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JACEK KOWALSKI
obu zamkami określić poprzez przymiotniki: romański gotycki. Archaicznej, mrocznej potędze starożytnego
hallu przeciwstawia się wirtuozeria jasnej, rozświetlonej konstrukcji nowomodnej sali. To zróżnicowanie nie
pokrywa się już z negatywną i pozytywną senefiance obu zamków, jest od nich raczej niezależne i, jak sądzę,
ma znaczenie przede wszystkim estetyczne. Jedno słowo więcej byłoby nadinterpretacją.
LES FANTAISIES ARCHITECTONIQUES DE CHRÉTIEN DE TROYES:
TROIS CHÂTEAUX DANS LE „CONTE DU GRAAL"
Résumé
Le thème du château, malgré s'il est déjà apparu dans les romans antiques, a commencé sa brillante carrière vingt ans plus
tard grâce au roman arthurien, introduit à la littérature française par Chrétien de Troyes. Il a introduit des changements presque
révolutionnaires dans la technique de la description. Il ne décrit aucun objet pour lui-même mais il les insère dans l'action du
roman. Ses protagonistes agissent à l'intérieur des châteaux décrits, ils les regardent, ils s'en approchent et s'en éloignent. Ils
déterminent aussi la façon dont la réalité est perçue; Chrétien de Troyes reste de ce point de vue le premier poète-psychologue
européen.
Les trois parmi les nombreux châteaux décrits dans le Conte du Graal se distinguent de façon très nette: l'un par la perfection
de sa forme, et les deux autres par leur caractère étrange et le volume de la description, tous les trois sont des lieux où se déroulent
les principaux événements du roman.
Le château de Gornemant de Goort. La description du château fort de Gornemant de Goort, étrangement détaillée, révèle
des murailles du château avec des tours aux quatre coins et avec un pont-lévis. Au milieu du château se tient une grande tour. Il
n'est question ni du palais, ni de la salle qui sont l'objet des descriptions traditionnelles. Le château de Gornemant est mentionné
plusieurs fois dans le roman. Les cinq tours - une grande et quatre petites - sont toujours trait distinctif du château. Les descriptions
que le poète a mis dans la bouche de son héros constituent en même temps l'éloge de Gornemant, présenté comme incarnation
des vertus chevaleresques, oubliées alors par le roi Arthur.
Si le schéma du bâtiment à plan centré n'a rien d'extraordinaire ni dans l'art ni dans la culture médiévale, la description du
château reste exceptionnelle. Sa symétrie et sa nature centrale peuvent être fruit de l'obéissance de l'auteur à la tendance très
répandue à l'époque de faire des descriptions des édifices symétriques, parfaits avec un milieu très marqué. Néanmoins nous
n'avons trouvé de pareille description du château ni dans les chansons de geste françaises ni dans les romans. Les résidences à
plan carré régulier - dont le château du Louvre - étant créées quelques dizaines d'années plus tard, il faut chercher d'autres
références. La description du plan symétrique - sauf sa signification symbolique (signe de la perfection de l'édifice reflétant la
perfection des vertus chevaleresques du propriétaire et le château-tour symbolisant le personnage de propriétaire) - renvoie
sûrement au nouveau type de donjon. Il s'agit des donjons qui ont précédé la création du donjon rond du début du XHIe siècle.
Le donjon de Provins, créé au milieu du Xlle siècle, est la meilleure illustration de cette solution. Il a été construit par Henri le
Libéral, époux de Marie de Champagne qui était le mécène de Chrétien de Troyes. Provins était un des endroits où le couple se
plut à séjourner. Il paraît donc clair que le poète cherchait à travers sa description à rendre hommage à sa protectrice et à son
époux: S'il n'a pas décrit le château de Provins même, il se réfère au nouveau type du donjon que ce château incarne parfaitement.
Le Château de Graal. La Château de Graal - désigné avec conséquence ,,maison", même s'il n'est pas dépourvu de murailles,
de fossé et de pont-lévis - de l'extérieur ressemble à un typique château du Xlle siècle où le donjon défensif accompagnait le
palais avec la salle principale et éventuellement avec des chambres contigUes. L'intérieur est apparemment une salle parfaitement
carrée, au sol dallé, dont l'entrée passe par la galerie extérieure. Dans les deux murs opposés de la salle il y a probablement deux
entrées conduisant à, au moins, deux pièces qui constituent les arrêts, initial et final, de la procession solennelle de Graal. Au
milieu se trouvaient quatres colonnes en bronze qui soutenaient un manteau de cheminée d'airain. Tout près du feu le maître de
la maison reposait dans un lit.
