Rocznik Muzeum Narodowego w Warszawie (2.1957)

vues du Louvre au Musée Carnavalet à Paris, peintes vers 1639, lors du séjour du peintre dans la capitale de
France (fig. 9). Elles témoignent du talent de peintre de Verwer, mais elles sont difficilement comparables avec
les autres oeuvres du maître par la différence du sujet et l’éloignement d’au moins dix ans qui les séparent du tableau
de Varsovie, ce qui affaiblit même les ressemblances entre ces peintures. Les dessins de Verwer offrent plus
d’analogies avec le tableau de Varsovie (fig. 10 et 11), quoiqu’ils proviennent aussi des années ’30. Une semblable
manière de traiter les vues de la mer, des effets de lumière pareils, surtout les reflets sur l’eau, mais deux détails
avant tout y frappent. L’un — c’est la forme même des tableaux — un rectangle allongé — qui est aussi celle d’un
des tableaux parisiens et de la Bataille de la Zuydersee. L’autre — c’est la façon de fermer la composition par des
bâtiments à l’horizon, ce qui parait typique pour les marines de Verwer.

C’est Willis qui remarqua déjà que le changement survenu dans l’art de Verwer, passant de tableaux colo-
riés à des compositions monochromatiques, s’opéra sous l’influence de Porcellis. Il est à supposer que les pein-
tres firent connaissance, lors du séjour de Verwer à Amsterdam dans les années 1624—26. S’il en fut ainsi, il fau-
drait présumer que l’influence de Porcellis se manifesta chez Verwer bien avant le Combat de Slaak de 1634 et
ses dessins. Peut-on donc rattacher notre tableau à cette période inconnue de l’activité de Verwer? Celà parait
possible, tant à cause des analogies avec Porcellis, qu’à cause des différences. Le bateau qui figure à gauche
dans le tableau de Varsovie parait une réminiscence des oeuvres de jeunesse de Verwer, consacrant toute son
attention à la représentation de bateaux, comme dans les oeuvres de Vroom ou Antum. De même, la façon minu-
tieuse de traiter l’élément figuratif, le dessin détaillé des vagues et le ciselé de la silhouette de la ville trahissent
l’artiste qui ne s’est pas encore entièrement libéré de son ancienne manière.

Le tableau de Varsovie peut-il donc combler une lacune qui existe dans l’histoire des années décisives
pour le changement de l’art de Verwer?

Il me semble qu’il y a trois arguments qui permettent de ne pas rejeter cette éventualité : la date du tableau
proche de l’année 1620, sa ressemblance aux oeuvres de Porcellis, son analogie enfin avec le dessin de la collection
Bruce Ingram et avec d’autres dessins de Verwer.