu'on ait pu transporter de l'une à l'autre des fragments de bouchons ou
même des bouchons entiers, c'est-à-dire des objets ou très petits ou ne nécessitant pas l'em-
ploi d'une grande force corporelle. Tous les autres objets trouvés sont dans le même cas :
aucun ne porte accouplés les deux noms de rois Den-Memeit comme il l'aurait fallu pour
étayer la théorie de M. Pétrie. Par conséquent, s'il a pu y avoir un roi nommé Memeit,
ce roi ne s'appelait pas Den de son nom d'épervier. De plus, comme tous les noms de rois,
sans la plus petite exception, sont des noms d'épervier, Memeit tout au plus serait un nom
d'épervier et non pas un nom de royauté. Or, on n'a encore jamais vu un roi ayant deux
noms d'épervier. Ces réflexions obvies, M. Pétrie pouvait les faire lui-même, s'il n'eut pas
été aussi pressé d'étonner le monde savant par la légèreté de ses identifications. Je dirai
même plus : la présence d'une stèle dans la tombe d'un roi ne prouve pas nécessairement
que le nom gravé sur cette stèle soit celui de l'habitant de la tombe : le culte funéraire
peut entrer en ligne de compte, témoin les cinq ou six stèles particulières trouvées dans la
tombe du roi Serpent par moi-même, un peu en avant des chambres nord où leur emplace-
ment me semble avoir été marquée par la couleur rouge qui distingue les petites niches
appelées à recevoir ces stèles, à mon avis. Mais je dois dire aussi que ces stèles ne ressem-
blaient en rien à la stèle de Memeit : c'étaient de petites stèles gravées sur la première
pierre calcaire venue, tandis que la stèle de Memeit, à en juger seulement par la photo-
graphie qu'en a publiée M. Pétrie, est une grande stèle arrondie par le sommet, comme la
stèle du roi Serpent. De plus, la fantaisie seule a fait prendre d'abord à M. Pétrie la tombe
sud plutôt que la tombe nord, pour revenir ensuite à une tombe sud, puis pour passer à
une tombe ouest. Il n'y a là aucune preuve, et M. Pétrie ne pouvait pas en donner, parce
qu'il n'y en a pas.

Les sceaux ne permettent pas plus que les stèles d'établir une chronologie entre les
tombes et là encore je prends M. Pétrie en flagrand délit d'inexactitude. A vrai dire, les
fragments de poteries sur lesquels il a lu le nom du roi Ka sont grossiers, mais en quoi
sont-ils plus grossiers que ceux que nous avons trouvés tous les deux du roi Mersekha? Et
d'ailleurs, pourquoi comparer ensemble des marques gravées sur des poteries et des sceaux
estampillés sur des bouchons en grès maintenu avec des fibres de palmier? Il était évidem-
ment plus facile d'imprimer un sceau sur de la terre argileuse, ou sur du grès compressé,
pourvu que le sceau fut gravé distinctement, que de tracer au couteau, vraisemblablement,
les caractères que l'on voulait tracer sur la terre des poteries, puis de faire cuire ces poteries,
sans qu'il y eût de bavures. Par conséquent arguer de la grossièreté des uns et de la plus
grande netteté des autres pour en déduire une chronologie ferme, c'est outrepasser ses droits
et ses pouvoirs. Les caractères qui se sont rencontrés donnent le nom du roi Ka ne sont
pas plus extraordinaires que ceux qui composent les noms des rois que j'ai numérotés 9,
10, 11, 12 et 13 dans la liste des pharaons préménites. Dès lors, pourquoi choisir l'un
comme préménite et écarter les autres? Il n'y a aucune raison à un pareil choix.

(La suite prochainement.)
 
Annotationen