Cette disposition paraissait aux nombreux chercheurs plus typique pour une cuisine ou pour un chauffoir couventin que pour
l'intérieur d'une grande salle. Les discussions sur ce sujet ommettaient cependant le fait que les halls des châteaux anglais avaient
un feu au milieu. On sait aussi que ces halls anglais avaient souvent des rangs des supports qui les divisaient en trois nefs. L'idée
d'un hall avec un feu remontait aussi à la tradition nordique, plus ancienne mais toujours très vivante. Chrétien de Troyes pouvait
s'y référer de même qu'aux châteaux du type anglais et peut-être à la tradition des sagas irlandais. C'était peut-être une archaïsation
voulue. Il s'agissait sans doute de rendre la description plus étrange, de montrer un intérieur différent. Il s'agissait aussi de mettre
en valeur le contraste entre le Château de Graal et le Château des Merveilles.
Le Château des Merveilles. La description du Château des Merveilles - comme il en est pour la description du Château de
Graal - concerne l'intérieur et l'extérieur de l'édifice. Nous retrouvons d'abord la description de la vue panoramique du palais,
de ses cinq cents fenêtres avec des jeunes filles accoudées à elles et puis celle de la porte et du portail. A l'intérieur de la salle
Gauvain voit, des fenêtres peintes de différentes façons (il s'agit donc des vitraux) qui se trouvent plus haut. Elles sont si
transparentes qu'en y prenant garde on pouvait voir les gens traverser la porte du château. Le guide de Gauvain soutient que les
fenêtres en haut s'ouvrent sur les chambres situées à côté de la salle. C'est de là que les jeunes filles sans être vues peuvent
observer Gauvain. Selon cette disposition, en bas se trouveraient les appartements de la reine, plus haut - la salle et au-dessus
JACEK KOWALSKI
obu zamkami określić poprzez przymiotniki: romański gotycki. Archaicznej, mrocznej potędze starożytnego
hallu przeciwstawia się wirtuozeria jasnej, rozświetlonej konstrukcji nowomodnej sali. To zróżnicowanie nie
pokrywa się już z negatywną i pozytywną senefiance obu zamków, jest od nich raczej niezależne i, jak sądzę,
ma znaczenie przede wszystkim estetyczne. Jedno słowo więcej byłoby nadinterpretacją.
LES FANTAISIES ARCHITECTONIQUES DE CHRÉTIEN DE TROYES:
TROIS CHÂTEAUX DANS LE „CONTE DU GRAAL"
Résumé
Le thème du château, malgré s'il est déjà apparu dans les romans antiques, a commencé sa brillante carrière vingt ans plus
tard grâce au roman arthurien, introduit à la littérature française par Chrétien de Troyes. Il a introduit des changements presque
révolutionnaires dans la technique de la description. Il ne décrit aucun objet pour lui-même mais il les insère dans l'action du
roman. Ses protagonistes agissent à l'intérieur des châteaux décrits, ils les regardent, ils s'en approchent et s'en éloignent. Ils
déterminent aussi la façon dont la réalité est perçue; Chrétien de Troyes reste de ce point de vue le premier poète-psychologue
européen.
Les trois parmi les nombreux châteaux décrits dans le Conte du Graal se distinguent de façon très nette: l'un par la perfection
de sa forme, et les deux autres par leur caractère étrange et le volume de la description, tous les trois sont des lieux où se déroulent
les principaux événements du roman.
Le château de Gornemant de Goort. La description du château fort de Gornemant de Goort, étrangement détaillée, révèle
des murailles du château avec des tours aux quatre coins et avec un pont-lévis. Au milieu du château se tient une grande tour. Il
n'est question ni du palais, ni de la salle qui sont l'objet des descriptions traditionnelles. Le château de Gornemant est mentionné
plusieurs fois dans le roman. Les cinq tours - une grande et quatre petites - sont toujours trait distinctif du château. Les descriptions
que le poète a mis dans la bouche de son héros constituent en même temps l'éloge de Gornemant, présenté comme incarnation
des vertus chevaleresques, oubliées alors par le roi Arthur.
Si le schéma du bâtiment à plan centré n'a rien d'extraordinaire ni dans l'art ni dans la culture médiévale, la description du
château reste exceptionnelle. Sa symétrie et sa nature centrale peuvent être fruit de l'obéissance de l'auteur à la tendance très
répandue à l'époque de faire des descriptions des édifices symétriques, parfaits avec un milieu très marqué. Néanmoins nous
n'avons trouvé de pareille description du château ni dans les chansons de geste françaises ni dans les romans. Les résidences à
plan carré régulier - dont le château du Louvre - étant créées quelques dizaines d'années plus tard, il faut chercher d'autres
références. La description du plan symétrique - sauf sa signification symbolique (signe de la perfection de l'édifice reflétant la
perfection des vertus chevaleresques du propriétaire et le château-tour symbolisant le personnage de propriétaire) - renvoie
sûrement au nouveau type de donjon. Il s'agit des donjons qui ont précédé la création du donjon rond du début du XHIe siècle.
Le donjon de Provins, créé au milieu du Xlle siècle, est la meilleure illustration de cette solution. Il a été construit par Henri le
Libéral, époux de Marie de Champagne qui était le mécène de Chrétien de Troyes. Provins était un des endroits où le couple se
plut à séjourner. Il paraît donc clair que le poète cherchait à travers sa description à rendre hommage à sa protectrice et à son
époux: S'il n'a pas décrit le château de Provins même, il se réfère au nouveau type du donjon que ce château incarne parfaitement.
Le Château de Graal. La Château de Graal - désigné avec conséquence ,,maison", même s'il n'est pas dépourvu de murailles,
de fossé et de pont-lévis - de l'extérieur ressemble à un typique château du Xlle siècle où le donjon défensif accompagnait le
palais avec la salle principale et éventuellement avec des chambres contigUes. L'intérieur est apparemment une salle parfaitement
carrée, au sol dallé, dont l'entrée passe par la galerie extérieure. Dans les deux murs opposés de la salle il y a probablement deux
entrées conduisant à, au moins, deux pièces qui constituent les arrêts, initial et final, de la procession solennelle de Graal. Au
milieu se trouvaient quatres colonnes en bronze qui soutenaient un manteau de cheminée d'airain. Tout près du feu le maître de
la maison reposait dans un lit.
Cette disposition paraissait aux nombreux chercheurs plus typique pour une cuisine ou pour un chauffoir couventin que pour
l'intérieur d'une grande salle. Les discussions sur ce sujet ommettaient cependant le fait que les halls des châteaux anglais avaient
un feu au milieu. On sait aussi que ces halls anglais avaient souvent des rangs des supports qui les divisaient en trois nefs. L'idée
d'un hall avec un feu remontait aussi à la tradition nordique, plus ancienne mais toujours très vivante. Chrétien de Troyes pouvait
s'y référer de même qu'aux châteaux du type anglais et peut-être à la tradition des sagas irlandais. C'était peut-être une archaïsation
voulue. Il s'agissait sans doute de rendre la description plus étrange, de montrer un intérieur différent. Il s'agissait aussi de mettre
en valeur le contraste entre le Château de Graal et le Château des Merveilles.
Le Château des Merveilles. La description du Château des Merveilles - comme il en est pour la description du Château de
Graal - concerne l'intérieur et l'extérieur de l'édifice. Nous retrouvons d'abord la description de la vue panoramique du palais,
de ses cinq cents fenêtres avec des jeunes filles accoudées à elles et puis celle de la porte et du portail. A l'intérieur de la salle
Gauvain voit, des fenêtres peintes de différentes façons (il s'agit donc des vitraux) qui se trouvent plus haut. Elles sont si
transparentes qu'en y prenant garde on pouvait voir les gens traverser la porte du château. Le guide de Gauvain soutient que les
fenêtres en haut s'ouvrent sur les chambres situées à côté de la salle. C'est de là que les jeunes filles sans être vues peuvent
observer Gauvain. Selon cette disposition, en bas se trouveraient les appartements de la reine, plus haut - la salle et au-dessus